Knut HAMSUN : La Faim

« Knut Hamsun (1859- 1952) publia La Faim , son premier roman , en 1890 , à son retour des États­ Unis où il avait émi­ gré.

Il fut vi te cé­ lèbre , bien au-delà d es frontières de sa Norvège natale.

Ce livre reste son œuvre maîtresse et eut une grande influence sur l e roman moderne ; elle explique en par­ tie son prix Nobel en 1920.

Le livre Le récit d'une obsession T 'histoire se déroule à Christiana (devenue Oslo).

Un jeune L homme quitte la chambre qu'illouait : il n'a plus un sou et préfère s'éclipser discrètement.

La faim le tenaille.

Jour­ naliste , il écrit des articles qui sont trop rarement acceptés ; l 'espoir renaît quand l'un d'eux est enfin publié.

Il peut reprendre une chambre et s'offrir quelques bons dîners.

Bien vite , cependant, il est de nouveau à la rue, le ventre vide.

La faim est toujours là, avec son cortège de souffrances physiques et morales : il s'évanouit, recrache tout ce qu'il avale ou sombre par instants dans la folie.

Il vit un bref et intense amo ur avec une jeune inconnue, qu'il appelle dans ses délires "la princesse Ylajali".

Une hôtelière le tolère chez elle pendant quelque temps.

Puis, la faim revient.

A bout de forces, il s'en­ gage sur un bateau et quitte la ville.

Une peinture de l'âme humaine L a Faim est un roman d'une extrême intensité, écrit, para­ doxalement , avec une rare économie de moyens.

Son titre résume à lui seul 1 'ouvrage tout entier.

L'intrigue est aussi limitée que possible , et un thème unique est déroulé tout au l ong du livre : la faim.

C'est elle qui motive les actions du héros, et il ne désire plus qu'une chose : en finir avec cette atroce sensation.

On n'apprend rien de plus ; on ignore jus­ qu'au bout ce qui l'a conduit à son misé rable état.

Il n 'a pas de nom.

Knut Hamsun délaisse de même la couleur locale -le lieu n'a auc une importance -et refuse toute intention sociale ; seu le l'intéresse la psychologie de son personnage , largement autobiographique .

Il nous présente un long monologue où le héros contemple son affaiblissement physique et intellectuel , avec toujours beaucoup de lucidité.

Il semble même parfois s'amuser de ses rêveries un peu folles.

Cet homme est rési­ gné: il n'adresse qu'à Dieu sa colère , jamais à un de ses sem­ blables.

C'est une nature fière et aristocratique qui se suffit à elle-même, comme tous les héros de Knut Hamsun.

Le but de 1 'éc rivain était de peindre la "vie inconsciente de l'âme tout entière", une ambition qui le rend représentatif de son époque.. »