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Karl Heinrich MARX: La production des idées

Publié le 07/04/2005

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marx
La production des idées, des représentations et de la conscience est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle. Les représentations, la pensée, le commerce spirituel des hommes apparaissent ici encore comme l'émanation directe de leur comportement matériel. Il en va de même de la production spirituelle telle qu'elle se présente dans la langue de la politique, celle des lois, de la morale, de la religion, de la métaphysique, etc., de tout un peuple. Ce sont les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc., mais les hommes réels, agissants, tels qu'ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et du mode de relations qui y correspond, y compris les formes les plus larges que celles-ci peuvent prendre. La conscience (Bewusstsein) ne peut jamais être autre chose que l'être conscient (das bewusste Sein) et l'être des hommes est leur processus de vie réel. Et si, dans toute l'idéologie, les hommes et leurs rapports apparaissent placés la tête en bas comme dans une camera obscura ce phénomène découle de leur processus de vue historique, absolument comme le renversement des objets sur la rétine découle de son processus de vie directement physique. A l'encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c'est de la terre au ciel qu'on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ils sont dans les paroles, la pensée et l'imagination d'autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os; non, on part des hommes dans leur activité réelle; c'est à partir de leur processus de vie réel que l'on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l'on peut constater empiriquement et qui est lié à des présuppositions matérielles. De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d'autonomie. Elles n'ont pas d'histoire, elles n'ont pas de développement; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. Karl Heinrich MARX (1818-1883)
marx

« "La production des idées, des représentations et de la conscience est d'aborddirectement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commercematériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle.

Les représentations,la pensée, le commerce spirituel des hommes apparaissent ici encore commel'émanation directe de leur comportement matériel.

Il en va de même de laproduction spirituelle telle qu'elle se présente dans la langue de la politique,celle des lois, de la morale, de la religion, de la métaphysique, etc., de toutun peuple.

Ce sont les hommes qui sont les producteurs de leursreprésentations, de leurs idées, etc., mais les hommes réels, agissants, telsqu'ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forcesproductives et du mode de relations qui y correspond, y compris les formesles plus larges que celles-ci peuvent prendre.

La conscience (Bewusstsein) nepeut jamais être autre chose que l'être conscient (das bewusste Sein) etl'être des hommes est leur processus de vie réel.

Et si, dans toute l'idéologie,les hommes et leurs rapports apparaissent placés la tête en bas comme dansune camera obscura ce phénomène découle de leur processus de vuehistorique, absolument comme le renversement des objets sur la rétinedécoule de son processus de vie directement physique.A l'encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c'estde la terre au ciel qu'on monte ici.

Autrement dit, on ne part pas de ce queles hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ils sontdans les paroles, la pensée et l'imagination d'autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os; non, on part des hommes dans leur activité réelle; c'est à partir de leur processus de vieréel que l'on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital.

Etmême les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus deleur vie matérielle que l'on peut constater empiriquement et qui est lié à des présuppositions matérielles.

De ce fait,la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leurcorrespondent, perdent aussitôt toute apparence d'autonomie.

Elles n'ont pas d'histoire, elles n'ont pas dedéveloppement; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapportsmatériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée.

Cen'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience." K.

MARX, F.

ENGELS, L'Idéologie allemande. Introduction : Dans cet extrait de l'Idéologie allemande , Marx opère une critique radicale de la philosophie allemande et notamment hégélienne qui croit que c'est la conscience qui détermine la vie quand c'est la vie qui détermine la conscience;Comme Marx l'écrit dans les lignes qui suivent notre extrait : « ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, c'estla vie qui détermine la conscience ».

La vie est le processus de productions matérielles, la conscience est le moyenpar lequel l'homme connaît le monde; Or ce que Marx va dénoncer dans ce texte c'est l'idéologie qui découle decette inversion dans les rapports de cause à effet.

L'idéologie est le système d'interprétation sociale que l'individuhumain croit penser par sa propre conscience alors qu'il est déterminé par les forces de production matérielles.

Toutle problème réside dans le fait que la philosophie allemande méconnaît nécessairement ce déterminisme par laprimauté qu'elle accorde à la conscience.

Ainsi elle ne fait que conforter la conscience naïve dans sonassujettissement il s'agit alors pour Marx de renverser une conscience renversée afin de la remettre à l'endroit.

Sacritique s'opère en deux moments : tout d'abord, de « à l'encontre de » « processus vital », , Marx définit sapropre méthode d'explication en opposition à celle de la philosophie allemande, puis de « et même lesfantasmagories » à la fin, il déduit les conséquences de sa méthode en invalidant l'autonomie des domaines propresà la conscience intellectuelle. I le renversement de la méthode _ Marx commence à définir sa méthode d'explication du monde par opposition à celle de a philosophie allemande enemployant une métaphore à double mouvement : descendant et ascendant.

La philosophie allemande qu'on peutqualifier d'idéaliste, c'est-à-dire affirmant le primat de la conscience sur les phénomènes matériels, opère selon Marxun mouvement « qui descend du ciel sur la terre ».

Qu'est-ce à dire ? Les jeunes hégéliens qui sont visés icipensaient que la terre, c'est-à-dire les hommes et les rapports sociaux qu'entretiennent les hommes entre euxprocédaient des idées et des représentations abstraites de la conscience, et notamment des préjugés religieux « leciel« .

Aussi il suffisait selon eux de se livrer à la critique des produits de la conscience, pour libérer les hommes etexpliquer la société politique des individus.

Or Marx s‘oppose radicalement à cette méthode« on ne part pas de ceque les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus ce qu'ils sont dans les paroles, la pensée,l'imagination et la représentation d'autrui, pour aboutir ensuite aux individus en chair et en os » .

Il y a en effet fortà parier que si l'on commencent par les généralité des idées, on ne parvienne à rendre compte des individus réels.. »

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