Karl Heinrich MARX : Plus on remonte dans le cours de l'histoire…
Publié le 17/04/2009
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Chaque homme se développe dans une société, ensemble plus vaste que lui. Mais ce développement peut paradoxalement être celui de l'individualisme : les liens sociaux peuvent devenir si complexes qu'ils font éclater les solidarités traditionnelles et le thème de l'incommunicabilité, auquel nous sommes si sensibles, accompagne un développement sans précédent des rapports sociaux.
- indications pour la compréhension du texte
• L'homme est essentiellement un être social (cf. Aristote). Chaque individu est « membre d'un ensemble plus grand « par lequel il est ce qu'il est. • L'individualisme, marque de l'atomisation des individus, est un produit tardif de l'histoire, fruit des structures socio-économiques de la société bourgeoise. La communauté humaine devient abstraite et, par conséquent, elle n'est pas une communauté réelle, elle est une « nécessité extérieure « aux individus. • L'individualisme témoigne à la fois de l'isolement de l'individu et du développement accru des rapports sociaux puisque la division du travail isole les hommes tout en accroissant leur interdépendance. • L'homme ne peut donc s'isoler de la société, mais seulement « dans la société «. • Il ne peut ainsi y avoir de production, c'est-à-dire de travail, qui est la manifestation de l'homme, que sociale, puisqu'il n'y a d'homme que social.
«
comprendre une telle corrélation.
Dans un dernier moment Marx décrit l'homme comme un animal politique, sociable,incapable de s'abstraire de la société, le fruit de son travail n'a de sens qu'au sein de la société où il prend place.
Dans un premier temps Marx met en avant une époque de l'histoire, dont il ne définit pas lecommencement, où les hommes étaient en état de dépendance par rapport à une collectivité.
On peut penser auxsociétés primaires qui s'organisent, selon Rousseau, autour des qualités propres à chacun, chacun travaillant pourles autres dans la tâche où il est jugé le meilleur et bénéficiant du travail de ses semblables dans tout les autresdomaines.
On sait également que dans les familles des tribus primitives le travail était partagé, selon l'image bienconnu, le mâle s'occupant de la chasse, la femme de la cueillette… L'individu est avant tout membre d'une famille oud'une tribu, sans qu'intervienne aucune convention, c'est une appartenance naturelle.
L'auteur identifie une cassure au XVIIIe siècle, les différentes parts de la société apparaissent à l'individucomme des machines dont il peut tirer profit en les exploitant, ce qui compte ce n'est plus le devenir de sa tribumais ses « buts particuliers ».
Les individus se désolidarisent au sein d'une même communauté, le bien de la sociétén'est plus une fin commune mais devient le moyen pour quelques uns d'assouvir leurs volontés particulières.
Letravail de l'ouvrier, au-delà de sa valeur immédiate et sociale, prend le sens d'une force impersonnelle dont on vapouvoir dégager un profit.
Non que l'esclavage des hommes commence, mais il est rationalisé, c'est-à-dire que lefruit du travail dépasse la simple production d'objets, il est production d'activités, de flux, de capitaux, c'est lesiècle du développement de l'économie politique.
Cependant le XVIII siècle correspond également au développement des rapports sociaux, plus qu'unparadoxe il faut y voir une corrélation logique.
Tout se passe comme si tandis que l'individualisme prenait son essor,la société tentait de le masquer en affirmant l'importance du lien social.
Le développement, au XVIIIe siècle de l'idéede volonté générale, mise en scène par Rousseau dans Le contrat social témoigne de cet effort d'une pensée politique pour solidifier une société où certains deviennent des outils pour les autres, où la noblesse se doublantd'une classe bourgeoise de plus en plus importante qui profite du travail de la classe inférieure.
Canguilhem notequ'au développement de la pensée d'une politique de la volonté générale (sacrifier les volontés particulières à cellede la majorité, faire du souverain le représentant personnifié du corps social dans son ensemble), et qui prône doncl'irréductibilité du corps social à une addition de volonté particulières, coïncide en médecine avec l'essor du courantvitaliste qui prône l'irréductibilité de la vie aux forces mécaniques.
Au XIX siècle, peu avant que Marx ne développesa pensée, Auguste Comte invente la sociologie et caractérise l'unité sociale primitive comme n'étant pas l'individumais le couple.
Bref, on le voit les réactions à l'individualisme, à la séparation entre un idéal politique et une réalitésociale, se multiplient.
Les penseurs, de façon plus ou moins consciente, réagissent à l'impersonnalisation desindividus et à la dégradation réelle des liens sociaux.
Une pensée de la sociologie ou de la volonté générale a beause développer ce n'est pas pour autant qu'elle empêche la formation de classes sociales et en particulier de cettenouvelle classe qu'est la bourgeoisie, qui organise et profite du travail de l'individu producteur.
Pour Marx l'homme devient un animal politique, sociable, au sens fort, s'isoler ce n'est pas tant s'abstrairede la société que s'isoler dans la société, autrement dit, nulle part il ne peut fuir la société.
Pensons à Rousseau quifuyait ses soucis en arpentant les forêts et en se cachant dans des troncs d'arbre, son attitude témoignait d'uneimpossibilité à se débarrasser des difficultés sociales qu'il connaissait, en s'enfuyant il ne faisait que reconduire lesproblèmes, les affirmant par le seul fait de vouloir s'isoler.
Son seul refuge était dans la rêverie.
Au-delà del'affirmation d'Aristote au début de La politique d'après laquelle l'homme est un animal politique parce qu'il a besoin de vivre en communauté, Marx exprime la même idée non comme un besoin mais comme une fatalité : l'homme nepeut faire autrement.
On peut penser ici à la très belle analyse développée par Deleuze au début de L'île déserte et autres textes sur Robinson Crusoe personnage du début XVIIIe ; Deleuze remarque que sur son île, qui lui offre de commencer une nouvelle vie, lui commande de s'adapter, Robinson ne sait pas faire autre chose que de tenter dereconstituer le mode de vie qu'il vient d'abandonner.
Plutôt que de s'adapter au milieu vierge et à la liberté qui luiest offerte, il préfère se rassurer en essayant de se construire une vie organisée, rationalisée, comme celle qu'il aconnu et à laquelle il intégrera Vendredi.
Sur son île, alors que rien ne l'y oblige, il reconduit un modèle réduit de lavie économique du monde civilisé.
Même abandonné, à l'écart de toute société, l'homme demeure un animalpolitique.
Marx remarque fort justement que la production de biens en dehors d'une société est une absurdité, maispour Robinson c'est la condition de sa survie, de même qu'un individu que l'on condamnerait à l'isolement perpétuelse mettrait probablement à parler avec lui-même pour ne pas sombrer dans la folie (et certes il y sombrerait à cetinstant).
Pensons par exemple au personnage du joueur d'échec de Zweig qui joue seul contre lui-même dans sacellule, dissociant sa personnalité selon que c'est aux blancs ou aux noirs de jouer.
L'homme est donc pris dans lasociété et en sortir lui est impossible, il ne peut vivre en dehors du lien social, quitte à devoir le réinventer enl'imaginant.
La production de biens comme le langage ne sont légitimes qu'au sein d'une société, produire sur une îledéserte ou se parler à soi même sont le signe d'une absurdité pour Marx, l'indice d'une impossibilité pour l'hommed'exister autrement que comme animal sociable.
Conclusion :.
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