La connaissance scientifique est-elle le reflet de la réalité ?
Publié le 22/09/2005
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« Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel « affirme Piet Mondrian. Si cette opposition est recevable, ne faut-il pas pousser plus loin les propos de l'artiste et convenir que du côté de la réalité se situe la science, qui s'oppose elle aussi au spirituel ? La connaissance scientifique est-elle le reflet de la réalité ?
Il s'agira pour nous, afin de répondre à cette question, d'examiner le choix de la connaissance scientifique comme possible reflet de la réalité par rapport à d'autres formes de connaissances ou pratiques humaines afin de montrer que « la « réalité n'existe pas mais que nous constituons les choses, ce qui permet l'émergence de plusieurs réalités.
Pour ce faire, nous montrerons tout d'abord que la diversité des perceptions semble condamner l'existence d'une réalité unique, ce qui nous conduira à examiner la possibilité de l'existence d'essences, fondements stables de la réalité pour enfin établir que malgré tout ces essences nous restent inaccessibles et qu'il faut donc nous contenter de la diversité du monde phénoménal, et partant des réalités.
- 1. « La « réalité existe-t-elle ?
- 2. Pourtant, n'existe-t-il pas une réalité en soi sous la réalité perçue ?
- 3. Enfin, la définition de la connaissance n'interdit-elle pas d'accéder à cette réalité « en soi « ?

«
Certes, la science, contrairement à l'art par exemple, ou à la religion permet d'établir un consensus (ou au moins unaccord généralisé) car elle instaure une méthode qui permet à chacun de reproduire les expérimentations et doncd'acquérir la certitude de la validité de telle ou telle connaissance.
Pourtant, la connaissance scientifique sembledépendre du contexte dans laquelle elle est produite.
En effet, la science est tributaire de la technologie et reposesur des paradigmes.
Les avancées technologiques, et l'état des paradigmes déterminent ainsi la production de laconnaissance scientifique.
C'est à ce titre que la modification des paradigmes engendre une modification de laconnaissance.
Ainsi l'institution de l'héliocentrisme a-t-elle entraînée la modification des connaissancesastronomiques.
Par conséquent, on comprend que la science est tributaire d'une épistémée au sens de M.
Foucault,c'est à dire d'un état des connaissances et de la technologie, et par conséquent que la science ne produit pas desvérités éternelles mais des connaissances qui peuvent devoir être remises en cause.
De plus, la multiplicité desparadigmes, parfois indépassable, plaide pour l'existence de plusieurs « réalités scientifiques ».
Kant avait déjà montré, dans la Critique de la raison pure , que nous constitutions (et avec nous la science) les objets à partir de règles, les catégories.
Nous organisons nos perceptions en interrogeant le monde des phénomèneset en appliquant des règles à nos perceptions.
C'est de l'application de ces règles que naissent les choses, et doncla réalité qui est, comme nous l'avons dit, l'ensemble des choses qui existent.
Kant montre ainsi que c'est cetteréalité qui est objet de connaissance puisque nous ne pouvons connaître que ce dont nous pouvons avoir uneintuition.
Le reste, c'est à dire les concepts auxquels nous ne pouvons associer de perceptions ne sont que despensées et les choses en soi, qui correspondent dans une certaine mesure aux idées platoniciennes restentinaccessibles à l'être humain.
Par conséquent, Kant montre que la réalité n'est pas affaire de vérité mais qu'elle estessentiellement phénoménale et qu'elle émerge à partir de ce monde perçu dont nous avions voulu nous détacher àpartir de conditions de possibilités inhérentes à notre constitution cognitive.
Foucault élargit ce point de vue enmontrant que ces règles ne sont pas universelles mais dues à une configuration particulière du savoir qui est tantculturelle que personnelle.
Conclusion
Nous avons ainsi examiné les présupposés du sujet, à savoir l'unicité de la connaissance et de la réalité pourconclure qu'il n'existait pas de réalité en soi ou du moins qu'elle n'existait pas pour nous puisque nous ne pouvonspas l'atteindre.
Au contraire, nous avons montré aux côtés de Kant que notre connaissance était limitée au mondephénoménal.
Partant, nous avons aussi établi que nous constitutions les choses, et par conséquent la réalité.
Lascience n'est donc qu'une manière de constituer la réalité mais il apparaît que l'expérience (par contraste avecl'expérimentation) ou l'art en sont aussi et qu'elles sont au moins aussi légitimes que la constitution scientifique de laréalité.
C'est fort de cette conclusion que nous avons pu soutenir que la connaissance scientifique était le reflet d' une réalité..
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