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La classification des désirs ÉPICURE

Publié le 05/01/2020

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La classification des désirs

ÉPICURE (341-270 AV. J.-C.)

Selon la nature, le désir est limité : seule l'âme est susceptible de déraisonner, et non le corps. Il faut donc, pour atteindre le bonheur défini par l'ataraxie* (absence de troubles), distinguer les désirs et leur donner la satisfaction qu'ils méritent en revenant à la mesure définie par la nature.

Maintenant, il faut parvenir à penser que, parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres sont vains. Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres simplement naturels. Parmi les désirs nécessaires, les uns le sont pour le bonheur, d’autres pour 5 le calme du corps, d’autres enfin simplement pour le fait de vivre. En effet, une vision claire de ces différents désirs permet à chaque fois de choisir ou de refuser quelque chose, en fonction de ce qu’il contribue ou non à la santé du corps et à la sérénité de l’âme, puisque ce sont ces deux éléments qui constituent la vie 10 heureuse dans sa perfection. Car nous n’agissons qu’en vue d’un seul but : écarter de nous la douleur et l’angoisse. Lorsque nous y sommes parvenus, les orages de l’âme se dispersent, puisque l’être vivant ne s’achemine plus vers quelque chose qui lui manque, et ne peut rien rechercher de plus pour le bien de l’âme 15 et du corps. En effet, nous ne sommes en quête de plaisir que lorsque nous souffrons de son absence. Mais quand nous n’en souffrons pas, nous ne ressentons pas le manque de plaisir.

Épicure, Lettre à Ménécée, § 127-128, Éd. Hatier, coll. « Les classiques Hatier de la philosophie », trad. P. Pénisson, 1999, pp. 10-11.

« POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE La classification opérée par Épicure dégage trois grandes familles de désirs : Les désirs naturels et nécessaires (1.

3-6) tendent à l'apaisement d'une douleur.

Leur satisfaction est vitale mais aisée, et elle produit l'équilibre du corps, donc de l'âme également.

Les désirs naturels peuvent être néces­ saires à la vie même (faim, soif, etc.), au bien-être du corps (vêtements, abris, etc.) ou au bonheur (philosophie, amitié).

-Les désirs naturels mais non nécessaires (« simple­ ment naturels », 1.

3) font varier la volupté, mais doivent être l'obfet d'un usage modéré.

Ce sont principalement le désir sexuel et le désir de contempler des belles choses, c'est-à-dire le désir esthétique.

Les désirs ni naturels ni nécessaires sont les désirs « vains » (1.

2) qui détruisent toujours l'équilibre du corps et de l'âme, car étant illimités par nature, ils ne sont sus­ ceptibles ni d'un usage modéré ni d'une satisfaction pos­ sible.

Il s'agit avant tout du désir d'immortalité, mais aussi du désir de gloire et autres passions sociales.

C'est en fonction de la classification opérée qu'il faudra « choisir» ou « refuser» telle ou telle chose (1.

7).

Le but d'atteindre la vie bienheureuse (« heureuse dans sa per­ fection ») suppose l'absence de troubles dans l'âme et dans le corps (1.

6-10).

Aussi Épicure propose+il pour le sage un idéal d'autarcie : le manque est une forme de dou­ leur qui trouble l'âme (1.

10-17).

Il s'attache à conjurer l'angoisse (1.

11), c'est-à-dire la crainte de la mort (qui n'est rien pour nous) et celle des dieux (qui sont indifférents).

D'une manière générale, moins ils sont nécessaires, plus les désirs sont difficiles à contenter.

S'abandonner au désir vain, formé par l'opinion et non exprimé par le corps, c'est se condamner à le poursuivre à l'infini en méconnaissant la limite immanente* du désir naturel : c'est sortir du désir pour s'assujettir à l'opinion.

C'est se tromper sur la nature du désir, mais c'est aussi se tromper sur la nature de la vie bienheureuse, car le plaisir ne peut jamais être plus intense que lorsqu'il correspond à l'élimi­ nation de toute douleur, c'est-à-dire à l'ataraxie*.. »

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