La conscience m'isole-t-elle du monde ?
Publié le 24/09/2005
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Ainsi, elle instaure une hiérarchie entre la nature de la conscience et celle du monde : la nature de la conscience est nécessaire, celle du monde est contingente. Ce qui signifie que même sans l'existence du monde, la structure de la conscience resterait inchangée. Le fondement de la conscience est donc indépendant du monde environnant. -les Stoïciens : cette possibilité d'abstraction de la conscience, opposant son mode d'être à celui du monde, les Stoïciens, Cicéron par exemple, la mettent à profit pour penser une liberté inconditionnée de la conscience par rapport au cours des évènements. La conscience possède une indépendance irréductible face au destin : elle ne peut le changer bien sûr, le cours des choses et le cours de la conscience étant de natures différentes. Mais elle peut choisir son attitude face à lui : s'y opposer, y consentir, l'ignorer... Le pouvoir d'abstraction de la conscience fonde donc la liberté morale de l'homme.
III La séparation comme activité de la conscience, vers une communauté avec le monde : Bergson et Nietzsche
-Bergson : la conscience est une activité psychologique de sélection et de déformation de la nature du monde. La conscience pense le monde de façon rigidifiée et spatiale, instaurant ainsi une pseudo-distance entre elle-même et ce monde, permettant ainsi une illusion de séparation entre les deux (La pensée et le mouvant). Mais pour Bergson, la conscience n'a pour fonction que de réactualiser la dynamique psychique inconsciente, laquelle est directement en prise avec le monde : la conscience ne prétend se séparer du monde que pour finalement mieux s'y inscrire.
De manière spontanée, la conscience nous donne un monde, nous permet l'accès à celui-ci, nous manifestant comme pris dans ce monde de manière naturelle, immédiate. Et pourtant, la nature psychologique même de la conscience indique bien une différence de nature possible avec le monde, que traduisent nos possibilités d'introspection, de réflexion, qui appréhendent le monde sans pour autant s'y impliquer de façon matérielle. Dès lors, comment articuler ce sentiment d'appartenance au monde que fournit la conscience à cette nature qui apparaît comme différente de la matérialité du monde ? Serait-ce que la séparation est le mode même de relation que la conscience installe entre le sujet et son monde ?
«
Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.
Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».
Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.
Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.
Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.
Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.
Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.
Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.
Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.
Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ». Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centralesdu sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.
Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.
Les questions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont lesplus brûlantes à notre époque malheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens detoute existence humaine. » L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.
Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.
Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours. II Abstraction possible de la conscience par rapport au monde : Husserl encore et les Stoïciens -Husserl : cependant, la relation qu'instaure la conscience au monde doit être elle-même interrogée.
Ainsi, elleinstaure une hiérarchie entre la nature de la conscience et celle du monde : la nature de la conscience estnécessaire, celle du monde est contingente.
Ce qui signifie que même sans l'existence du monde, la structure de laconscience resterait inchangée.
Le fondement de la conscience est donc indépendant du monde environnant.
-les Stoïciens : cette possibilité d'abstraction de la conscience, opposant son mode d'être à celui du monde, lesStoïciens, Cicéron par exemple, la mettent à profit pour penser une liberté inconditionnée de la conscience parrapport au cours des évènements.
La conscience possède une indépendance irréductible face au destin : elle nepeut le changer bien sûr, le cours des choses et le cours de la conscience étant de natures différentes.
Mais ellepeut choisir son attitude face à lui : s'y opposer, y consentir, l'ignorer...
Le pouvoir d'abstraction de la consciencefonde donc la liberté morale de l'homme.
La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver résidestrictement dans notre propre volonté.
Nul autre que soi n'est maître de cequi nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des chosessur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.
Lesobstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandisqu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peutagir.
Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celuides autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nousempêcher de faire.
Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur,chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-mêmeet en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons del'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.
Nul ne nousoblige à croire ce quel'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenonsdépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissonspar donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.
Enfin, à l'égard desopinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nospropres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui estrequise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer entemps voulu.
Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté.
III La séparation comme activité de la conscience, vers une communauté avec le monde : Bergson etNietzsche -Bergson : la conscience est une activité psychologique de sélection et de déformation de la nature du monde.
Laconscience pense le monde de façon rigidifiée et spatiale, instaurant ainsi une pseudo-distance entre elle-même etce monde, permettant ainsi une illusion de séparation entre les deux ( La pensée et le mouvant ).
Mais pour Bergson,.
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