L’opinion doit-elle être le guide du pouvoir politique?
Publié le 01/05/2015
Extrait du document
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moins, dans l’opinion publique, une majorité et une minorité.
De la sorte, elle
demeure liée à des intérêts, soit singuliers, soit de groupe ou de classe, mais elle ne
se préoccupe pas, en quelque sorte par définition, de ce que peut être, du point de
vue politique, l’intérêt général.
Or, c’Est-ce dernier que doit considérer le pouvoir
politique, tel du moins qu’on le conçoit dans une démocratie.
Il semble donc qu’un
pouvoir qui prendrait l’opinion pour guide oublie son devoir premier.
II- C’est le pouvoir démagogique qui prend l’opinion pour guide:
A- La démagogie, classiquement, cherche à flatter l’opinion:
Tout pouvoir risque de déclencher des refus, ou l’hostilité de ses sujets ou
citoyens, notamment lorsqu’il ne tient pas compte de l’opinion des groupes qui y sont
les plus puissants ou les plus remuants (sinon les plus rapides à réagir).
Mais le
pouvoir, lorsqu’il veut ménager l’opinion majoritaire, soit en la flattant, soit en
abondant dans son sens, est classiquement qualifié de démagogique: le démos (le
peuple) y agit par le biais du pouvoir officiellement établi.
Dans ces conditions, le
pouvoir est impuissant à imposer des décisions que l’opinion dominante
comprendrait mal, ou peu; autant dire que le pouvoir n’est plus grand-chose et qu’il
renonce à s’exercer.
B- La démagogie est une perversion de la démocratie:
Le pouvoir démagogique apparaît comme une perversion de la démocratie.
Dans les deux cas, c’est pourtant, semble-t-il, le peuple qui « commande ».
Mais
lorsqu’il y a démagogie, c’est l’opinion du peuple qui compte, alors que dans la
démocratie, ce doit être son « intérêt général ».
Celui-ci ne peut correspondre à
l’opinion dans la mesure où celle-ci ne tient compte que d’intérêts particuliers: c’est
donc en réalité toujours au profit de quelques-uns que le pouvoir démagogique
travaille, alors que le pouvoir démocratique doit travailler pour tous.
Mais on voit
pourquoi la démocratie est difficile: elle heurte comme par nature des opinions plus
ou moins établies dans le peuple.
Comment nier que ce dernier paie ses impôts sans
enthousiasme? Le démagogue a beau jeu de lui promettre leur allégement au
moment où une démocratie peut avoir sérieusement besoin d’en lever davantage.
C- Le pouvoir peut il se fier aux formulations de l’opinion?
Dans les sociétés actuelles, le pouvoir politique se préoccupe inlassablement
de l’opinion des citoyens: sondages et enquêtes se succèdent pour cerner l’opinion
publique à propos de décisions, prises ou éventuelles, de choix lors d’élections plus
ou moins imminentes, ou même de la « popularité » des dirigeants.
La critique du
principe même de tels sondages est connue: leurs résultats n’indiquent, au mieux (et
en admettant que les questions posées n’influencent pas les réponses, que les
personnes interrogées répondent sincèrement, que le fait d’être interrogées ne les
invite pas à accentuer leur opinion dans un sens ou dans un autre, etc.), qu’un
moment de l’opinion publique, susceptible de se modifier à court ou moyen terme.
D’où les démentis infligés à ces sondages lors d’élections dont les résultats infirment
ce que l’on avait cru être en mesure de prévoir.
III- C’est le pouvoir politique qui peut faire évoluer l’opinion, et non l’inverse:
A- Prédominance de l’intérêt général:
La considération de l’intérêt général authentique, si elle anime le pouvoir.
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