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LA CONNAISSANCE CHEZ PLATON, DESCARTES, KANT, LOCKE, HUME, BERKELEY

Publié le 26/06/2012

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platon

 

 

La théorie de la connaissance, ou épistémologie, est la plus importante et la plus difficile branche de la philosophie. C'est la plus importante parce qu'elle porte sur tout ce que nous pouvons croire vrai et/ou certain, et de ce fait elle porte aussi sur nos idées morales. Il vaudrait peut-être donc mieux parler de «théorie des idées«, mais dans beaucoup de cas nos idées portent sur ce que nous appelons le monde plutôt que sur nos choix moraux, et donc la théorie des idées se confond souvent avec la théorie de la connaissance scientifique, ou épistémologie. D'autre part, la théorie des idées est le plus difficile sujet philosophique. En effet, la pensée ne s'y applique plus à analyser la vérité et/ou la certitude d'une de ses productions, par exemple la morale, la religion ou les systèmes métaphysiques, mais elle doit maintenant se juger elle-même. Alors, la pensée ne peut plus se contenter de pratiquer ses valeurs, elle doit les expliquer, dire ce qu'est la vérité et la certitude, et pour cela il lui faut énoncer des jugements à propos des valeurs qui inspirent ses jugements. C'est donc un sujet très ambitieux, que nous traiterons longuement. Une preuve de la nécessité d'une théorie de la connaissance est l'histoire des croyances humaines: il n'y a pas de croyance ou de théorie si absurde que personne n'y ait cru, pourvu qu'elle lui ait plu. Même l'histoire des sciences est pleine de théories que les savants ont cru pleinement avant de les repousser complètement. De plus, les hommes veulent imposer certaines croyances et punir ceux qui les refusent. Ainsi le philosophe grec Anaxagoras fut exilé d'Athènes pour avoir soutenu que la lune est un roc. Au 20ème siècle, un professeur du Tennessee fut puni pour avoir enseigné la théorie de l'évolution selon Darwin. Enfin, dans la plupart des pays, il est dangereux de contester l'infaillible sagesse de la doctrine des classes dirigeantes. Malgré les inconvénients éventuels d'une pensée libre, les philosophes ne sont pas disposés à accepter n'importe quelle croyance. Ils veulent comprendre le sens des croyances, et avoir de bonnes raisons d'être certains de ce qu'ils croient. Mais ces bonnes raisons ne peuvent être atteintes que par un examen très intime du mécanisme et du contenu de la connaissance telle qu'on la pratique d'habitude. En effet, par cet examen approfondi, on peut atteindre ce qu'on aime vraiment, on peut comprendre exactement sur quoi peut porter ce sentiment, et c'est le seul moyen d'engendrer des certitudes solides.

 

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« Petite approche linguistique de l'idée de connaissance Une manière en quelque sorte expérimentale de prendre conscience du problème de 1~ connaissance consiste en examiner les circonstances où les mots «connaître» et «savoir» sont employés.

L'usage populaire.

D'habitude, on dit que l'on connaît sans s'être livré à un examen sérieux.

Ce serait d'ailleurs très fatigant, car il y a une infi­ nité de choses que nous croyons connaître plus ou moins.

Dans l'ensem­ ble, nous disons connaître ce qui nous semble «vrai», sans que ce mot lui-même ait un sens très précis.

Par exemple, deux personnes discutent du dernier Tour de France, et l'une dit: «Je sais que Mercx a gagné».

Elle pense que cela est vrai, ou qu'elle «connaît» le vainqueur, mais cette affirmation est probablement hasardeuse: il y a des gens aux opinions très affirmées et très fausses, et il y a aussi beaucoup de gens qui n'atta­ chent pas un sens très précis à leurs affirmations.

En fait, le «savoir» est souvent une opinion qui équivaut à des affir­ mations moins catégoriques comme «croire» ou «penser».

Ainsi, celui qui «sait» que le vaccin anti-polio de Salk est efficace ne fait que le croire, à la suite d'une lecture dans un journal de l'opinion d'un spécialiste, ...

qu'on croit compétent.

Quand on nous demande si Dupont viendra et que nous répondons: «Je sais que oui», c'est probablement un raccourci pour: «Je pense que oui, car il me l'a dit, et semblait en avoir fermement l'intention».

Même si on est honnête et averti des risques d'erreur, on est généralement obligé de se contenter de ce genre de connaissances.

De plus, on a souvent des raisons d'aller au-delà de ce qui est à peu près sûr.

Par exemple, le joueur qui «connaît» le prochain numéro gagnant ne fait qu'exprimer un vif espoir.

Ou encore, le politicien qui «sait» que son parti va gagner les élections ne fait qu'inciter les électeurs à voter pour leurs prochains maîtres.

L'usage philosophique.

Le «savoir» au sens banal ne résisterait pas à un examen critique.

Mais cela veut-il dire qu'il n'y a pas possibilité de «savoir» tel qu'on ne puisse le contester sérieusement? Est-ce que toute connaissance n'est qu'une opinion plu tôt incertaine? C'est ce que croient les *sceptiques, qui ne sont d'ailleurs pas tout à fait sûrs de la valeur de leur opinion! En effet, avant de répondre à une telle question, il faut analyser le sens de «certain» ou de «connaître».

D'autres pensent qu'il y a des vérités et des certitudes.

Une bonne partie du problème de la connaissance se trouve dans ces questions et leurs réponses.

Pour illustrer les hésitations qui peuvent en résulter, proposons une anecdote: Au procès qui suivit un accident de la circulation, il était essen­ tiel de savoir si un feu de croisement était au rouge ou au vert.

Un témoin affirmait qu'il était au rouge.

Le témoin de la partie adverse, un philo-. »

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