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La conscience est-elle un privilège ?

Publié le 08/12/2022

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« Dissertation de philosophie : La conscience est-elle un privilège ? À travers la bible, la pensée religieuse interprète la conscience comme un privilège, car elle nous aurait été donnée par Dieu en nous créant à son image.

Les autres êtres vivants en seraient donc dénués, et il s’agirait d’un privilège qui nous revient. Qui dit privilège dit monopole exclusif, sorte de pouvoir qui serait donné par la nature à certains, mais pas à tous, et qui permettrait de distinguer des individus de la condition commune.

Étymologiquement, la conscience vient du mot latin « cum » (avec) et « scientia » (savoir).

On admet volontiers qu’avoir conscience de nous-même ou de ce qu’on fait revient à posséder une connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur, nous permettant d’avoir une représentation claire de l'existence et de la réalité.

Pour autant est-ce que la conscience est un privilège qui nous différencie des animaux ? En sont-ils dénués ? Quel pouvoir nous donne-t-elle ? Est-ce-que l’inconscience est un mal pour autant ? Est-ce que la pleine conscience peut nous desservir et l’inconscience nous sauver ? Dès lors, le problème est de savoir si la conscience est un privilège inné réservé à l’homme et qui le définit par essence ? A contrario, l’inconscience n’est-elle pas autant légitime et nécessaire à la condition humaine ? Ainsi conviendrait-il dans un premier temps de montrer en quoi la conscience est la qualité intrinsèque qui distingue le genre humain, notamment par rapport aux animaux, et qui lui donne de la valeur.

Il faut toutefois nuancer, car il y a différents niveaux de conscience.

Nous est-elle donnée par nature ou s’acquiert-elle et se développe-t-elle grâce à la culture, l’éducation, l’expérience ? Dans un second temps, nous verrons que si la conscience est intrinsèque à l’homme, l’inconscience l’est tout autant et absolument nécessaire à la condition humaine.

De plus, un trop de plein de conscience peut conduire à des situations tragiques. A l’instar du rire qui semble être le propre de l’homme selon Bergson, la conscience de soi apparaît comme singularisant l’être humain et lui donne toute sa valeur.

La conscience est ce qui permet à l’homme de voir comme s’il était extérieur à lui-même, lui donnant le sentiment d’exister.

Elle nous distingue des objets, des choses inanimées et du monde végétal, qui par essence n’ont pas de conscience.

Mais également d’autres êtres vivants comme les animaux qui réagissent seulement à un stimulus émotionnel.

L’homme est le seul animal capable de se penser lui-même : douée de raison, capable de poser des actes libres, capable de parole.

Tandis que les animaux vivent une vie organique, abandonnée à la seule impulsion de l’instinct et des lois naturelles.

Selon Alain, les animaux n’ont point de passions.

Il en déduit donc que l’animal : « n’a point conscience.

».

Ce privilège donné à l’homme par la nature nous distinguerait donc en nous conférant une certaine valeur, de la dignité.

La réflexivité, en particulier, qui consiste à pouvoir réfléchir sur soi-même, est une disposition normale chez les hommes et exceptionnelle chez l’animal.

Alain disqualifie la passion car c’est agir à l’ombre de sa volonté.

La conscience conduit au doute, et douter c’est la capacité morale que les bêtes n’ont pas.

La conscience donne une valeur aux choses et à soi, penser, se penser, agir par choix.

Si la conscience est une propriété distinctive de l’homme, y aurait-il d’un côté l’animal inconscient et de l’autre l’homme conscient ? Pourtant, bien des espèces animales sont douées de sensibilité.

Elles sont capables de ressentir des sensations, de souffrir.

Pour nuancer et être plus précis, il ne faudrait donc pas parler d’une conscience pleine et entière mais de différents niveaux de conscience : il y a le fait d’être présent à soi-même et à son environnement, de percevoir et ressentir.

Mais il y a un autre niveau de conscience plus élevé qui s’acquière en passant de l’ignorance à la connaissance.

Parfois certains animaux développent un certain degré de conscience comme Koko, le gorille femelle qui a appris le langage des signes pour communiquer, grâce à sa maîtresse, l’éthologue Penny Patterson.

Lorsque le chaton que Koko avait adopté comme son enfant, décède, Patterson analyse le comportement du gorille et constate que celui-ci est effondré et très affecté.

Koko ressent la souffrance, possède une intelligence émotionnelle et, en cela, se rapproche de l’homme.

Dès lors, la conscience ne suffirait pas à définir l’homme. Par ailleurs, si l’homme a le privilège d’être doté de conscience par nature, pourquoi un enfant serait-il traité d’inconscient par ses parents, sous-entendu qu’il ne prendrait pas conscience de ses actes et des conséquences qui en découleraient.

Sa pensée est limitée et ses actes sont encore considérés comme irresponsables, n’ayant pas encore développé une conscience suffisante qui permettrait de maîtriser son comportement.

La conscience n'est pas là, dès la naissance : elle s'acquiert au cours des premières années de la vie.

L'enfant apprend assez tardivement à dire « Je », à parler à la première personne, parce que cela présuppose déjà une conscience de sa propre identité : « Cogito ergo sum - Je pense, donc je suis » (Descartes). De même, il n'est pas capable de reconnaître d'emblée sa propre image dans un miroir.

C'est seulement vers trois ans selon Lacan que l'enfant comprend qu'il a affaire à une image de lui-même.

On ne naît pas conscient, on le devient par expérience et par le contact avec les autres.

C’est une faculté que l’on développe tout au long de sa vie, grâce à la culture, l’éducation, la connaissance.

Pour Nietzsche, la conscience est un produit de la vie en société.

Chez l’homme, « La conscience ne s’est développée que sous la pression du besoin de communiquer ».

L’homme ne pouvant vivre en solitaire comme une bête.

Pour se rendre intelligible, il a été obligé de développer sa conscience qui n’est rien d’autre n’est qu’un réseau de communication entre hommes.

Autre.... »

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