La connaissance scientifique dissipe-t-elle la superstition?
Publié le 07/02/2005
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«
s'offre à l'homme et ce par quoi il se découvre comme sujet ; ce qui lui arrive du dehors et ce dans quoi il reconnaîtla vérité de son destin, la mesure de sa puissance propre.
Première partie
L'histoire serait ce qui arrive à l'homme, ce qu'il ne peut comprendre ni maîtriser, mais aussi ce par quoi il prendconscience, de manière lente et douloureuse, du sens de l'histoire et de sa propre destinée.
L'histoire est icientendue comme le déploiement de forces obscures, au départ inconscientes d'elles-mêmes, frayant leur nécessitéà travers des événements perçus comme aléatoires.
D'abord simple jouet de cette histoire, voire de moyen sacrifié àl'effectuation de ses lois inéluctables, l'homme n'en est pas moins destiné à en saisir le sens ultime le jour oùs'instaurera le règne de la liberté, de la concorde, ou de la moralité, de la paix et de la raison.Téléologie et théologie.- Caractère téléologique de cette perspective (histoire orientée vers un télos (une fin dont la vérité est inscritedans l'origine), voire eschatologique ou messianique; notion de progrès, héritée des Lumières, couplée à celle del'expiation d'une faute.- En deçà des Lumières, référence à la théodicée de Bossuet {Discours sur l'histoire universelle, 1681 ).- Philosophie de l'histoire de Kant : « L'histoire de la nature commence par le Bien, car elle est l'oeuvre de Dieu ;l'histoire de la liberté commence par le Mal, car elle est l'oeuvre de l'homme» (Idée d'une histoire universelle au pointde vue cosmopolite).- Hegel : la raison dans l'histoire; sous « l'apparence bariolée des événements» qui ponctuent la vie des peuples, àtravers les passions des hommes et la contingence des particularités, c'est la raison qui gouverne le monde.
«L'histoire universelle n'est que le phénomène de cette raison unique» : elle n'est pas le résultat de l'action exercéepar des individus particuliers, mais à l'inverse s'accomplit elle-même dans la volonté de ceux-ci.
« L'esprit en marchevers une nouvelle forme est l'âme interne de tous les individus ; il est leur intériorité inconsciente que les grandshommes portent à la conscience ».
Thèse de la ruse de la raison : la raison « laisse les passions agir à sa place ; ensorte que c'est par quoi elle accède à l'existence qui subit perte et dommage.
» - Marx et Engels (le « matérialisme historique »).« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement,dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions données ethéritées du passé.» (Marx, Le 18brumaire).Sur la liberté des hommes dans le communisme : « Les lois de leur proprepratique sociale qui jusqu'ici se dressaient devant eux comme des loisnaturelles, étrangères et dominatrices, sont dès lors appliquées enconnaissance de cause, et par là dominées.
La vie sociale propre auxhommes, qui jusqu'ici se dressait devant eux comme octroyée par la nature etl'histoire, devient maintenant leur acte propre et libre.
» (cf.
Engels)L'analyse de l'événement politique : « la grande mesure sociale de laCommune, ce fut sa propre existence et son action » (Marx, La Guerre civileen France).TransitionLes limites de ces conceptualisations sont celles de toutes les philosophies del'histoire : singulièrement le providentialisme hégélien et sa variantesécularisée chez Marx promettent aux hommes le règne de la liberté et l'accèsà une conscience souveraine, mais condamnent au préalable les individussinguliers à traverser une longue période où, séparés d'eux-mêmes, ils sontimpuissants à se retrouver dans ce qui leur arrive ; l'aliénation hégélienne etl'affirmation de Marx selon laquelle l'histoire «avance par le mauvais côté» (LaSainte Famille) désignent l'épreuve d'une souffrance que l'histoire rachète, à son terme, en apportant aux humains le salut : cette tâtonnante progression est le prix à payer pour que l'histoireenfin arrive par l'homme.
De surcroît, échec historique de ces conceptions : (implosion du communisme, barbarienazie), d'où nécessité de penser autrement l'homme et l'histoire en modifiant la compréhension du rapport quis'instaure entre eux dans l'événement.
Deuxième partie
L'événement en lui-même porteur de vérité et l'individu, sujet de l'événement.
1.
C'est l'être humain qui donne son sens à l'événement.Il s'agirait de substituer à une conception de l'événement qui reçoit son sens d'une anticipation de la fin de l'histoire,une approche qui, sans faire l'impasse sur la dimension du futur constitutive de l'être humain, considère lesévénements vécus par celui-ci dans leur caractère de surgissement, et comme porteurs d'une vérité à laquelle il netient qu'à lui d'accéder.
Le XXe siècle fut le siècle du marxisme, mais ce fut celui des révolutions avortées et deslendemains qui déchantent ; il est encore le siècle de la psychanalyse, c'est-à-dire celui d'une théorisation inéditedu psychisme humain qui ne permet plus de se satisfaire d'une conception purement philosophique de l'inconscient,et qui a mis au point une pratique favorisant une tout autre modalité de la prise de conscience : celle-ci est l'affaired'un sujet singulier et non de l'humanité abstraite ou d'un sujet collectif (le prolétariat) ; elle est possible dans lemouvement propre d'une existence individuelle au lieu qu'auparavant elle était annoncée pour d'autres homme d'unautre temps..
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