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La certitude d'avoir raison est-elle un indice suffisant de la vérité ?

Publié le 10/03/2005

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La pensée est au service de l'action. Les idées ne sont que des outils dont nous nous servons pour agir : l'idée vraie c'est celle qui paie le mieux, celle qui a le plus de rendement, qui est la plus efficace. Pour apprécier la valeur de cette théorie il faudrait savoir quel sens donner aux formules de James. L'idée vraie c'est l'idée utile. Mais que veut dire « utile « ? Faut-il prendre le mot au sens de vérifiable ? En ce cas le pragmatisme est très acceptable. Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées « et aux évidences pures, reconnaissait qu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont l'événement le doit punir bientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet. « Malheureusement le mot « utile « tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague. James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière.

L'adhésion au faux laisse toujours une place au doute. Seule l'idée vraie peut être cause de certitude. La certitude immuable de la raison est un indice suffisant de vérité.

MAIS...

Le seul indice de vérité suffisant est l'efficacité pratique d'une construction intellectuelle ou le fait qu'une théorie soit confirmée par l'expérience. La certitude n'est jamais que le sentiment du vrai, et non la vérité en elle-même.

« L'essentiel pour atteindre la certitude d'avoir raison réside dans laméthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie àl'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sapensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale,savent également marcher, il semble clair à Descartes que certainss'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorted'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou unphilosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de latradition, rien ne saurait être plus important que de ne pas s'égarerdans les terres inconnues à découvrir.Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de laméthode :« Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâceauxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposerontjamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en effortsinutiles, mais en accroissant progressivement leur science, à laconnaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.

»« Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : ï?± La certitude (l'élimination de l'erreur) ; ï?± La facilité et l'économie d'efforts ;ï?± La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;ï?± La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peuthumainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets deconnaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du « Discours » enfournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a pousséà sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.Bon élève dans un excellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose,quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immiscedans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Ilcherchait, et l'éducation lui promettait « la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie »,mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, entâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance ».L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et laméthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système depensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d'Aristote repensé par le christianisme.

Lecartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de laraison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. [On peut être complètement dans l'erreur tout en étant persuadé de détenir la vérité.

La certitude n'estqu'un simple état psychologique.

Elle n'est pas un indice de vérité et n'entretient avec elle aucun liennécessaire.

Il n'y a de vérité que dans les règles de construction d'un objet, que dans l'efficacité d'une idée.] La certitude est bien souvent trompeuseLa conception de la vérité comme certitude d'avoir raison peut être dangereuse.

Car l'évidence est maldéfinie.

Nous éprouvons un sentiment d'évidence, une impression.

Mais devons-nous accorder à cetteimpression une valeur absolu ? Descartes a senti la difficulté puisque après avoir affirmé que nos idées claires& distinctes sont vraies il reconnaît « qu'il y a quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nousconcevons distinctement ».En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car on peut secroire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et très sincère decertitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une grave objection à la théorie de l'évidence-vérité.Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences, C'est ici qu'un critère serait nécessaire.Descartes disait Leibniz, « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous en donner. »

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