KIERKEGAARD et le sérieux
Publié le 24/03/2020
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«Le sérieux comprend que si la mort estime nuit, la vie est le jour, que si l'on ne peut travailler la nuit, on peut agir le jour, et comme le mot bref de la mort, l'appel concis, mais stimulant de la vie, c'est : aujourd'hui même. Car la mort envisagée dans le sérieux est une source d'énergie comme nulle autre ; elle rend vigilant comme rien d'autre. La mort incite l'homme charnel à dire : «Mangeons et buvons, car demain, nous mourrons.» Mais c'est là le lâche désir de vivre de la sensualité, ce méprisable ordre de choses où l'on vit pour manger et boire,.et où l'on ne mange ni ne boit pour vivre. L'idée de la mort amène. peut-être l'esprit plus profond à un sentiment d'impuissance où il succombe sans aucun ressort ; mais à l'homme animé de sérieux, la pensée de la mort donne l'exacte vitesse à observer dans la vie, et elle lui indique le but où diriger sa course. Et nul arc ne saurait être tendu ni communiquer à la flèche ,sa vitesse comme la pensée de la mort stimule le vivant dont le sérieux tend l'énergie. Alors le sérieux s'empare de l'actuel aujourd'hui même ; il ne dédaigne aucune tâche comme insignifiante; il n'écarte aucun moment comme trop court.» KIERKEGAARD.
Seul le présent compte, l'avenir est annihilé comme source d'inquiétude, en ce sens il y a «lâcheté» car la conscience, conduite à valoriser l'instant et à le considérer comme seule réalité digne d'intérêt, est réduite à l’inconscience. La vie n'a aucun but au-delà d'elle-même. Il s'agit 'de vivre la vie comme elle vient, au jour le jour, sans durer, sans projet, sans attente. Mais est-ce vivre ?
l. Nous venons de voir que ces attitudes, qui dénotent un mépris ,pour la vie, sont des tentatives pour oublier le sentiment de notre impuissance. En revanche, «Le sérieux comprend que si la mort est une nuit, la vie est le jour.
On peut envisager une valorisation de la vie par la mort, comme l'ombre est ce qui met en valeur la lumière, en montre l'éclat. La nuit, temps de repos, s'oppose au jour, temps d'activité intense, «si l'on ne peut travailler la nuit, on peut agir le jour». Si on accepte de se laisser pénétrer par l'idée de la mort avec sérieux, gravité, on peut découvrir que la mort en nous montrant que tout est provisoire,
«
C.
Réponse à la question :
a) Idée générale :
.
.
Par opposition aux autres, l'homme sérieux qui;pense à la
mort prend conscience de ce qu'est la vie, de sa mesure
exacte· et Fidée de la mort devient une source d'énergie
vitale.
b) Structure iogique'du texte
:
' j ' '
••
«L'homme charnel» n'a qu'un «lâche désir.
de vivre de la.
sensualité».
L'homme plus profond mais pessimiste est aliéné par l'idée
de la mort :car-elle lui donne le sentiment ..
de son impuis
sance.
L'homme sérieux est stimulé par l'idée de· la mort,.
elle-le
fait vivre intensément ·et, comprenant la.
mort, il comprend
d'autant mieux la vie.
Analyse du t.ex�e
A.
Ex
{Jlication
commentée :·
a) «La mort incite l'homme charnel;..
car.
demain nous
moùrrons.» L'homme charnel est celui dont l'esprit est
entièrement au service de ses désirs, de ses passions, qui.
recherche par-dessus tout la satisfaction immédiate.
Sa vie
n'a d'autres sens que celui de «vivre de la sensualité».
C'est une vie simplement biologique où seule compte la
satisfaction des besoins ; la seule valeur de la vie est
d'accomplir les fonctions vitales ; elle n'a ·pas de ·sens en
elle-même.
L'objet du désir n'est pas vraiment la vie mais
la jouissance qu'elle procure : «ce méprisable ordre de
choses où l'on vit pour manger et boire, et où l'on ne mange.
it'i.
né boit pOur •vîvre>>: L'homme est relégué au rang de la
bête.
Pour la consciènce de l'homme charnel; la perspective
de la mort, terme de la _vie individuelle, est désagréabl
t: eq
soi, il s'agit donc 'deTou:blier, de:se·dive:rtir, dêla ·êonsidérer
avec frivolité, en ne
· voyan_t
comme seul intérêt à la vie
que -de.
la maintenir dans lé présent pàr la satisfaction des
besoins ·
biologiques, satisf ac:tion qu{ procure un plaisir
à renouveler à chaque instant et qui devient une fin _en soL
92.
»
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