la certitude d'avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ?
Publié le 09/04/2005
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Elle rend l'orateur plus convaincant sur un sujet que celui qui connaît à fond ce sujet, et ferait presque prendre l'âne pour un cheval. En ce sens, la rhétorique se confond avec la sophistique. Le sophiste prétend à un savoir universel ; expert en l'art de rendre habile à parler sur tout, il ne rend pas véritablement savant sur tout, mais en donne l'apparence.■ La sophistique, comme la rhétorique, est une flatterie, imitation néfaste d'arts utiles fondés sur un véritable savoir : législation, justice. La sophistique, comme la rhétorique, veut, sans souci de justice, montrer parla parole et par l'action le plus d'efficacité dans les affaires de l'État. Tel est le paradoxe dont la dernière partie du devoir doit tenter de nous faire sortir: La conviction d'avoir raison sape tout dialogue du fait de l'intolérance et/ou de l'aveuglement qui ne permet pas de prendre en ligne de compte le point de vue d'autrui. Et, d'un autre côté, l'absence de conviction, de certitude amène au relativisme du "tout-se-vaut". On développera cet argument avec la thèse de Protagoras: "L'homme est la mesure de toute chose". Synthèse: Dialogue authentique et dialectique.Les dialogues (tous écrits) de Platon mettent en scène Socrate s'entretenant avec des figures dominantes de la vie politique et intellectuelle d'Athènes, à propos de la vertu (Ménon), de l'amour (Le Banquet) ou encore de la rhétorique (Gorgias).
Nous pouvons ressentir quotidiennement des situations de crise où, parce que les protagonistes restent campés sur leurs positions, tout compromis est impossible, tout dialogue inconcevable. Le dialogue est un discours à plusieurs voix cherchant la vérité universelle, et présupposant, entre ceux qui parlent et se répondent, une raison commune. A l’inverse, il est également flagrant de constater à quel point le manque de certitudes rend le dialogue inintéressant. Dès lors, nous pouvons nous demander si la certitude sert ou dessert la tenue effective du dialogue. Nous verrons dans un premier temps en quoi les convictions sont indispensables à l’échange, puis, dans un deuxième temps, pourquoi l’acceptation de la critique est néanmoins nécessaire et, dans un troisième temps, comment abuser des convictions peut éloigner de la vérité.
«
d'une chose ne repose donc plus sur une définition postulée, comme en mathématique : sa connaissance neprésuppose aucun acquis préalable ; elle est inconditionnelle.
Sa méthode est donc anhypothétique (sanshypothèse, sans présupposé), et son savoir absolu.
Le dialecticien aperçoit en même temps ce que les choses d'une même espèce ont en commun et ce qui distingueles espèces entre elles.
La dialectique consiste en un double mouvement de rassemblement et de division del'essence des choses.
Manipulant les notions des choses, la dialectique est ainsi la science des idées.
Textes à étudier:
« Excellent ami! tu essaies de me réfuter par des procédés rhétoriques, semblables à ceux qu'on utilise dans lesassemblées.
Là un orateur croit réfuter son adversaire lorsqu'il peut produire contre lui en faveur de sa thèse destémoins nombreux et considérés, tandis que l'autre n'en a qu'un seul ou aucun.
Mais ce genre de démonstration n'aaucune valeur relativement à la vérité.
Il peut arriver en effet qu'un juste succombe sous des faux témoignagesnombreux et apparemment autorisés.
Et sur la question dont tu parles, à peu d'exceptions près, tu obtiendrasl'accord de tous les Athéniens et de tous les étrangers si tu les appelles à témoigner que je ne dis pas la vérité ( ..
)Mais moi, même tout seul, je ne me rends pas, car toi tu ne fais rien qui m'y oblige.
Tu produis seulement contre moides faux témoins nombreux pour tâcher de m'arracher ce que je pense et qui est vrai.
Moi au contraire, si jen'obtiens pas ton témoignage à toi et lui seul en faveur de ce que j'affirme, je reconnais n'avoir pas apporté desolution à notre débat; et toi tu n'as rien obtenu non plus si tu n'obtiens pas mon seul acquiescement au lieu decelui de tous tes autres témoins.
Il y a donc deux sortes de démonstration; l'une de laquelle tu te satisfais, toi etbeaucoup d'autres, la seconde qui est la mienne.
» Platon, « Gorgias », 47le-472c
« Socrate : L'écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture.
Les produits de la peinture sontcomme s'ils étaient vivants ; mais pose-leur une question, ils gardent gravement le silence.
IL en est de même desdiscours écrits.
On pourrait croire qu'ils parlent en personnes intelligentes mais demande-leur de t'expliquer ce qu'ilsdisent, ils ne répondront qu'une chose, toujours la même..
Une fois écrit, le discours roule partout et passeindifféremment dans les mains des connaisseurs et dans celles des profanes, et il ne sait pas distinguer à qui il faut,à qui il ne faut pas parler.
S'il se voit méprisé ou injurié injustement, il a toujours besoin du secours de son père ;car il n'est pas capable de repousser une attaque et de se défendre lui-même.Phèdre : C'est également très juste.Socrate : Mais si nous considérions un autre genre de discours, frère germain de l'autre, et si nous examinionscomment il naît et combien il est meilleur et plus efficace que lui ?Phèdre : Quel discours ? Et comment naît-il ?Socrate : Celui qui s'écrit avec la science dans l'âme de celui qui étudie, qui est capable de se défendre lui-même,qui sait parler et se taire suivant les personnes.Phèdre : Tu veux parler du discours de celui qui sait, du discours vivant et animé, dont le discours écrit n'est àproprement parler que l'image ? » Platon.
Nous pouvons ressentir quotidiennement des situations de crise où, parce que les protagonistes restent campés surleurs positions, tout compromis est impossible, tout dialogue inconcevable.
Le dialogue est un discours à plusieursvoix cherchant la vérité universelle, et présupposant, entre ceux qui parlent et se répondent, une raison commune.A l'inverse, il est également flagrant de constater à quel point le manque de convictions rend le dialogueinintéressant.Dès lors, nous pouvons nous demander si la conviction sert ou dessert la tenue effective du dialogue.
Nous verronsdans un premier temps en quoi les convictions sont indispensables à l'échange, puis, dans un deuxième temps,pourquoi l'acceptation de la critique est néanmoins nécessaire et, dans un troisième temps, comment abuser desconvictions peut éloigner de la vérité.
Un monde véritablement humain ne pourrait se défaire du dialogue, là où la parole prend réellement son sens.
Eneffet le monde commun, composé d'entrelacements de différences, consacre la nécessité d'une vie sociale propre àl'humanité.
Or, parler, c'est échanger et donc se situer sur le plan intersubjectif, s'ouvrir la perspective d'une viesociale et se placer dans la société.
Le dialogue entre deux ou plusieurs individus est donc avant tout une volontéd'échange, volonté partagée et donc ouvrant sur la possibilité d'une communication, d'un enrichissement mutuel.C'est là la pensée de Merleau-Ponty, philosophe français su XXe siècle, lorsqu'il écrit : « Dans l'expérience du.
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