LA CONNAISSANCE ET LA RAISON - COURNOT
Publié le 21/01/2020
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Dégagez l’intérêt philosophique du texte en procédant à son étude ordonnée.
Les faits positifs, c’est-à-dire ceux dont on peut obtenir la preuve certaine par le calcul ou par la mesure, par l’observation, par l'expérience, ou bien enfin par un concours de témoignages qui ne laisse aucune place au doute raisonnable, servent de matériaux aux sciences ; mais un recueil de pareils faits, même en grand nombre, n’est propre à constituer une science que tout autant qu'ils peuvent se distribuer dans un certain ordre logique, approprié à la nature des instruments de la pensée, et qui fait l’essence de la forme scientifique. À la faveur de l'organisation logique et de la classification systématique de nos connaissances, quand elles sont possibles, nous tirons les conséquences des prémisses, nous rapprochons et combinons des idées bien définies, et nous découvrons par la seule force du raisonnement des vérités nouvelles. Si les vérités ou les faits, ainsi pressentis ou découverts, viennent à recevoir la confirmation de l’observation ou de l’expérience, nous obtenons à la fois, et la plus haute certitude à laquelle il nous soit donné d’atteindre, et le témoignage le plus éclatant de la puissance de nos facultés intellectuelles.
COURNOT
ou l’expérience. Renvoi possible aux disciplines théoriques contemporaines, et au rôle qu’y tient le raisonnement mathématique pur (par exemple les calculs grâce auxquels Dirac met au point la notion de « masse négative » — cf. Bachelard, La Philosophie du non — dont l’expérimentation est différée).
- La confirmation de la théorie mène à une double satisfaction : elle garantit la vérité construite, et témoigne simultanément de la « puissance de nos facultés intellectuelles ». Problème de l’« accord » entre la raison humaine et la structure de la nature.
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LA CONNAISSANCE ET LA RAISON
CORRIGÉ
Plan détaillé
[Introduction]
Cournot s'intéresse ici à la constitution de la théorie scientifique par le
travail conjoint de l'expérience et de la raison.
Son analyse, bien que du
XIX' siècle, préfigure la conception plus récente d'une «physique théo
rique » anticipant sur l'expérimentation par le calcul.
[I.
Les matériaux de la connaissance]
- Diversité des données permettant l'élaboration des «faits positifs»
(distinguer ces derniers de faits immédiatement donnés : ils sont re
construits) : ces faits sont prouvés, mais par des voies diverses (calcul ou
mesure, observation, expérience, « concours de témoignages » ).
- Domaines scientifiques en cause : sciences expérimentales .et astro
nomie, le «concours de témoignages» désignant, non pas l'histoire (non
concernée par la deuxième partie du texte), mais les sciences fondées sur
l'observation (biologique, par exemple, à l'époque).
- Distinguer le «doute raisonnable» (qui suppose déjà une interven
tion de la raison) du doute sceptique ou absolu (qui supprimerait la possi
bilité de la science elle-même).
[Il.
L'intervention de la raison]
- Les seuls « faits positifs » aboutissent à une collection sans organisa
tion.
On peut faire allusion à Kant : données empiriques et raison sont
également nécessaires pour constituer la connaissance.
- La « forme scientifique » suppose un « certain ordre logique » qui
provient, non des faits, mais des « instruments de la pensée » (renvoi pos
sible à l'histoire des « catégories » depuis Aristote - en soulignant bien
que, pour ce dernier, il n'est pas besoin d'expériences puisque la nature
offre spontanément ses phénomènes à la compréhension de la raison).
- Idée d'un relativisme de la connaissance : celle-ci se construit tou
jours en fonction des possibilités (de la forme) de l'esprit lui-même.
[Ill.
Productivité de la théorie]
- Deuxième aspect du texte : une fois les données classées et organi
sées logiquement, il devient possible d'opérer des déductions.
La théorie
élaborée permet de découvrir « des vérités nouvelles » par le seul raison
nement mathématique.
La théorie n'est pas seulement un résumé (une
mise en forme) des connaissances acquises, elle a une valeur heuristique.
- Ces prédictions rationnelles sont ensuite vérifiées par l'observation.
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