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La conception « techniciste » de la formation professionnelle

Publié le 04/09/2015

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Il l’aura d’autant moins que la manière dont cet enseignement est distribué lui donne l’impression qu’il n’est pas fait pour lui : l’histoire littéraire ou politique, les problèmes scientifiques ou sociaux, c’est bon, pensera-t-il, pour les élèves des lycées ou des facultés qui se destinent à des professions dans lesquelles ce savoir est utile : pour lui, il est complètement en marge de sa vie.

 

Aussi cet enseignement sera-t-il complètement négligé. Ceux qui l’ont mis au programme auront cru faire beaucoup pour élever le niveau intellectuel du futur ouvrier. En fait, le résultat sera à peu près nul.

 

Conclusion : Ce que devrait être un apprentissage humain des techniques. — Il n’y a qu’un moyen de rendre efficaces les enseignements de culture générale prévus au programme des apprentis : les organiser autour de la profession qu’on prépare. « L’activité des apprentis est dirigée vers leurs métiers. C’est donc le métier qui s’impose tout naturellement comme « centre d’intérêt «... Les travaux à l’établi et à la machine fournissent de nombreuses occasions pour expérimenter les règles et les lois de la géométrie, de la mécanique et de la technologie. De même, les questions posées par le métier peuvent servir de bases à un grand nombre d’opérations et de problèmes d’arithmétique... De même, les leçons de géographie sont axées sur le métier. ElTes débutent par l’étude de la région, l’influence de son climat, de sa situation, de ses voies d’accès et de ses ressources sur les métiers régionaux «, etc. On voit comment, tout en formant le travailleur d’une profession, on peut maintenir à l’esprit cette ouverture qui fait l’homme.

« DE LA LITTÉRATURE A LA PHILOSOPHIE 29 et les matières premières.

Comment préparer les ouvriers de demain? Gomment organiser l'apprentissage P Il est de ce dernier une conception« techniciste n que nous allons expo·ser; ensuite, nous la discuterons.

l.

- ExPosÉ.

A.

Le te:chnicisme.

- a) Une technique con•siste dans l'ensemble des procédés de production ou, d'une façon plus large, des procédés aptets à obtenir un but pratique déterminé.

Ainsi, il y a une technique du fer et une technique du bois, une technique de la pro.spection des terrains pétro­ lifères, une technique de la publicité et de la propagande; il y a aus8i une technique de la dis·sertation, de l'art orf!!toire, du travail scienti:fique.

Mais, lorsque le terme e·st employé absolument, il désigne la technique indus­ trielle constituée par l'ensemble des méthodes destinées à obtenir le pro­ duit le meilleur po·s·sible et le plu:& économiquement po8,sible.

Ainsi, la technique diffère de la science : tandis que celle-ci ne vise qu'à faire comprendre et à faire connaitre, la technique es•t orientée vers l'action et la pr-oduction.

La science consiste dans un savoir; la technique dans un savoir faire.

b) On entrevoit par là ce que peut être le « technicisme n.

Le suffixe isme, en effet, marque :souvent l'exclu8ivisme d'une théorie qu1 ne voit qu'un côté des choses: c'es·t ainsi que .g'opposent étatisme OUJ socialisme et individualisme, classicisme et romantisme, tra·ditionalisme et moder­ nisme ...

Par suite, le technici8mc •se caractérise par tendance, dans l'orga­ nisation du travail industriel, à ne tenir compte que des proeédés matériels d'exécution ou du moins à les mettre au premier plan de SC·s préoccu­ pationB.

L'esprit « technicistc " sc préoccupe de précis.er rigoureusement comment l'ouvrier doit tenir son outil et quelle doit être l'allure de selS mouveme'!lts poUJr que le rendement atteigne le maximum et que l'ouvrage soit impeccable; il fait abstraction des intérêts humains et moraux du tra­ vailleur, qu'il ne considère, en tant que technicien, que comme un instru­ ment de produc,tion.

B.

L'app,rentis·s,age H techniciste n.

- Il est fac.ile dès lor" de dire ce que sera un apprentissage organisé dans l'esprit du " technicisme "· Il y aura un apprenti~sage.

En effet, ce n'est pas tout apprentissage qu'exclut le " technicisme n, ainsi qu'on p·ourrait le cro·ire à une lecture rapide du texte reproduit dans l'énoncé de notre ~Sujet, mais une forme particulière d'apprentios•sage : celle qui relie la culture générale aux connais­ sances profe,ssionnelles.

En effet, un ouvrier spécialiste ne s'improvise pas; il a besoin d'apprendre son métier, mais le techniciste ne voit pas au-delà de cet apprentiSlsage.

Celui-ci consistera uniquement à se familiariser avec les techniques du métier.

Inutile de poursuivre la formation humaine que donne l'étude de la langue, de l'histoire, de-s sciences : comme il ne s'agit que de préparer de bons producteUJrs, ce serait là exercices superflus : ce n'est pas parce qu'il goûtera la poésie Eymbolique qu'un ajusteur aura un coup de lime plus précis.

Il n'est même pas opportun de relier la culture géné­ rale acquise antérieurement aux connaissances professionnelles accumulées à l'époque de l'apprentissage : le temps n 'e•st plus, s'il fUJt jamai.s, de philo-. »

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