La conscience maîtrise-t-elle toutes les pensées ?
Publié le 27/02/2008
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donc une activité qui vise les choses et c'est en ce sens qu'elle peut donner naissance à la pensée.
Mais alors pourla phénoménologie, l'activité de la conscience se confondrait avec l'activité de la pensée.
On peut donc finalementsoutenir que la conscience, c'est la même chose que la pensée à partir de l'idée selon laquelle avoir conscience dequelque chose n'est rien d'autre que penser à cette chose de telle ou telle manière.
Ce qui permet de dire que touteconscience est intentionnellement conscience de quelque chose et qu'en tant que pensée, elle n'est rien d'autrequ'une pure activité 3.
La conscience dirige l'activité du penser et donne naissance à la responsabilité- Pourtant l'étymologie du terme penser renvoie à l'activité de juger( pensare ) ou de peser( pendere ).
Cela semble indiquer une activité destinée à réfléchir, à prendre connaissance du monde et à le comprendre, à le juger.
Ainsi,pour Kant, on doit réserver le mot penser à la désignation des facultés qui rendent possible la connaissanceélaborée.
Il le définit comme « connaître par concepts et juger.
» Quand on dit à quelqu'un en réponse à unedemande, « laisse moi y penser », cela veut dire « laisse moi réfléchir et me faire une opinion.
»D'ailleurs, il existe une science qui règle pour Kant l'enchaînement et lois de la pensée, pour bien penser justement :la logique.
Celle-ci détermine comment construire sa pensée.
Pris dans ce sens, il semble bien que ce soit laconscience qui détermine les pensées, qui crée l'activité même du penser et dirige son action par des règles.Pensons d'ailleurs à la méthode cartésienne développée dans Règles pour la direction de l'esprit qui donne la méthode à suivre dans l'enchaînement de penser pour arriver au vrai et rejeter toutes les invraisemblances.- On peut en effet dire par exemple qu'il nous arrive de temps en temps d'avoir des mauvaises pensées.
Je peux parexemple, avoir une pensée de voler un article dans un magasin.
Il s'agit de savoir dans ce cas là si je peux maîtrisercette pensée.
Or, il semble bien que la conscience me permet de repousser cette idée, sinon la liberté même del'homme serait menacée.
L'homme peut donc par la conscience contrôler la pensée.
D'ailleurs beaucoup dephilosophie ont pour but de développer le contrôle de la conscience sur la pensée.
Ainsi, par exemple, les stoïciensvisaient à permettre à l'individu d'éduquer sa pensée pour que celle-ci s'accorde avec l'ordre du monde.
Sans cettepossibilité d'influer sur ses pensées, le concept de responsabilité ne pourrait en effet pas exister.
Pourtant, dire que la conscience s'identifie à la pensée et donc maîtrise la pensée, c'est avouer que nous dominonstoujours nos pensées et que nous en sommes toujours à l'origine.
Est-ce vraiment le cas.
La pensée est indépendante de la conscience 1.
La pensée s'impose à notre conscienceDescartes lui-même reconnaît à un moment de son œuvre que la pensée peut se rendre maître de notre conscienceet rester dans celle-ci sans que nous le voulions vraiment.
Il écrit dans la première des Méditations métaphysiques qui a trait à la mémoire que « «ces anciennes et ordinaires opinions me reviennent encore souvent en la pensée, lelong et familier usage qu'elles ont eu avec moi leur donnant droit d'occuper mon esprit contre mon gré, et de serendre presque maîtresses de ma créance.
» Si des pensées anciennes peuvent occuper ma conscience, cela veutdire que ma pensée claire peut être perturbée par des autres pensées qui ne sont actuellement pas les miennes.Mais d'où viennent alors ces pensées ? pour Descartes, elles viennent du corps qui trouble parfois l'activité de laconscience.
Cela signifierait alors que toutes pensées ne viennent pas de la conscience et que leur origine estautre.
C'est en tout cas ce que dira Nietzsche en voulant critiquer le cogito cartésien.
Pour lui, en effet, il n'estabsolument pas évident que le « je pense, je suis » soit vrai.
Il faut pour cela présupposer un « je » unique, desjeux de langage qui ne sont pas évidents et clairs.
Il soutient alors que la pensée a une vie indépendamment del'activité de la conscience et que cette dernière ne contrôle absolument rien.
En effet, il affirme dans Par-delà le bien et le mal qu' « une pensée ne vient que quand elle veut, et non quand c'est moi qui veux.[…] Quelque chose pense, mais croire que ce quelque chose est l'antique et fameux moi, c'est une pure supposition.
» Nietzsche va donc jusqu'à postuler qu'il existe une pensée inconsciente, mettant en causela prétention du sujet à la maîtriser.
Il déclare par suite que la conscience aété l'objet d'une surestimation illusoire et ne caractérise absolument pas lamajeure partie de la vie humaine.
2.
les pensées peuvent influer sur notre conscience et sur notrecomportementpossibilité paradoxale, celle de pensées que nous n'apercevons pas.
Il écritainsi : « En un mot, c'est une grande source d'erreurs de croire qu'il n'y aaucun perception dans l'âme que celle dont elle s'aperçoit.
» voici desperceptions que nous n'apercevons pas.
Or percevoir, c'est une des modalitésde la conscience : donc il y aurait de la conscience dont nous n'aurions pasconscience, de la conscience qui, en quelque sorte travaillerait dans notredos.
Ce sont, dit encore Leibniz, des « perceptions insensibles » que « je nem'aperçois pas » et qui pourtant me décide à aller dans une telle direction ouà faire tel mouvement.
Il ne s'agit plus ici de mouvements corporels mais biende sensations quasiment « inconscientes », trop faibles pour parvenir à laconscience et qui pourtant influent sur nos pensées et notre activitéconsciente.
De même quand nous passons d'une idée à une autre sans lienclair (« une idée me passe par la tête »), c'est tout simplement parce quen'apercevons les multiples pensées imperceptibles qui font la transition entre.
»
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