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La conscience morale provient-elle de l'épreuve de la faute ?

Publié le 24/09/2005

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conscience
III- Problèmes.             Cependant l'idée d'une nature bonne de l'homme ne s'impose pas, nous pouvons faire l'économie d'une prise de position, lourde de conséquence, à cet égard. Il faut distinguer l'ordre logique de l'ordre chronologique ; dans Le normal et le pathologique au chapitre « Du social au vital » Canguilhem examine les mythes du paradis et de l'âge d'or, selon lui un jugement normatif ne peut naître que d'une infraction. L'auteur ne voit pas de contradiction à dire que « l'anormal, logiquement second est chronologiquement premier » ; autrement dit, de la faute peut naître la conscience morale sans que l'on ai à postuler que celle-ci existe antérieurement et ne soit que « réveillée », comme nous l'avons dit, par l'éducation. La distinction entre une origine, historique et contingente, et un fondement, rationnel et nécessaire, apparaît ici artificiel.             L'idée de faute ne présuppose pas le partage du bien et du mal ni aucun sens moral, bien plutôt la polarité du bien et du mal se forme en même temps que la faute est commise, c'est-à-dire ressentie comme telle. Dans Totem et tabou Freud expose la théorie, fictive, de la formation du double interdit parricide-inceste. Dans les sociétés primitives le chef de la tribu est en même temps le père, auquel appartiennent toutes les femmes ; or il arrive qu'un jour les fils se rebellent, décident de tuer le père pour posséder les femmes.             Or, une fois l'acte commis, ceux-ci ressentent de la culpabilité, sentiment duquel naît la double interdiction prononcée envers le parricide et l'inceste. On voit que cet exemple permet de relier la naissance d'un sens moral à l'épreuve d'une faute tout en s'abstenant de prendre position quant à la thèse, à notre sens trop idéaliste, d'une nature de l'homme qui serait bonne en soi.

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La notion de « conscience morale « est traditionnelle en philosophie. Elle désigne une forme de conscience que l'homme a – ou acquiert – sur le caractère moral de ses actes. Ce caractère moral peut être très diversement compris, par exemple comme une adéquation aux conventions morales dominantes, ou comme une adéquation à des lois naturelles qui auraient des incidences dans le domaine des conduites humaines.

Provenir, c'est tirer son origine de, découler de : la question ici porte bien sur les origines de l'existence de la conscience morale.

Le mot « épreuve « a un sens fort : il est, littéralement, ce qui éprouve l'individu, ce qui le contraint à une forme de test ou d'examen, ce qui le remet en cause.

Le mot « faute « a également un sens fort : une faute est une erreur morale et dont le sujet est entièrement responsable. Dans un contexte chrétien, on pourrait rapprocher la notion de faute de celle de péché : une faute est nécessairement grave, et il faut en répondre.  

La question est ici celle de l'origine de la conscience morale, le sujet orientant d'emblée cette question sur une réponse particulière et qui ne va pas de soi: l'origine de la conscience morale, c'est l'épreuve de la faute. La question demande donc à être résolue par un examen critique de cette réponse possible.

 

Comment penser l'origine de la conscience morale ? La formulation présuppose que la conscience morale n'advient pas à l'existence par elle-même, mais naît d'une certaine expérience, conçue comme une épreuve : celle de la faute. On se trouverait alors devant le paradoxe suivant : ce qui doit préserver de la faute naît de la faute elle-même, et n'advient en l'homme que lorsque ce dernier commet une transgression.

Mais ne pourrait-on pas concevoir plutôt une existence de la conscience morale indépendante de toute chose extérieure à elle-même ? Pourrait-on par exemple poser que l'homme possède d'emblée une conscience morale, et que c'est la faute qui se définit par rapport à la conscience morale et non l'inverse ? Considérer cela serait prendre sur la conscience morale un point de vue inverse de celui que présuppose le sujet.  

Le sujet ouvre donc deux perspectives opposées l'une à l'autre, qu'il faudra examiner toutes les deux afin de pouvoir les comparer et éventuellement trancher pour l'une ou l'autre.

conscience

« erronée.

En conséquence, encore que celui qui n'est pas assujetti à la loi civile commette une faute chaque fois qu'ilagit contre sa conscience (puisqu'il n'a pas d'autre règle à suivre que sa propre raison), il n'en va pas de même decelui qui vit dans une République, car la loi est alors la conscience publique, par laquelle il a antérieurement acceptéd'être guidé.

S'il n'en est pas ainsi, étant donné la diversité des consciences privées, qui ne sont rien d'autre quedes opinions privées, la République sera nécessairement divisée, et nul ne s'aventurera à obéir au pouvoir souverainau-delà de ce qui aura trouvé grâce à ses propres yeux.

» SECONDE CORRECTION Faire la genèse de la conscience morale implique que l'on porte une attention soutenue à l'épreuve de la faute ; eneffet la conscience morale ne saurait être innée, elle naît bien plutôt d'une éducation, nous verrons que ce n'estque lorsque la faute est caractérisée comme telle que la conscience morale est susceptible d'être éveillée.

Or, nousnous demanderons si un fait suffit à ce que l'homme se construise une conscience morale, celle-ci n'existe-t-ellepas en droit et de tout temps dans le sommeil de la raison humaine ? Auquel cas ne faudrait-il pas concéder l'idée d'une nature humaine bonne en soi ? I- La conscience morale naît d'une éducation. Le terme d' « épreuve de la faute » est ambigu : implique t-il que le sujet ai connaissance de la natureimmorale de son acte ? Oui si l'on s'en tient au langage : en effet l'idée même de faute est moralement connotée,autrement dit l'épreuve de la faute présuppose la connaissance de valeurs morales.

Aussi, à la lettre, il esttautologique voire paradoxale de dire que la conscience morale provient de l'épreuve de la faute puisque l'idée mêmede faute présuppose la conscience morale.

En fait il faut entendre par « épreuve de la faute » l'apprentissage que lesujet fait de la nature fautive de son acte.

C'est en tant que son acte, ou qu'un acte dont il a connaissance, estcaractérisé comme fautif, que des valeurs morales peuvent émerger dans son esprit. Il est impossible que sans éducation un acte soit compris comme fautif en soi, les valeurs morales sontcorrélatives d'un minimum de sens social, dans l'état de nature, même s'il s'agit du modèle fictif avancé parRousseau, les hommes n'ont pas de conscience morale parce qu'ils n'ont pas encore de rapports consensuels etorganisés mais seulement rythmés par le besoin.

Les valeurs morales varient d'une culture à l'autre, c'est bien lesigne de l'importance que tient la place de l'éducation dans leur élaboration.

Le sens moral d'un individu se construitau travers de rapports sociaux, à commencer par les rapports parentaux. Le très jeune enfant fait ainsi l'épreuve de la désapprobation ou de l'approbation de sa mère suivant saconduite, dès lors que sa mère lui signifie qu'il n'a plus le droit au sein il préfère y renoncer et donc renoncer par làmême au principe de plaisir plutôt que de risquer de perdre l'amour maternel.

Il est vraisemblable que l'idée de bienet de mal ne peuvent se développer que sur cette base affective et primaire, quelle que soit sa forme. II- Le sens moral est inné. Toutefois, on ne peut nier qu'il existe, en dépit de variations culturelles, une certaine hégémonie desvaleurs morales : le meurtre ou l'inceste sont deux interdits apparemment universaux.

On peut se demander sil'épreuve de la faute n'est pas seulement l'occasion du réveil de la conscience morale.

Peut-être que le jeune enfantne se construit pas réellement un sens moral, ne faut-il pas davantage penser que ce dernier se réveille en lui àl'occasion de l'épreuve de la faute ? Cela de la même manière que des facultés motrices et intellectuelles existentpour chacun de nous en droit mais doivent au départ être éduquées et ne le peuvent être qu'au contact du monde. L'éducation ne construirait pas à proprement parler l'idée de bien et de mal mais ne participerait qu'à faireémerger des valeurs que la raison humaine abrite en droit.

L'éducation permet d'actualiser un sens moral que chacunpossède de manière innée.

Si les valeurs morales n'étaient que sociales, construites et donc contingentes, ellesseraient aussi problématiques, c'est-à-dire indécidables et changeantes que des conventions sociales.

Certes lamorale n'est pas la même partout, toutefois les actes les plus radicaux, tels l'inceste et le parricide, sont partoutinterdits et sanctionnés. L'homme serait-il bon par nature ? L'hypothèse d'une bonté de la nature humaine permet en tout cas derendre compte de l'hégémonie de certaines valeurs morales et de la force de celle-ci, elles paraissent en effetimmanentes à la raison humaines et non pas imposées du dehors.

Cela ne nous empêche pas d'avoir un œil critiquesur l'éducation morale et d'étudier la manière dont un sens moral inné est infléchi par les valeurs culturelles,politiques et religieuses d'une époque. III- Problèmes. Cependant l'idée d'une nature bonne de l'homme ne s'impose pas, nous pouvons faire l'économie d'une prisede position, lourde de conséquence, à cet égard.

Il faut distinguer l'ordre logique de l'ordre chronologique ; dans Le normal et le pathologique au chapitre « Du social au vital » Canguilhem examine les mythes du paradis et de l'âge d'or, selon lui un jugement normatif ne peut naître que d'une infraction.

L'auteur ne voit pas de contradiction à direque « l'anormal, logiquement second est chronologiquement premier » ; autrement dit, de la faute peut naître laconscience morale sans que l'on ai à postuler que celle-ci existe antérieurement et ne soit que « réveillée », commenous l'avons dit, par l'éducation.

La distinction entre une origine, historique et contingente, et un fondement,. »

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