La conscience est-elle source de liberté ou de contrainte ?
Publié le 25/01/2005
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La conscience est une faculté, caractéristique de l’homme, à avoir une connaissance de qu’il est et de ce qu’il fait, et donc à pouvoir penser le monde qui l’entoure et les rapports qu’il entretient avec lui. La conscience est ici interrogée en rapport avec la notion de liberté, puisqu’on nous demande de choisir entre deux affirmations possibles : la conscience est source de liberté d’une part, la conscience est source de contrainte d’autre part.
L’expression « source de «, d’abord, renvoie à la fois à une cause et à une origine : la conscience rendrait possible et provoquerait, au choix, la liberté ou la contrainte.
Ces deux termes semblent opposés l’un à l’autre, mais il conviendra d’interroger cette opposition et peut-être de la remettre en question. On définit en effet souvent la liberté comme un état d’absence de contrainte, un état dans lequel je peux faire tout ce que je veux. La contrainte est alors comprise à la fois comme une obligation et comme un empêchement, une entrave.
Il faudra ici s’efforcer de mettre en relation les concepts de liberté et de contrainte en relation avec le concept de conscience, dont il faudra envisager les différents aspects : la conscience en effet permet à l’homme d’agir sur le monde, de le transformer, mais aussi de se connaître et de connaître la peur, l’angoisse, le souci du futur par exemple, ainsi que de se sentir responsable du monde qui l’entoure, ce qui peut être compris comme une forme de contrainte.
Comment penser alors le rapport de la conscience et de la liberté ? La conscience est-elle une condition de la liberté ? – peut-on ainsi dire d’un animal, qui n’a pas la conscience que l’homme a de lui-même, mais qui peut faire ce qu’il veut quand il le veut parce qu’il n’est pris par aucune contrainte, qu’il est libre ? Mais la conscience pourrait être aussi comprise comme la condition d’existence de la contrainte : l’homme conscient peut s’organiser, commander ou obéir, imposer sa volonté, en un mot, contraindre le monde. De la même manière, la conscience lui permet de connaître des affects comme la peur, l’angoisse, qui font qu’il peut considérer sa conscience comme un fardeau. C’est cette articulation difficile entre les différents concepts en jeu qu’il faudra élucider.
«
le cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de lasouffrance de l'autre.
Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoire nous montrent quece sentiment n'est pas toujours présent chez les hommes.
En effet, si on affirme que l'homme est animé par cesentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruautédont les hommes peuvent être capables ? L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naître le vice, lacomparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.
En effet, si la morale ne reposait que sur la raison, cela feraitbien longtemps que l'humanité aurait disparu.
Transition : La singularité de l'efficace de la conscience permet de fonder l'idée d'un rapport du concept de conscience à la fois avec le concept de liberté et avec le concept de contrainte.
Il faut maintenant rétrécir la perspective, et interroger le rapport que l'homme entretient avec sa propre conscience, individuelle, et l'état deliberté ou de contrainte qui en découle.
II.
Conscience, conscience de soi et liberté
Le concept central ici est celui de « conscience de soi », qui suppose une attention à soi, un travail sur soi.
Lerapport que l'homme entretient avec sa conscience doit être actif.
La dialectique hégélienne du maître et del'esclave permet de penser l'efficace libératrice d'un rapport de travail actif à sa conscience.
L'élément de laconscience qui apparaît alors comme décisif pour déterminer si la conscience est source de contrainte ou de libertéest l'élément du choix et de l'action.
Hegel, Phénoménologie de l'esprit
« Le maître se rapporte médiatement à la chose par l'intermédiaire de l'esclave ; l'esclave, comme conscience de soien général, se comporte négativement à l'égard de la chose et la supprime ; mais elle est en même tempsindépendante pour lui, il ne peut donc par son acte de nier venir à bout de la chose et l'anéantir ; l'esclave latransforme donc seulement par son travail.
Inversement, par cette médiation, le rapport immédiat devient pour lemaître la pure négation de cette même chose ou la jouissance ; ce qui n'est pas exécuté par le désir est exécutépar la jouissance du maître ; en finir avec la chose : l'assouvissement dans la jouissance.
Cela n'est pas exécuté parle désir à cause de l'indépendance de la chose ; mais le maître, qui a interposé l'esclave entre la chose et lui, serelie ainsi seulement à la dépendance de la chose, et purement en jouit.
Il abandonne le côté de l'indépendance dela chose à l'esclave, qui l'élabore.
»
Bergson, L'énergie spirituelle
« Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'enretire.
Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun desmouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix ;puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement lesuns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue etdisparaît.
Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas lesmoments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notreavenir sera ce que nous l'aurons fait ? Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc biencorrespondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez de création, que nous distribuonssur notre conduite.
Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général.
Si conscience signifie mémoireet anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.
»
Transition : La conscience comme faculté que l'on se contente de constater peut être indifféremment source de liberté ou de contrainte.
En revanche, la conscience comme faculté que l'on s'efforce de cultiver activement permetde penser une efficace libératrice.
Le point important dans cette idée est la responsabilité de l'homme face à saconscience, et la complexité des rapports dans lesquels la conscience peut être prise : c'est cette idée qu'il faudradévelopper en troisième partie.
III.
La conscience est prise dans le monde, et elle est créatrice et responsable de son rapport à lacontrainte ou à la liberté
La conscience n'existe pas de manière autonome : elle existe en un homme, et cet homme existe lui-même dans unmonde, avec lequel il doit interagir en permanence.
Pour savoir si la conscience est source de liberté ou decontrainte, il ne faut pas occulter ce fait que l'homme se trouve toujours en situation et en interaction avec lemonde.
La liberté se trouve garantie si l'homme est capable de faire bon usage des rapports que sa conscienceentretient avec le monde et avec sa conscience..
»
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