la connaissance de soi, tout en sachant, comme l'avait su Benjamin Constant dans Adolphe, que « l'analyse tue la spontanéité ».
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
à la clwse en soi et tout réduire à la représentation, telle est l'unique pensée de Renouvier.
Ainsi, les catégories qui
permettent de connaître l'univers ne sont rien de spécifique et ne s'opposent pas aux objets comme leur forme subjec
tive : lois de l'entendement et lois de la
nature, c'est tout un.
Le « phénomé nisme >> supprime l'opposition de la
nature objective et du sujet connaissant.
Tout représente et est représenté à la fois.
Les clwses sont monades et le moi n'est
rien lwrs des représentations qui l' expri
ment.
La volonté même n'est qu'une
représentation privilégiée et possédant
« ce caractère d'être sa propre cause ou d'être la cause d'une autre qui s'identifie avec elle ».
Renouvier rejettera donc tout ce qui ne réduirait pas aux représentations,
et surtout la raison, au sens kantien,
dans la mesure
où elle assigne à l' enten
dement une unité idéale et un but infini.
La « loi du nombre »justifiera le finitisme.
Au principe du calcul infinitésimal,
Cauchy avait substitué l'idée de limite (la
cune) à celle de grandeur infiniment petite.
Renouvier applique à la conscience cette loi.
Enfin ce monde fini de phénomènes a besoin de notre liberté pour être.
Tout
jugement repose sur un assentiment, sur une foi rationnelle qui exprime la vie
individuelle de chaque entendement.
La vérité n'est donc pas asymptotique à l'individu, elle se confond avec l'itinéraire
particulier des représentations qui trouvent
dans la croyance rationnelle leur marque
distinctive et leur lien à la personne.
Le phénoménisme de Renouvier est en France ce qu'est en Allemagne le réalisme de Herbart, et en Angleterre l'empirisme de Mill.
Nature et liberté, science et
morale doivent se rencontrer.
Mais il est
difficile de définir la personne et la volonté en termes de représentations.
Et quand
Renouvier oppose à la morale pure de l'état de paix, où s'effectuent les échanges,
les débits et les crédits des sujets, la
morale appliquée de l'état de guerre, où chacun, nanti des droits de défense et de propriété, oppose à chacun son être naturel, la contradiction apparaît que la théorie phénoméniste de la représentation cachait, entre la forme et le contenu, entre l' exis tence et les objets.
JULES VU1LLEM1N
CANTON! Carlo (1840-1906)
a consacré un gros ouvrage à la philo
sophie kantienne: E.
Kant (3 vol.
1879-
I884), en réaction contre l'évolution
nisme alors triomphant.
COHEN Hermann (1842-1918)
Il fut en Allemagne l'un des restaurateurs de la philosophie dans la seconde moitié du XIx• siècle.
Après l'effondrement des systèmes romantiques, il semblait à beaucoup que la science devait se substituer
à la l:hilosophie qui l'avait préparée et
qu'el e rendait inutile.
Le Romantisme
avait montré où conduisait la raison
quand l'expérience ne la contrôlait plus;
l'expérience seule devait désormais servir
de guide.
Mais, pour ces scientistes,
expérience signifiait sensation.
Hermann
Cohen eut le mérite d'en douter et d'en
faire douter l'opinion philosophique.
Montrer que la raison ne connaît rien en delwrs de l'expérience, mais aussi que cette expérience, loin de se réduire
à refléter les sensations, en propose une organisation intellectuelle et requiert l' acti
vité de l'entendement, c'était reprendre le programme kantien.
Aussi les premiers
écrits de Cohen sont des commentaires de Kant.
Dans les vingt années qui
précèdent 1 900 paraissent : la Théorie kantienne de 1 'expérience, la Fon dation kantienne de 1 'éthique et la Fondation kantienne de 1 'esthétique, suivies en 1907 d'un bref Commentaire à la Critique de la raison !Pure.
Ces recherches d'histoire contiennent tous
les thèmes que développeront les œuvres du début du xx• siècle : le Système de philosophie, la Logique de la con
naissance pure, l'Ethique de la volonté pure.
L'expérience dont part Cohen n'est ni une association de sensations, ni une donnée immédiate de la conscience, mais le système des objets que l'enquête scien tifique fait correspondre dans la réalité à ces impressions subjectives.
Par exemple, un mobile passe devant mes yeux avec une certaine vitesse sensible; pour con
naître cette vitesse en vérité, il faut l'analyser, clwisir des repères et étudier ses variations instantanées, les accéléra
tions, qui échappent à la sensation et que l'entendement seul peut saisir par le calcul infinitésimal.
Bien plus, ce calcul permet de construire
l'extension sensible à partir de l'intensité
intellectuelle.
Espace et temps sont des affections dont nous éprouvons passivement les effets, mais dont nous pouvons
reconstruire intellectuellement la genèse.
L'idéalisme de Marburg s'oppose donc radicalement au bergsonisme, son contem
porain.
Comme Bergson, Cohen consacre ses derniers travaux aux recherches reli
gieuses.
Mais La religion de la raison à partir des sources juives ne propose
à l'Jwmme comme instrument de l'absolu que la raison même.
JULES VU1LLEM1N
NATORP Paul (1854-1924)
fut le principal disciple du fondateur de l'Ecole de Marbourg, Hermann Cohen.
Dans sa thèse de 1903, Platos Ideen lehre, il affirme l'unité absolue de la
pensée et de l'être.
Les «néo-kantiens » prétendirent retrouver l'inspiration pro
fonde de la Critique kantienne : comme
eux, Natorp rejette la notion de clwse en soi, et affirme l'indépendance de l'esprit à l'égard de toute matière pré
existante : la sensation n'est pas un donné étranger à la pensée, mais une « tâche », un « X » à déterminer, signe de l'inachèvement de la connaissance.
L'objet est le produit de l'activité logique de la raison.
Pourtant, Natorp semble
avoir voulu à la fois échapper à un logi
cisme superficiel en s'efforçant de définir une logique réellement productrice, et
effectuer un retour aux origines mêmes de la connaissance, au sujet pur, « puis
sance de toutes les déterminations qui
s'accomplissent en lui par la connais
sance ».
( H.D.)
WINDELBAND Wilhelm (1848-1915)
néo-kantien de l'école badoise, est né à Potsdam et mort à Heidelberg.
Citons
parmi ses œuvres : Geschichte der neueren Philosophie ( 1878-1880); Geschichte der abendlandische Philo sophie im Altertum ( I 888) ; Geschi
chte und Naturwissenchaft (1894).
RICKERT Heinrich (1863-1936) appartient à l'École néo-kantienne de Bade, dont les représentants affirmaient
la primauté de la raison pratique : toute
connaissance est jugement, affirmation
qui implique
un acte de la volonté.
La vérité n'est pas, elle vaut.
(Der Gegen stand der Erkenntniss, 1892).
La philosophie est alors réflexion sur le sens des objets et des événements en fonction des valeurs : appréciation, clwix qui
fondent toutes les sciences de l'esprit et
d'abord l'histoire (Kulturwissenschaft und Naturwissenschaft).
Les valeurs
constituent un système ouvert, domaine
irréductible à celui de l'être et qui trans cende à la fois le sujet et l'obJet.
Si Rickert ne se préoccupa pas de fonder
l'objectivité des valeurs -dont les unes
sont susceptibles d'être démontrées, mais
les autres accessibles à la
seule description
empirique - il esquissa une théorie de la culture comme « troisième règne », intermédiaire entre celui de la réalité et
celui des valeurs, une description des « structures de sens » qui le composent.
(H.
D.)
VOLKELT Johannès (1848-1930)
né à Lipnik (Galicie), mort à Leipzig, est l'auteur de : Ueber die Môglich
keit einer Metaphysik (1884); Er fahrung und Denken, Kritische Grundlage einer Erkenntnisstheo
rie ( 1 886); Die Quellen der mensch
lichen Gewissheit ( 1900) ; System der Aesthetik, 3 vol.
(1905-1914).
L'œuvre de Volkelt est, à partir d'une
position intégralement psyclwlogiste in
fluencée par les courants
de la fin du x1x• siècle, un effort pour répondre aux
questions kantiennes, non sans la contri
bution d'un Absolu d'allure hégélienne
et d'une mystique schopenhauerienne.
Volkelt définit
sa doctrine comme un « idéal-réalisme critique » ou un « transsubjectivisme subjectif ».
C'est
indiquer le paradoxe et la difficulté de son entreprise qui consiste, en partant de la conscience psychologique et d'elle
seule, à retrouver l'universalité et l'intel
ligibilité
des jugements vrais, la norma
tivité des jugements esthétiques, la pos
sibilité de la métaphysique et l'annonce de l'Absolu religieux.
La théorie de la
connaissance n'est pas autre clwse que la théorie de la conscience.
Mais celle-ci,
si elle prend la forme de l'expérience, ou conscience de soi, prend aussi celle de la
nécessité intellectuelle, qui mène au « transsubjectif ».
Si les jugements
scientifiques sont possibles, c'est parce que la pensée, qui ne cesse pas d'être subjec
tive, postule une réalité transsubjective
qui
ne cesse pas de lui être extérieure.
La métaphysique, à son tour, n'accède qu'au
probable; elle conduit cependant à un
399.
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