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LA BIOLOGIE PEUT-ELLE S'APPLIQUER À L'ÉTUDE DU VIVANT?

Publié le 19/03/2014

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LA BIOLOGIE PEUT-ELLE S'APPLIQUER À L'ÉTUDE DU VIVANT?

I La vie n'est pas de l'ordre du concept

Comment penser l'originalité absolue du vivant par rap¬port à la matière inorganique ? L'extrême complexité du vivant rend sa connaissance scientifique difficile. Dans La Connaissance de la vie, Canguilhem souligne le paradoxe du « vivant séparé de la vie par la science et s'essayant à rejoindre la vie à travers la science «. Ce vivant savant qu'est le biolo¬giste forge, en effet, des concepts pour appréhender ce qui n'est 

biologie

« la science vitale et lui enlever tout son caractère .

» Quoi qu'il en soit, le savant doit garder à l'esprit que la vie n'est pas réductible à son traitement scientifique.

l'HOMME SE RËDUIT-IL À SON CODE GËNËTIQUE? I L'homme n'est pas qu'un code génétique: il est un être de culture La notion de code a une connotation linguistique, mais les biologistes sont bien en peine de définir la syntaxe et la sémantique du vivant.

Les macromolécules dans les orga­ nismes ne parlent pas plus un langage à travers le code géné­ tique que les sphères célestes à travers les formules de Kepler ou de Newton .

La langue qu'elles parlent n'est pas faite de mots ...

tout juste de signes impersonnels qui ne communiquent rien à personne, mais qui disent quelque chose d'important sur eux-mêmes et les conditions de leur réception .

Mais l'homme ne se réduit pas à son code géné­ tique, à ce que les sciences biologiques peuvent nous en dire.

L'homme est aussi un être de culture qui semble par­ ler pour dire quelque chose.

1 L'homme se vit comme un sujet autonome Les psychanalystes répondront que le « sujet » peut bien parler, mais qu'il dit autre chose que ce qu'il croit dire, que « ça » parle à travers lui.

Autrement dit, « ça » parle au lieu d'une personne et il n'y a personne là où l'on attend et entend une personne .

« Ça» parle d'une manière chiffrée et il y a là comme un discours sans sujet et qui ne s'adresse à personne.

Mais ce n'est pas parce que ce que le « sujet » dit n'est pas le discours de la vérité qu'il faut nier la réalité de la personne qui se révèle et s'entend dans ses erreurs et ses leurres, mais qui, par là, peut-être advient.

Tout le but de la cure analytique est, comme l'indique Freud, de faire advenir le «je » : « Wo Es war soll !ch werden » (Là où était le ça, «je » doit advenir) .

L'homme n'est pas un objet ou une chose, il est une personne qui imagine, sent, souffre, jouit, qui a des intentions, des projets, qui se vit comme un sujet autonome et responsable.

Les sciences du vivant peuvent bien, par souci méthodologique, éliminer l'expérience subjective de notre intentionnalité, elles n'auront pas le dernier mot •. »

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