La conscience et l’Inconscient Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
Publié le 27/11/2022
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La conscience et l’Inconscient
Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
Remarques préliminaires :
(Nous mettons une majuscule à Inconscient puisqu’il s’agit de la notion freudienne).
(Habituellement, dans les dissertations, on n’emploie pas le « je » sauf lorsque le sujet traite de la
conscience)
Introduction
Le terme conscience vient du latin « cum » (= avec) et « scientia » (= savoir, science).
Dans le latin
antique, la conscience est une faculté morale qui permettrait de distinguer le bien du mal, à la
manière d’un juge qui s’impose à nous (avoir mauvaise conscience d’avoir commis un péché).
Ici, le terme conscience dérive d’une traduction d’un texte de Locke (XVII ème siècle).
Coste, le
traducteur, cherche un mot qui servirait à traduire un concept du philosophe.
Ainsi, il ajoute un
nouveau sens au mot conscience, devenant la faculté psychologique de se représenter la réalité,
mais aussi de se représenter soi-même (conscience réflexive ou réfléchie).
Il se trouve donc que, même si Descartes traite d’« âme » ou d’« esprit », il s’agit du même sens
que celui attribué à « conscience ».
La question de la conscience comme représentation de soi est bien plus ancienne que ce terme.
Par exemple, Socrate cite un précepte qui se trouvait sur le fronton d’un temple à Delphes : «
Connais-toi toi-même », sous-entendu il est facile de se tromper sur soi.
Pendant très longtemps,
les interprètes ont rapporté cette expression comme la conscience de soi mais il est possible
qu’elle ait un autre sens car cette citation se trouvant sur un temple, elle pourrait aussi dire : «
sache qui tu es, tu n’es qu’un homme par rapport aux dieux ».
Peu importe le sens, le fait de chercher à se connaître importe le fait que cette connaissance est
difficile.
Se connaître est en effet compliqué car nous manquons d’objectivité et il n’est pas certain
qu’autrui puisse nous connaître car cette personne manque d’informations et n’a pas accès à nos
intentions.
La seule chose qui nous permette de connaître autrui est son comportement, marqué
par le langage et les agissements physiques.
Or, c’est notre perception et notre interprétation
personnelle des comportements qui nous conduit à connaître l’autre.
C’est donc par rapport à soi
que nous pouvons connaître l’autre, et ainsi par rapport à l’autre qu’on peut se connaître soi, ce
qui rend l’entreprise particulièrement délicate.
La thèse de Freud (XIX-XXème siècle) est la suivante : pour connaître ce que nous sommes, nous
devons passer par autrui.
Cependant, le psychanalyste introduit un nouveau terme, l’Inconscient.
Il faut pouvoir distinguer l’adjectif du nom commun :
être inconscient (adjectif), c’est ne pas savoir (ne pas reconnaître un danger).
avec Freud, il existe un Inconscient, qui serait une entité psychique qui contrôlerait
la conscience.
La conscience et l’Inconscient
En prenant l’exemple d’un iceberg (10% submergé, 90% immergé), la conscience représenterait les
10% visibles alors que l’Inconscient serait bien plus massif, et porterait la conscience.
On distingue plusieurs domaines autour du cerveau :
Psychiatrie = faculté de médecine, bac +11, médecins qui peuvent prescrire des médicaments) .
Psychologie = faculté de psychologie, bac +5, formation sur le cerveau, maîtrise des thérapies nonmédicamenteuses.
Psychanalyse = une méthode thérapeutique parmi d’autres, mais c’est aussi une théorie
scientifique ou pseudo-scientifique qui porte sur le psychisme humain.
I- En quoi la conscience de soi répond-t-elle aux critères d’une
connaissance certaine ?
A- La découverte du sujet pensant
Chez Descartes, les questions de la démonstration, la perception, le rêve, la réalité et la folie
montrent un manque de fiabilité sur les connaissances acquises par l’homme.
Il en vient à douter
de l’existence de son corps, des autres et du monde.
La découverte de Descartes est que dans ce
doute radical et méthodique apparaît une première certitude : le fait de douter, c’est penser et
penser, c’est l’expérience de notre existence.
Au IV-Vème siècle après J-C, Saint-Augustin écrit « Si fallor, sum » (« si je me trompe, je suis »).
Nous retrouvons cette idée dans un ou deux textes, sous la forme d’un détail.
Quand bien même
l’essentiel de ce précepte existait donc déjà, Descartes, qui prétend ne pas connaître cette
référence, est novateur car il fait de cette idée la preuve de l’existence de la conscience.
Il en fait la
première vérité indubitable, première car il y en aura d’autres.
(Le donc de « Je pense donc je suis » est problématique et a été supprimé par Descartes
postérieurement : le « donc » n’introduit pas une conséquence.
La pensée ne cause pas
l’existence,c’est l’inverse : l’existence est révélée par la pensée).
B- La réflexion du sujet sur lui-même : « Que suis-je »
Dans Les Méditations métaphysiques, Descartes reprend les thématiques du Discours de la
méthode, dont celle du « cogito » et s’interroge sur ce qu’il est :
« Mais qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense (« res cogitans »).
C’est-à-dire une chose
qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent
» (Les Méditations métaphysiques, Descartes).
Descartes commence par le verbe douter parce que c’est grâce au doute qu’il découvre ces
vérités : le doute radical est le fondement de tout.
Il utilise ensuite concevoir, soit la production des
La conscience et l’Inconscient
idées et des projections mentales.
Affirmer et nier renvoient tous deux à la faculté de juger (selon
la logique d’Aristote), c’est-à-dire que dans l’affirmation et la négation, on associe les idées conçues
auparavant.
Vouloir et ne pas vouloir évoquent donc à la volonté et ainsi à l’action, rendue possible
par le corps.
Imaginer fait appel à la faculté d’imaginer où image signifie en latin « imiter » et est
une représentation de la réalité concrète, matérielle.
Enfin, sentir désigne les perceptions, les
sensations.
De ce fait, le propos de Descartes va du plus abstrait au plus proche possible du corps, si tant est
qu’il existe puisqu’il ne l’a pas encore démontré à ce stade.
Un des moments les plus délicats pour
Descartes va être de démontrer l’existence du monde et des autres êtres pensants.
« La pensée est définie comme tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevions
immédiatement par nous-mêmes » (Principe de la philosophie, Descartes).
La pensée, c’est donc savoir avoir des idées.
Cela évoque la notion de clarté, d’immédiateté, de
pleine conscience (l’idéal de la pensée est la clarté).
Le verbe apercevoir au XVIIème siècle signifie
« prendre conscience de ».
On associe donc la conscience de soi à celle de l’objet.
Sartre (XXème siècle) parlera de conscience thétique de soi (= se prendre comme objet de
conscience) et de conscience non thétique de soi (= prendre conscience qu’on observe le monde).
Ce que dit Descartes a une conséquence : comme il définit l’être humain par sa pensée, il ne peut
jamais cesser de penser.
Cela pose donc la question du rêve mais aussi de la faculté de penser du
fœtus avant naissance.
(Stanislas Dehaene au collège de France travaille sur les ondes pour savoir si les comateux ont
conscience ou non).
C- Les critères de la connaissance vraie selon Descartes
Descartes ne cherche pas à découvrir une nouvelle définition de la vérité.
En revanche, il cherche
les critères qui permettent de distinguer le vrai du faux.
Il trouve alors ces critères en étudiant les
premières vérités qu’il a trouvées.
La certitude est liée à ce qu’il appelle l’« évidence claire et distincte ».
Selon Descartes, les
premières vérités qu’il a démontrés relèvent de ce concept-là.
Le terme « évidence » a le même radical que « video » (= je vois).
Une évidence est quelque chose
qui est visible à l’esprit.
On pourrait parler aussi d’intuition.
Par ailleurs, le terme idée vient du grec et a le même radical que « video ».
Dans la pensée
grecque, latine et française, on se représente la conscience comme une vision.
Chez Descartes, le « clair » est ce qui est présent à un esprit attentif.
« distinct » s’oppose à « confus ».
Ce que souhaite dire Descartes, c’est qu’une idée claire et
distinct, c’est quand on ne confond pas les caractéristiques pour chaque classe d’objet : tel objet a
telles propriétés.
Cela implique donc la définition des caractéristiques de chaque objet.
Définir est
donc fondamental dans la construction du raisonnement mais la précision de la définition
La conscience et l’Inconscient
appartient, au sens propre, aux mathématiciens et aux physiciens : les raisonnements en
philosophie sont doc plus fragiles.
Si l’idéal de Descartes est la clarté, il sait que parfois nos idées ne sont pas claires et distinctes.
L’un
des motifs à ce phénomène est l’action du corps sur la pensée.
Le corps peut être source de
confusion.
Il explique alors, par l’exemple de la douleur, qu’une pensée claire peut être distincte ou
bien confuse.
Freud explique que la clarté cartésienne n’est pas une science exacte car ?
II- La conscience n’est-elle pas nécessairement victime d’illusions sur
elle-même ?
A- Qu’est-ce qu’une illusion ?
Il faut distinguer les opposés de la vérité: l’ignorance (on ne sait pas, et la pire ignorance intervient
lorsque l’on ignore qu’on ignore, c’est-à-dire quand don croit savoir), l’erreur (involontaire), le
mensonge (volontaire) et l’illusion.
Illusion vient du latin « illudere », avec le radical « lud » qui a donné ludique.
L’illusion, c’est quand
on est le jouet, la victime de forces qui nous dépassent.
Il y a les illusions de la perception, c’est-à-dire qu’on perçoit quelque chose qui n’est pas conforme
à la réalité et on ne peut pas rectifier la perception ; et puis les illusions d’ordre psychologique.
Freud y voit là une trace du désir : les illusions dérivent des souhaits humains.
Le psychanalyste prend alors l’exemple de Christophe Colomb : il est tellement dans le désir
d’arriver aux Indes que lorsqu’il atteindra un rivage, il déclarera qu’il s’agit des Indes, alors qu’il se
trouve aux Caraïbes.
Il est alors dans l’illusion.
Cependant, quand bien même il serait arrivé à
destination, il aurait tout de même été dans l’illusion car il aurait été tant guidé par le désir de sa
destination qu’il n’aurait pas eu la faculté de discerner le vrai du faux et s’il était bien arrivé aux
Indes.
B- L’Inconscient selon Freud
A l’origine, Freud est un médecin qui s’occupe de neurologie et de psychiatrie.
Il travaille à Paris,
accompagné de Charcot.
Tous deux étudient l’hystérie.
Provenant de « utérus », le lieu commun
admis à l’époque était le fait que cette maladie était exclusivement féminine.
Freud et Charcot
cherchent alors à réfuter cette information.
Pour Charcot, « l’hystérie est un ensemble de troubles psychiques qui prennent l’apparence
d’affections organiques sans lésions organiques décelables ».
Freud dans un premier temps utilise l’hypnose pour essayer de comprendre les traumatismes
psychologiques qui aboutissent à l’hystérie et ses formes comme la paralysie
Cependant, l’hypnose n’est pas une solution qui permettrait l’étude de l’hystérie car d’une part,
quand l’hypnose marche, on observe une atténuation des symptômes sur un court terme et,
d’autre part, tous les patients ne sont pas réceptifs.
La conscience et l’Inconscient
C’est pourquoi, il utilise une nouvelle méthode : la libre-association.
Elle consiste en une
consultation sur divan lors de laquelle le patient n’est pas en face du psychanalyste : la réaction du
psychanalyste n’influe pas sur le patient et la consultation se fait sans aucune censure.
Freud se rend compte, déjà avec l’hypnose, que l’origine des symptômes psycho-pathologiques est
souvent liée à l’enfance avec souvent des traumatismes d’ordre sexuel.
Ce qu’il essaye de
déterminer, c’est la force des traumatismes.
La cure de Freud est constituée de deux phénomènes : le transfert et la résistance :
-
La charge affective, dans la relation de l’enfant par rapport aux parents, va être
transférée dans le psychanalyste : ce dernier va, pendant la cure, jouer le rôle de
père ou de mère de substitution.
Cela s’explique par une dépendance affective très
forte.
En transférant sa charge affective, le patient y inclut également ses conflits, ce
qui peut donner lieu à de l’agressivité.
-
Le deuxième phénomène qui apparaît dans la cure de Freud est la résistance : plus
le patient progresse dans la résolution du problème, plus il résiste et a tendance à
s’arrêter avant la résolution.
Il interprète cela comme une défense de l’Inconscient
face à cette procédure.
Comment se constitue l’Inconscient ?
Selon Freud, l’activité de l’être humain st liée à ce qu’il appelle des « pulsions », souvent d’origine
somatique (= le corps).
Le psychisme de l’être humain a donc comme fonction principal de
satisfaire ces pulsions (pulsion de faim → notre système psychique va chercher à nous faire
manger).
La pulsion principale freudienne est la libido, c’est-à-dire l’énergie sexuelle.
Pour Freud, c’est le
moteur de l’être humain.
Le développement de l’Inconscient serait le développement de
l’affectivité, ou plus exactement de la sexualité.
L’être humain va passer par différents stades, ce
qui va aboutir à l’organisation psychique.
La sexualité, pour Freud, est forcément liée au corps et, en réalité, aux muqueuses, bien plus
innervées.
L’excitation de ces muqueuses provoque l’excitation sexuelle.
D’après lui, la sexualité apparaît dès la naissance avec comme premier stade, le stade oral, qui se
décline entre primitif et secondaire :
-
Le stade oral primitif est lié au plaisir du nourrisson qui se trouve au niveau de la
bouche dans le fait de téter.
Dans ses....
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