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La connaissance de soi peut-elle être sincère ?

Publié le 22/09/2005

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Question a priori surprenante : la connaissance, en général, peut être appréciée par rapport à sa vérité — mais plus difficilement par rapport à la notion de « sincérité « (connotation psychologique ou morale, qui n'a pas grand-chose à voir avec le fait de connaître). De plus, cette question sous-entend que la connaissance de soi ne pose dans sa constitution pas de problème particulier: on semble admettre qu'elle existe. 
 
  • I. QUE VISE LA CONNAISSANCE DE SOI?
  • II. CE QU'EST LE MOI
  • III. QUI JE SUIS

« Les mots clés de cet énonce sont "connaissance", "soi" et "sincère".

La "connaissance" désigne à la fois l'acte deconnaître, et l'objet connu.

L'idée de connaissance est liée à celle de vérité : le contenu de toute connaissancepourra en effet toujours être jugé vrai ou faux par rapport à son objet, et la volonté de connaître implique celle dedistinguer le vrai du faux.

Cependant, on ne demande pas ici si la connaissance de soi peut être vraie, mais si ellepeut être sincère.

Le Dictionnaire relève trois sens du mot "sincère" :1) «Qui exprime ses véritables pensées, ses véritables sentiments (sans les déguiser)».

En ce sens on dit "êtresincère avec soi-même".2) «Réellement pensé ou senti».

En ce sens on parle d'une "amitié sincère" ou de "sincères condoléances".3) «Non altéré, non truqué».

En ce sens on parle d' "élections sincères".On voit donc que l'idée de sincérité est plus large que celle de véracité.

La véracité n'est qu'une partie de lasincérité : celle-ci exige en effet la vérité, non seulement dans les paroles, mais aussi dans l'attitude et lessentiments intérieurs.

Nous pouvons énoncer une vérité sans être sincères, dès lors que nous n'adhérons pas à lavérité énoncé, c'est-à-dire que cette vérité n'est pas une vérité pour nous-mêmes.Enfin, il convient également de s'interroger sur ce qu'on entend par connaissance de "soi" : est-ce la connaissancede sa conscience ? de son inconscient ? de son caractère ? de sa nature ? de son corps même ? Introduction Une idée communément reçue.

Il faut se connaître : « Connais-toi toi même », tel était la maxime gravée sur lefronton du temple de Delphes, et Socrate fit une des conditions de l'attitude philosophique.

Le problème.

Cependant, la question se pose de la possibilité même de véritablement se connaître soi-même.

Eneffet, dans la connaissance de soi, c'est le même être qui est à la fois le sujet connaissant et l'objet de laconnaissance, c'est-à-dire qu'il est dans ses jugements sur lui-même à la fois juge et partie.

Dans ces conditions,on peut se demander deux choses : d'une part si une telle connaissance peut être sincère en ce sens qu'elle seraitvraie c'est-à-dire objective ; et d'autre part si elle peut être sincère en ce sens qu'elle répondrait à une réellevolonté du sujet de connaître la vérité sur lui-même, à un authentique désir d'accepter et de manifester cettevérité. I Une intuition immédiate de soi-même a) Un dédoublement de soi : Dès lors que je veux méconnaître, je pose une division entre "je" et "me," c'est-à-dire entre moi et moi.

Mais unetelle division m'apparaît aussitôt comme illégitime : il n'y a pas de moi en dehors de je, pas de soi en dehors de moi-même.

Il n'existe pas d'altérité en moi : je suis je, je suis un.

Dans la connaissance de soi-même, il ne peut donc yavoir réellement d'objet connu séparé du sujet connaissant.

C'est pourquoi, nous dit saint Augustin, aussitôt quel'âme veut sincèrement se connaître, elle se connaît.

Car l'âme se connaît en réalité toujours elle-même : elle ne seconnaît pas uniquement lorsqu'elle s'ignore, c'est-à-dire qu'elle ne se regarde plus elle-même. b) Une âme transparente à elle-même «Cette phrase qu'elle entend : "Connais-toi toi-même", comment l'âme s'en souciera-t-elle, si elle ne sait ni cequ'est "Connais" ni ce qu'est "toi-même" ? Mais si elle sait ces deux choses, elle se connaît aussi elle-même.

Car onne dit pas à l'âme : "Connais toi toi-même", [...] comme on dit : "Connais la volonté de cet homme" ; cette volonténe nous est présente, pour être saisie et comprise, que par des signes corporels qu'il donne ; et encore de tellemanière que nous y croyons plus que nous ne comprenons.

Ce n'est pas non plus comme on dit à un homme :"Regarde ton visage", ce qui ne peut avoir lieu que dans un miroir.

Car notre visage échappe à notre regard, n'étantpas là où l'on peut diriger les yeux.

Mais quand on dit à l'âme : "Connais-toi toi-même", en même temps qu'ellecomprend ce qu'on lui dit, "toi-même", elle se connaît elle-même, sans autre raison que sa présence à elle-même.

»(Saint Augustin, De la Trinité, X, ix, 12) Ainsi donc, l'âme serait intégralement transparente à elle-même.

Sa méconnaissance de soi n'est qu'un oubli desoi-même, dû à l'attirance du corps.

Nous ne nous connaissons pas dans l'exacte mesure où nous nous détournonsde nous-mêmes et que nous nous cherchons dans ce qui n'est pas nous.

Selon Augustin, l'âme devient en effetobscure à elle-même et s'ignore lorsque, poussée par un amour excessif du corps, elle se soumet à ce dernier,inversant ainsi l'ordre normal des choses.

Car alors, «agissant sous l'empire de la concupiscence» et «oublieused'elle-même» (en cela Augustin se souvient de Platon, Phèdre 246 sq), elle s'identifie avec les images du corps.Aussi, impuissante à se séparer de ces images sensibles, elle ne se voit plus elle-même.

Car l'âme «toute intérieurequ'elle soit à elle-même, peut en quelque façon sortir d'elle-même, en projetant ses affections sur ces images,. »

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