La conscience (cours de philo - TL)
Publié le 20/03/2015
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Car, par qui serait faite l'observation?
On conçoit, relativement aux phénomènes moraux, que l'homme puisse s'observer lui-même sous le rapport des passions qui l'animent, par cette raison, anatomique, que les organes qui en sont le siège sont distincts de ceux destinés aux fonctions observatrices.
Encore même que chacun ait eu occasion de faire sur lui de telles remarques, elles ne sauraient évidemment avoir jamais une grande importance scientifique, et le meilleur moyen de connaître les passions sera-t-il toujours de les observer en dehors ; car tout état de passion très prononcé, c'est-à-dire précisément celui qu'il serait le plus essentiel d'examiner, est nécessairement incompatible avec l'état d'observation.
Mais, quant à observer de la même manière les phénomènes intellectuels pendant qu'ils s'exécutent, il y a impossibilité manifeste.
L'individu pensant ne saurait se partager en deux dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner.
L'organe observé et l'organe observateur étant, dans ce cas, identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu?
Auguste Comte, Cours de philosophie positive, première leçon.
En ce texte, Auguste Comte cherche à ruiner les psychologies fondées sur l'introspection, ou observation directe de l'esprit par lui-même.
Le texte commence par l'énoncé brutal de la thèse de Comte : de même qu'un oeil ne peut se regarder regardant --- à moins qu'il ne soit en face d'un miroir ---, un esprit ne peut observer directement ses propres phénomènes.
L'explication qui s'ensuit apporte quelques précisions qui nuancent cette affirmation.
Ainsi puis-je constater l'altération soudaine que provoque dans mes poumons une douleur profonde ou une surprise.
Il importe cependant de préciser que ces observations ne sont possibles que tant que la passion demeure peu violente.
« 2) L'observation immédiate des phénomènes intellectuels par l'esprit qui les accomplit est impossible.
«
Textes commentés 39
En ce texte, Auguste Comte cherche à ruiner les psychologies fondées
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sur l'introspection, ou observation directe de l'esprit par lui-même.
Le texte commence par l'énoncé brutal de la thèse de Comte : de même
qu'un œil ne peut se regarder regardant -
à moins qu'il ne soit en face
d'un miroir
-, un esprit ne peut observer directement ses propres
phénomènes.
L'explication qui s'ensuit apporte quelques précisions qui
nuancent cette affirmation.
Il convient de distinguer entre :
1) L'observation des phénomènes moraux, comme les passions, qui,
parce que
« les organes qui en sont le siège sont distincts de ceux
destinés aux fonctions observatrices », peuvent faire l'objet
d'observations accomplies par le sujet qui en est victime.
Ainsi puis-je
constater l'altération soudaine que provoque dans mes poumons une
douleur profonde ou une surprise.
Il importe cependant de préciser que ces observations ne sont possibles
que tant que la passion demeure peu violente.
La confusion du célèbre
témoignage de
Phèdre montre leurs limites :
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler 1
• »
On comprend dès lors que ces observations « ne sauraient évidemment
avoir jamais une grande importance scientifique.
»
2) L'observation immédiate des phénomènes intellectuels par l'esprit qui
les accomplit est impossible.
Un mathématicien qui veut s'observer en
train
de résoudre un problème doit suspendre ses recherches
mathématiques ; de sorte qu'il est, en définitive, aussi ridicule qu'un
cycliste qui descendrait de sa bicyclette pour se regarder pédaler.
Comment l'esprit peut-il donc accéder à la conscience de soi ? En
contemplant ses œuvres, en lesquelles sont inscrits les procédés, les
:
méthodes et les lois auxquels il s'est soumis sans en avoir d'abord 1
conscience.
Aucune lumière n'éclaire la nuit de notre for intérieur, c'est
pourquoi l'esprit doit sortir de lui-même, s'objectiver en des créations
comme les religions, l'art, les institutions ou les sciences pour accéder, en
les étudiant, à la conscience de soi.
1.
Phèdre, acte!, se.
3, vers 269 sq..
»
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