La conscience est-elle DISTINCTE DU CORPS ?
Publié le 25/01/2020
Extrait du document
• C'est par notre corps que le monde est déjà là avant que nous le pensions. La simple présence au monde de notre corps vivant ne serait-elle pas une première relation au monde, encore incertaine d'elle-même, que la prise de conscience progressive va relayer en une expression plus claire?
• «Personne, il est vrai, n'a jusqu'à présent déterminé ce que peut le corps», écrit Spinoza (Éthique, III, Scolie de la Proposition II). Mon corps n'est pas comparable à celui des autres : je vis d'abord mon corps, plutôt que je ne le perçois. Sartre le désigne, dans L'Être et le Néant, comme « le point de vue sur lequel il ne saurait y avoir de point de vue» (3e partie, ch. Il, I). En effet, c'est toujours depuis mon corps que je perçois quelque chose : on ne peut pas se reculer pour « prendre du champ » sur son propre corps, à moins de s'identifier illusoirement à son image sur une photographie. Mon propre corps est ainsi semblable à ma conscience, c'est un point de vue absolu dont je ne saurais sortir.
• Pour Alain, « il n’y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je» (Éléments de philosophie). Il ajoute : «cette remarque est d'ordre moral», car «ce qui n'est point pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté; chose dont je réponds ». Si l'être humain est certes « obscur à lui-même », il reste que la pensée est identique à la volonté de penser, c'est-à-dire de répondre de soi. Je peux très bien laisser se dérouler une pensée en moi, comme dans la rêverie, ou l'association d’idées. Mais si chacun se laisse emporter à penser en suivant ses humeurs, ce ne sont plus des pensées, mais des passions.
«
l'expérience immédiate qui résiste au doute, il y a là en réalité une
double opération.
•La pensée est en un premier temps rattachée à un sujet car nous ne
1- pouvons concevoir aucun acte sans son sujet.
Mais comment être cer- 1.il ., tain que ce sujet est Je, et non pas écrire : «Ça pense» ou même
::> affirmer, comme Hobbes, que ce pourrait être mon corps qui pense,
Ill si une matière est nécessaire pour toute action : «Et ainsi l'esprit ne
Lli sera rien autre chose qu'un mouvement en certaines parties du corps .J organique» (Troisièmes Objections)? Pourquoi n'affirmerait-on pas,
comme les sciences contemporaines, que le cerveau est le sujet de
la pensée? «Je pense donc mon corps existe», la conscience étant
l'action de mon cerveau?
Ill.
Une énigme pour soi-même
•C'est par notre corps que le monde est déjà là avant que nous le
pensions.
La simple présence au monde de notre corps vivant ne
serait-elle pas une première relation au monde, encore incertaine
d'elle-même, que la prise de conscience progressive va relayer en
une expression plus claire?
•«Personne, il est vrai, n'a jusqu'à présent déterminé ce que peut le
corps», écrit Spinoza (Éthique, Ill, Scolie de la Proposition Il).
Mon
corps n'est pas comparable à celui des autres : je vis d'abord mon
corps, plutôt que je ne le perçois.
Sartre le désigne, dans L'Être et le
Néant, comme «le point de vue sur lequel il ne saurait y avoir de
point de vue» (3• partie, ch.
Il, 1).
En effet, c'est toujours depuis mon
corps que je perçois quelque chose : on ne peut pas se reculer pour
«prendre du champ» sur son propre corps, à moins de s'identifier
illusoirement à son image sur une photographie.
Mon propre corps
est ainsi semblable à ma conscience, c'est un point de vue absolu
dont je ne saurais sortir.
•Pour Alain, «il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique
sujet, Je» (Éléments de philosophie).
Il ajoute : «cette remarque est
d'ordre moral», car« ce qui n'est point pensée est corps, c'est-à-dire
chose soumise à ma volonté; chose dont je réponds».
Si l'être humain
est certes« obscur à lui-même», il reste que la pensée est identique à
la volonté de penser, c'est-à-dire de répondre de soi.
Je peux très bien
laisser se dérouler une pensée en moi, comme dans la rêverie, ou l'as
sociation d'idées.
Mais si chacun se laisse emporter à penser en sui
vant ses humeurs, ce ne sont plus des pensées, mais des passions.
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35.
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