Kierkegaard: la responsabilité et de la volonté autonome
Publié le 03/02/2020
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« Le défaut de la définition socratique2 est de laisser dans le vague le sens plus précis de cette ignorance, son origine, etc. En d’autres termes, même si le péché est ignorance, ce qui en un certain sens est 5 indéniable, y peut-on voir une ignorance originelle? c’est-à-dire l’état de quelqu’un qui n’a rien su et jusqu’ici rien pu savoir de la mérité? ou est-ce une ignorance acquise ultérieurement? Si oui, il faut bien que le péché plonge alors ses racines ailleurs qu’en io l’ignorance et ce doit être dans cette activité au fond de nous par laquelle nous travaillons à obscurcir notre connaissance. Mais, même en l’admettant, ce défaut de la définition socratique, tenace et résistant, reparaît, car on peut se demander alors si l’homme, sur le 15 point d’obscurcir sa connaissance, en avait pleine conscience. Sinon, c’est que sa connaissance est déjà quelque peu obscurcie, avant même qu’il ait commencé; et la question se pose derechef.' Si, par contre, sur le point d’obscurcir sa connaissance, il en était 20 conscient, alors le péché (quoique toujours ignorance en tant que résultat) n’est pas dans la connaissance, mais dans la volonté et la question inévitable alors se pose de leurs rapports entre elles. Ces rapports-là (et l’on pourrait ici continuer à questionner pendant 25 des jours), la définition de Socrate au fond n’y entre pas. »
Kierkegaard
Ce texte a un intérêt dans la mesure où il soulève réellement un problème fondamental : celui de la responsabilité et de la volonté autonome. En effet, la définition de l’immoralisme comme découlant de l’ignorance de la Vérité repose sur un énorme présupposé philosophique : l’existence d’un individu, d’un sujet libre et autonome, possédant une personnalité intègre, c’est-à-dire en fait sur le présupposé : la psychologie, c’est la conscience.
Ce présupposé implique l’existence pour l’homme d’une responsabilité totale : je prendrai pour le montrer l’exemple de Descartes. Pour lui, la Nature nous a donné la raison, d’une façon égalitaire (« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ») et si nous faisons des erreurs, c’est parce que nous ne savons pas conduire bien notre raison; et si nous ne savons pas la conduire, c’est parce que nous n’avons pas de méthode. Descartes existe donc en tant que volonté libre et consciente. Et dans ce texte, l’auteur se heurte au problème de l’immoralisme, problème auquel la tradition' classique ne peut pas répondre parce qu’elle ne considère pas l’individu comme une structure, c’est-à-dire qu’elle ne le considère pas comme un être pouvant être en proie à des exigences contraires.
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