La connaissance commune est-elle, pour la connaissance scientifique, un point d'appui ou un obstacle ?
Publié le 30/08/2014
Extrait du document
Autres sujets — La connaissance scientifique n'est-elle qu'une croyance argumentée ? (S, 1989). — La science découvre-t-elle ou construit-elle son objet ? (L, 1992). — Le développement des sciences conduit-il à penser qu'il n'existe aucune vérité définitivement établie ? (L, 1993). — Qu'est-ce que l'histoire des sciences peut apprendre aux philosophes ? (L, 1990). — La science ne fournit-elle que des certitudes ? (ES, 1995). — Qu'est-ce qui fait obstacle au progrès des sciences ? (S, 1994). — Que pensez-vous de cette remarque de Paul Valéry : « Il fallait être Newton pour s'apercevoir que la Lune tombe alors que tout le monde voit bien qu'elle ne tombe pas « ? (S, 1980). |
Analyse du sujet
· Sujet classique d'épistémologie générale, qui suppose, pour être correctement traité, que l'on soit capable de caractériser avec précision « connaissance commune « et « connaissance scientifique «.
· Les buts, les objets, les démarches des deux connaissances évoquées sont-ils semblables ?
· Un recours à Bachelard et à la notion d'obstacle épistémologique sera évidemment bienvenu...
Plan
Introduction
I. — Caractères et buts de la connaissance scientifique
II. — Caractères et buts de la connaissance commune
III. — Conséquence : la connaissance commune comme obstacle épis‑
témologique
«
[1 -Caractères et buts de la connaissance scientifique]
On peut commencer par rappeler, avec Auguste Comte (loi des trois
États) que la connaissance scientifique correspond à une manière nouvelle
de questionner la nature : il ne s'agit plus de se demander pourquoi les
phénomènes se produisent (ce qui entraînait vers une recherche théolo
gique ou métaphysique des causes premières ou finales), il convient
désormais de chercher à comprendre comment ils ont lieu.
Cela signifie que la science, qui répond d'abord à un besoin d'explica
tion de la nature (cf.
document du sujet 18), cherche à découvrir des lois,
qui se situent au-delà des phénomènes et n'apparaissent jamais directe
ment (aucune feuille ne nous donne en tombant une illustration immédiate
de la loi de la chute des corps).
Élaborant ces lois, la connaissance scienti
fique s'intéresse à des phénomènes universels (on le sait depuis Aristote).
En raison de cette visée, la science doit travailler sur des faits recons
truits, intellectuellement maîtrisés : elle ne s'élabore pas à partir des don
nées de la perception ordinaire, qu'elle considère
au contraire, et par prin
cipe, comme trompeuses ou insignifiantes.
L'observation scientifique
implique en conséquence le recours à des moyens d'observation sophisti
qués- dont l'existence elle-même est due à la mise en application tech
nique de théories antérieures.
Dans son histoire, une connaissance scientifique se modifie.
Il existe
une progression des concepts et des théories, qui s'effectue peut -être
davantage par correction d'erreurs antérieures que par accumulation
d'un
savoir entièrement nouveau.
C'est dire aussi bien que la connaissance
scientifique s'accompagne en permanence d'esprit critique.
Aussi la connaissance scientifique est-elle par principe
«modeste», en
ce sens que, quelle que puisse être l'importance d'une découverte ou théo
rie nouvelle, il est sous-entendu qu'elle doit être éventuellement modi
fiable.
Pour la science, il n'y a pas de connaissance authentiquement défi
nitive.
[Il -Caractères et buts de la connaissance commune]
Elle répond aussi à un besoin de savoir, mais autrement orienté : en
quête d'explications globales et définitives, aussi bien que d'explications
concernant des phénomènes singuliers ou extraordinaires.
Elle se fonde avant tout sur
l'« opinion » (qui a pour caractère d'être
anonyme et sans responsable initial repérable), et sur la perception.
Ce qui
l'intéresse n'est pas tant l'ensemble des lois impliquées par les phéno
mènes qu'une explication simple et globale de ce qu'elle perçoit du
monde.
De ce point
de vue, on doit admettre que la connaissance commune
se satisfait des apparences..
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