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La cohésion d'une société ne repose-t-elle que sur les échanges économiques ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

  • Analyse du sujet

 

·        Eléments de définition

Cohésion = Force en vertu de laquelle les différentes parties d'un corps adhèrent les unes aux autres. Caractère d'une chose dont toutes les parties sont unies.

 

Société =

1-     Au sens large, tout ensemble organisé d’individus – humains ou animaux – unis par des relations d’interdépendance (rapport réglés, services).

2-     Au sens strict : groupe d’individus humains dont les relations d’interdépendance sont réglées par des institutions – plus ou moins conventionnelles – et même par des sanctions.

3-     « La société « = le milieu humain organisé dans lequel tout homme se trouve intégré.

 

Echanges = Acte économique aboutissant à la cession d’un bien ou d’un service avec une contrepartie.

Economie = Du grec oikonomia qui signifie « administration de la maison «. Art de gérer des biens. Gestion évitant les dépenses inutiles.

·        Angles d’analyse

→ C’est précisément parce qu’il y a une certaine cohésion de la société, d’où elle tire son unité, que la société n’est pas qu’une somme, qu’un agrégat d’individus attachés entre eux par un lien purement extérieur. La cohésion sociale est donc le principe de toute société, c’est-à-dire de toute communauté d’individus rassemblés entre eux de manière intérieure et non pas simplement extérieure. La cohésion sociale est donc, par conséquent au fondement de toute société constituée comme telle (c’est-à-dire comme tout transcendant la simple somme de ses parties).

→ Or, dans le même temps, il semble bien que l’échange principal qui unit les individus est précisément l’économie, ou plus précisément, le besoin dans lequel se trouve chacun d’avoir recours au travail d’autrui. L’économie, fondée sur l’échange des biens issus du travail de chacun, apparaît donc comme le moteur de constitution de toute communauté.

→ En ce sens, l’on pourrait dire que les échanges économiques sont au fondement de la cohésion sociale, puisque c’est à travers eux que toute société se forme, et donc que toute cohésion sociale est possible.

→ Pourtant, réduire la notion de cohésion, de lien social au seul intérêt économique, et finalement à la seule utilité (je vois l’autre comme utile car je vais pouvoir échanger avec lui), n’est-elle pas inapte à nous faire comprendre, apercevoir, le lien profond qui engendre une société comme telle ?

→ Il s’agit donc ici de se demander si une société, comme groupe soudé, ne se conserve que pour autant que les individus qui la composent sont capables de commercer entre eux.

→ C’est donc bien la nature même du lien social, de la cohésion sociale (en tant que la société n’est pas seulement un agrégat dans lequel les parties sont liées de façon purement extérieures) qui est ici mise à la question et qu’il va s’agir de déterminer.

 

  • Problématique

 

            La communauté des individus qui vivent en société est faire d’une multitude de communautés : familiales, amicales ou professionnelles, constantes ou seulement momentanées, ces relations sont motivées par des nécessités ou par des choix ; elles ont donc une « finalité «, le but pour lequel elles sont réalisées. Mais qu’est-ce qui lie les citoyens entre eux ? Connaître la particularité de ce lien serait savoir à quoi il sert, mais ce qui fait le lien social, est-ce seulement un calcul d’intérêts économiques ? Pourquoi donc une société se constitue en groupe soudé capable de perdurer dans le temps ? Les échanges économiques sont-ils suffisant pour déterminer l’essence même de ce lien profond qui unit les hommes d’une même société ?

 

« · Les communautés humaines sont tantôt directement naturelles (pour assurer la survie et la fonction dela reproduction, les hommes fondent des foyers), tantôt le produit d'un choix (les relations amicales,par exemple) ; la permanence qui caractérise la vie proprement civile parait justifiée par l'impossibilitépour chaque foyer de vivre en autarcie complète : des dépendances mutuelles compensent cesmanques par l'organisation des activités économiques. · Chacun en effet, pris individuellement, se trouve dans le besoin du travail de l'autre, ne serait-ce queparce que chacun à des compétences particulières ( Platon , tout le monde n'est pas doué pour les mêmes choses, et c'est précisément ce qui rend non seulement possible mais nécessaire une allianceentre les individus en vue de leur survie). · La société, en tant qu'elle forme un tout cohérent et uni, a donc pour fondement (c'est-à-dire encorerepose sur) les échanges économiques tels qu'ils sont permis par l'alliance des talents en vue deséchanges de biens. · A ce propos, la monnaie (moyen conventionnel de conférer une proportion entre les différentesparties de l'échange) apparaît bien comme ce qui lie économique les individus d'une même société. · Il semble donc qu'il faille effectivement chercher l'origine de toute société dans la nécessité del'échange économique en vue de la survie de chacun. · Mais, finalement, si la source de l'association sociale est bien l'échange économique, il est paradoxalement ce qui garantit la survie individuelle : l'homme se regroupe uniquement pour assurersa survie individuelle.

Mais dans ce cas précis, de quelle cohésion est-il question ? · En effet, la cohésion sociale ce n'est pas simplement la société ; c'est au contraire ce qui fait qu'unesociété fait corps et non pas simplement agrégat.

Il semble donc que les échanges économiques, entant qu'ils apparaissent comme besoin de première nécessité, soient à dépasser si l'on veutcomprendre le lien fondamental qui unit les individus d'une même société. · Le capitalisme constitue la structure économique contemporaine mondiale, si donc les échangeséconomiques étaient vraiment le fondement de la cohésion sociale, alors il n'y aurait qu'une seule etmême société, les individus se reconnaissant suffisamment dans le modèle capitaliste pour fusionner enensemble.

Or, ce n'est pas le cas, chaque nation garde son identité propre, c'est donc précisémentque les échanges économiques n'agissent pas comme fondement de la cohésion de la société (mêmes'ils peuvent être à l'origine du regroupement en société). II- Distinction entre moteur premier et fondement : la cohésion sociale ne s'obtient que par dépassement dela nécessité économique · Est-ce donc uniquement par nécessité ou par calcul que cette communauté se maintient ? Ce n'estsans doute pas par un sentiment altruiste a priori que les hommes vivent ensemble ; mais une foisorganisée en société, leur vie acquiert une dimension spécifique, parce qu'elle doit permettrejustement plus que la survie : une vie de famille peut suffire à la survie, mais la vie sociale permetd'autres relations, donc de réaliser une autre dimension de l'humanité. · En effet, une fois réalisée, une société n'est pas un simple agrégat d'individus ; elle les inscrit dans uneperspective qui n'est pas seulement de survie immédiate, mais d'échanges, de réseaux d'activités ;l'individu acquiert un sens social, où ce qu'il est est aussi déterminé par ce qu'il fait.

C'est alors dans lasphère sociale que peut se déployer la moralité des actions, et que la question de la justice apparaît. · Un lien social n'est donc pas seulement le réseau des rapports entre individus et des dépendancesdéterminées par une constitution, un régime de pouvoir.

L'identité de chacun s'y constitue.

Cettecommunauté peut alors devenir une fin en elle-même, quand ce lien est l'intérêt général : si tous ontbesoin de tous les autres, alors tous ont pour objectif le maintien en vie de la communauté.

Ce lienentre citoyens devrait alors même pouvoir ressembler à l'amitié selon Aristote (Politique, Livre I, ch. 2). · On comprend alors que si la nécessité économique motive le regroupement des individus en unesociété, la cohésion sociale ne repose pourtant pas sur cette nécessité : cette cohésion estprécisément engendre par le dépassement de l'intérêt privé, transcendé par l'intérêt général, qui donccrée un véritable lien interne entre chaque individu.

Les échanges économiques ne sont donc pas aufondement de la cohésion sociale qui repose, au contraire, sur leur dépassement. III- La nature du lien social. »

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