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Kierkegaard : L'existence

Publié le 09/08/2014

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kierkegaard

 

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée :

«On a l'habitude de dire que l'oisiveté est la mère de tous les maux. On recommande le travail pour empêcher le mal. Mais aussi bien la cause redoutée que le moyen recommandé vous convaincront facilement que toute cette réflexion est d'origine plébéienne 1. L'oisiveté, en tant

s qu'oisiveté, n'est nullement la mère de tous les maux, au contraire, c'est une vie vraiment divine lorsqu'elle ne s'accompagne pas d'ennui. Elle peut faire, il est vrai, qu'on perde sa fortune, etc., toutefois, une nature patricienne2 ne craint pas ces choses, mais bien de s'ennuyer. Les dieux de l'Olympe ne s'ennuyaient pas, ils vivaient heureux en une oisiveté

10 heureuse. Une beauté féminine qui ne coud pas, ne file pas, ne repasse pas, ne lit pas et ne fait pas de musique est heureuse dans son oisiveté; car elle ne s'ennuie pas. L'oisiveté donc, loin d'être la mère du mal, est plutôt le vrai bien. L'ennui est la mère de tous les vices, c'est lui qui doit être tenu à l'écart. Loisiveté n'est pas le mal et on peut dire que

15 quiconque ne le sent pas prouve, par cela même, qu'il ne s'est pas élevé jusqu'aux humanités. Il existe une activité intarissable qui exclut l'homme du monde spirituel et le met au rang des animaux qui, instinctivement, doivent toujours être en mouvement. Il y a des gens qui possèdent le don extraordinaire de transformer tout en affaire, dont toute la vie est

 

20 affaire, qui tombent amoureux et se marient, écoutent une facétie et admirent un tour d'adresse, et tout avec le même zèle affairé qu'ils portent à leur travail de bureau.«

Une fois l'oisiveté définie positivement, on peut chercher à comprendre les causes véritables de l'opinion courante sur le travail et l'oisiveté. Il faut en chercher l'origine dans la double nature de l'homme, à la fois animale et spirituelle. Les animaux, «instinctivement, doivent toujours être en mouvement«: la vie animale est purement biologique et se résume à l'accomplissement instinctif des fonctions vitales. 

kierkegaard

« D Les clés du sujet BIEN LIRE LE TEXTE ~ L'une des difficultés propres à la compréhension des textes de Kier­ kegaard (ainsi que de Nietzsche) tient à la diversité des points de vue qui y sont adoptés.

La philosophie de Kierkegaard s'est voulue réso­ lument antihégélienne: il ne saurait donc être question de voir en elle un système unitaire.

Au contraire, la philosophie de Kierkegaard consiste en une multiplicité de points de vue, dont les vérités ne valent que comme moments, comme stades qui culminent avec celui de la vie reli­ gieuse.

Kierkegaard n'a d'ailleurs que très rarement signé ses œuvres de son propre nom.

Ce texte ne devra donc pas être compris comme l'expression ultime de la philosophie de son auteur, mais comme une réflexion sur le travail et l'oisiveté: il ne constitue pas nécessairement une thèse définitive sur cette question, mais ne doit pas être compris non plus comme purement arbitraire ou gratuit.

Une difficulté supplé­ mentaire consistera à ne pas attribuer à des termes comme «plébéien» et «patricien» le sens d'une simple détermination sociale: Kierkegaard n'exprime par ces termes aucun mépris pour le peuple ni aucune véné­ ration pour l'aristocratie, mais en fait les symboles des valeurs opposées que sont la bassesse et l'élévation d'esprit, et en fin de compte de l'es­ clavage et de la liberté.

~ Thème: le travail et l'oisiveté.

~ Thèse: l'oisiveté, qui s'oppose autant au travail qu'à l'ennui, est la fin que doit viser l'existence humaine.

~ Plan du texte : - lignes 1 à 4: la condamnation de l'oisiveté est d'origine plébéienne; - lignes 4 à 8: ce qu'il faut éviter, c'est l'ennui et non pas l'oisiveté; - lignes 8 à 12: l'oisiveté est la condition du bonheur; - lignes 12 à 16: l'oisiveté est le bien qui permet l'accomplissement en l'homme de son humanité; - lignes 16 à 22: l'affairement, cause de la valorisation du travail, est à condamner.

RECHERCHER L'INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE ~ Ce texte de Kierkegaard pose le problème des places respectives à accorder au travail et à l'oisiveté dans l'existence humaine.

Kierkegaard soulève cette question en montrant, suivant d'ailleurs en cela une tra-. »

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