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La Boétie et la liberté _ le «paradoxe de la tyrannie»

Publié le 13/09/2015

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«[...] c’est le peuple qui s’asservit, qui se coupe la gorge, qui, ayant le choix ou d’être serf ou d’être libre, quitte la franchise et prend le joug, qui consent à son mal, ou plutôt le pourchasse. » La Boétie.

«[...] cela est, comme je crois, hors de doute que, si nous vivions avec les droits que la nature nous a donnés et avec les enseignements qu’elle nous apprend, nous serions naturellement obéissants aux parents, sujets à la raison et serfs de personne. »

 

«[...] des hommes sont contents d’endurer du mal pour en faire, non pas à celui qui leur en fait, mais à ceux qui en endurent comme eux, et qui n’en peuvent mais. »

La Boétie: «[...] ce seul tyran, il n’est pas besoin de le combattre, il n’est pas besoin de le défaire, il est de soi-même défait, mais que le pays ne consente à sa servitude; il ne faut pas lui ôter rien; il n’est pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi.

 

Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le souteniez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre. »

« Discours sous le titre du Contr'un obtiendra une cer­ taine notoriété : le texte en sera diffusé par les publicis­ tes protestants qui voyaient en lui, et à tort sans doute, une des critiques les plus violentes qui soient de la mo­ narchie française.

Ce dont La Boétie, dans cet ouvrage, se fait, en réalité, le critique, c'est de toutes les formes de tyrannie et c'est en cela que réside l'éternelle force de ce texte.

La thèse de La Boétie, le titre de son ouvrage la résume parfaitement: si la servitude existe, c'est qu'elle est volontaire, c'est que les individus qui la subissent en réalité la désirent.

Tout le Discours procède en fait d'une question que La Boétie pose d'entrée.

Question qui, dans sa simpli­ cité et son évidence même, semble avoir échappé à toute investigation : «lettre volée» de la pensée politi­ que.

Comment un homme seul, le tyran, peut-il impo­ ser sa loi à la multitude d'un peuple? A les considérer enfin en face, le pouvoir et la tyrannie sont inexplica­ bles et personne, pourtant, de cet inexplicable ne s'étonne, tant notre capacité de réflexion critique est usée par l'habitude et réduite par notre manque d'au­ dace intellectuelle.

C'est cet «inexplicable» que La Boétie se propose d'expliquer pour pouvoir le réduire et le combattre.

«L'homme est né libre, partout il est dans les fers», écrira bien plus tard Rousseau : même scandale que la raison seule peut résoudre.

A tous les égards, la tyrannie est incompréhensible.

Elle est incompréhensible parce que, comme l'affirme La Boétie bien avant le Kant de Qu'est-ce que les Lumières?, l'homme est un être de raison et de liberté qui trouve en lui-même les armes de son émancipation, les moyens d'une positive sortie hors de toutes les tutelles et de toutes les minorités :. »

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