La conscience est-elle une connaissance de soi ?
Publié le 09/04/2005
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2.
Mais c'est confondre le fait et l'essence, et même supposer que le soi est une essence.
· Comme le remarque Malebranche : "le sentiment intérieur que j'ai de moi-même m'apprend que je suis, que je pense, que je veux, que je souffre (...) mais il ne me fait point connaître ce que je suis, lanature de ma pensée" Entretiens sur la métaphysique et la religion III.
Il faut donc distinguer la connaissance du "fait" de mon existence (la conscience) et la connaissance de mon "essence" (ce qui estproprement la connaissance).
De ce point de vue donc, même si c'est le même soi qui est considéré, celaserait par deux modalités différentes.
Dans un cas (le sentiment) connaissance confuse, dans l'autre,connaissance claire (c'est à dire par des idées) : exemple du musicien qui peut saisir les accords des sonspar sentiment, mais il ne les connaît pas par idée comme le physicien qui leur fait correspondre des rapportsmesurables. · De plus, si on s'intéresse à l'essence du soi, alors on le détermine comme conscience.
Or la conscience n'est pas un objet (donc pas objet possible de connaissance) : Sartre Situations I : la conscience "n'est rien que le dehors d'elle-même" : ce qui veut dire que quand on veut la saisir, on saisittoujours un objet qu'elle contient (ce qu'on appelle son "contenu intentionnel" : ce que la conscience vise,par exemple la fleur que je perçois) mais jamais elle-même.
Cet objet est "au dehors" au sens où laconscience porte toujours sur un monde qui est en face d'elle.
La conscience n'est donc pas une essencemais une existence (c'est à dire une liberté : voir la question du rapport essence / existence dansl'Existentialisme est-il un humanisme ? ). Husserl disait avant Sartre: Toute conscience est conscience de quelque chose.
Tout état de conscience en général est, en lui-même,conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle decet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitudetranscendantale qui est mienne, de la position de cette existence etde tous les actes de l'attitude naturelleC'est ce que Husserl appelle aussi l'intentionnalité, car au fond il n'y apas de «je pense» qui ne soit en même temps je pense un quelquechose, c'est-à-dire un objet pensé, un cogitatum.Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularitéfoncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelquechose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même.Et s'il n'y a de conscience que de conscience de quelque chose, demême il n'y a d'objet que pour une conscience, non pas que maconscience crée l'objet en le visant (intentionnalité, conscience de),mais parce que cet objet n'a de sens que le sens que je lui donne enle pensant. · Si, par ailleurs, on supposait que le soi est un corps et qu'à ce titre il serait connaissable (par les lois de la physiologie) alors leproblème serait inversé : on a connaissance de soi (des lois de son corps) mais pas conscience de soi (àaucun moment on ne peut saisir immédiatement l'état de son corps). Transition : cela implique que le soi est quelque chose de problématique.
Il convient donc de reprendre l'analyse de ce "soi".
3.
La conscience de soi et la connaissance de soi ne peuvent donc signifier la même chose : - En réalité, ce que l'on nomme "soi" n'est pas l'objet possible de connaissance car comme la remarqué Kant(Critique de la Raison pure ), si le soi est est le moi comme "sujet transcendantal des représentations", il est condition d'apparition des phénomènes (= ce sans quoi rien ne m'apparaîtrait) et n'est donc pas lui-même unphénomène (phénomène = ce qui est donné à la conscience).
Autrement dit : le soi (appelé "sujet transcendantalpar Kant) rend possible la conscience (avoir conscience = unifier une diversité donnée pour les rapporter à un moi :c'est par le "moi" que la conscience a une certaine unité, sans quoi chaque nouvelle perception ne serait pas liée àla suivante ni aux précédentes).
Et dès lors, on ne peut en avoir une connaissance car cela supposerait qu'elle mesoit donnée comme un phénomène qu'en réalité elle rend possible mais qu'elle n'est pas (à aucun moment dans mavie intérieur je perçois ma conscience : ma conscience, je sais que j'en ai une en percevant d'autres choses.
Lecontenu de la conscience n'est jamais la conscience elle-même)..
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