La connaissance scientifique est-elle une connaissance de Dieu?
Publié le 20/02/2016
Extrait du document
Malebranche a tenté de concilier le rationalisme cartésien et le mysticisme chrétien.
Même s'il a recours à l'existence de Dieu, Descartes n'est pas vraiment religieux. Pour lui, Dieu est surtout une hypothèse qui permet de garantir l'infaillibilité de la raison. L'idée malebran-chienne d’assimiler la démarche de la raison à une «prière naturelle» et la vérité mathématique à la vérité divine est tout à fait originale, même si elle évoque la conception platonicienne. Elle témoigne
aussi d'un état d'esprit propre à la fin du XVIIe siècle, où la découverte de la physique mathématique (du caractère mathématique des lois de la nature) fait croire à certains que «les mathématiques sont le langage de Dieu» et que la contemplation de l’ordre parfait de l'univers est une contemplation de la perfection de Dieu. On retrouve cette espèce de mysticisme rationaliste chez un philosophe comme Spinoza, contemporain de Malebranche.
«
La connai ssanc e scientifiqu e n'e s t pas une connai ssan ce
d e Dieu
·~[·]~·
Dieu est transcendant au monde.
Par la raison, je peux
connaître le monde, mais pas Dieu.
Pour connaît r e Dieu,
il me faut recourir à la foi et à la spiritualité.
Les vérités
scientifiques n'ont
pas besoin de Dieu pour garant.
Les vérités sont
dans mon esprit
M
aleb ra n ch e, qui
étai t prê tre, a
dé fo r mé la pensée de
Descartes dans un sens
religieux.
Pour Des
cart es, connaît r e, c'est
se représenter mentale-
«Si on soumet tout à la rai· son, notre religion n'aura
rien de mystérieux et de surnaturel .• Blaise Pascal, Pensées
ment des vérités, ce n'est
p as all er l es co
ntemp ler
dan s la réalité d ivi ne.
Di eu , ce rte s, g arantit
q ue je ne m e tromp e
pa s.
Mai s lu i-m êm e
es t au -d elà du m o nd e co
nn aissa ble.
J
e ne peux
pas le connaître, je peux
seuleme nt en avoir l'idée.
On connaît Dieu
par le cœur
P
asca l pe nse que l'o r
dre des vé rités scie n ·
tifiq ues est rad i cale m ent
d iffé re n t
de cel ui d es
vér ités div ines.
La ra i
so n m e perme t de déco u·
vrir des vérités mathé
matiq ues ou phys iq ues.
Mais pou r accé d er à
la co nn aissa nce d e
Di eu , je doi s a bdiqu e r
m a ra i
so n et utili se r
tn o n «cœ ur », c'es t- à
di re m a s pi ritu alit é,
m on
se ntim ent m ys
tiq ue.
Le mysticisme est
s u périeur au rationalisme.
La vérité
n'a pas besoin
de garantie divine
P
our les positivistes
comme Au gus te
Co m te , l es vé rités
scientü iqu es se so u
tienn ent par elles ·
m êm es et n'o nt au c un
beso in d e Di eu p o ur
les gar ant ir.
Cro ire,
comme le fa it M ale ·
bran ch e,.
que l es lois
m
ath émat i q ues de la
nature sont une expres
sio n de la toute-pu is
sance divine, c'est en
res t er à 1 'éta t théo lo
giq ue, c'est avoir recours
a u surn aturel pour
expli
q u er les vérités natu
rel les.
O n ne peut pas mélang er la co nn aissance rationnelle ,
s ci en tifiq u
e, et le mys t icis me.
L a co nn aissa nce de D ieu
est affa ire de foi, de spi rit u ali té..
»
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