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Karl Heinrich MARX: De la spécificité du travail humain.

Publié le 07/04/2005

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Notre point de départ, c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail enchaîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu'il est moins attrayant. Karl Heinrich MARX (1818-1883)
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« mettre en relief, non seulement l'effort, mais aussi l'attention psychique, c'est-à-dire ce mouvement de l'espritcapable de « se bander » de manière privilégiée vers un objet, de se tendre vers lui à l'exclusion des autres objetsqui sollicitent l'esprit humain.

De même que le travail requiert imagination et volonté, de même il exige l'attention,concentration de l'activité mentale sur un objet déterminé.

Cette attention doit être soutenue, c'est-à-dire sepoursuivre dans le temps, ce qui est la chose la plus difficile, car diriger son esprit de manière privilégiée vers uneréalité de manière durable représente une opération dure et pénible.

Ici, nous retrouvons le vrai sens du travail :étymologiquement, travailler vient de tripaliare, torturer.

Le travail est une tâche douloureuse ! Ainsi le travail n'estpas spontané : c'est une dure contrainte que nous nous imposons.Dans la dernière phrase, Marx souligne que la tension est d'autant plus grande et plus importante que le travail estmoins attrayant.

Ici, le mot important est celui de jeu, c'est-à-dire d'activité physique ou mentale purementgratuite, n'ayant dans la conscience de celui qui s'y livre d'autre but que le plaisir qu'elle nous procure.Effectivement, si mon travail possède un caractère gratuit et ludique, s'il relève de la fantaisie et de la joie (ex.: letravail de l'écrivain, du peintre), on peut poser que l'esprit ludique conduit à minimiser la contrainte et le dur effort.Plus l'attrait — ce qui attire agréablement et séduit — est important, moins l'état de tension devrait être intense.Néanmoins, il ne faut guère s'illusionner sur ce point.

L'activité artistique elle aussi, comme toute réalisationapparemment ludique, requiert une tension psychique et un effort.Bien entendu, cette tension psychique aboutit, non seulement à une transformation de la nature en général, maisaussi à celle de l'homme en particulier, qui modifie sa propre essence par le travail. Intérêt philosophique du texte Ce texte a pour mérite essentiel de bien exprimer et dégager l'originalité du travail humain et sa significationspirituelle.— Ce n'est que par un usage de mots tout à fait abusif et inexact que nous parlons de travail animal.

Nul animal netravaille, n'extériorise, véritablement ses forces et ses puissances dans le monde.

A proprement parler, il ne faitqu'actualiser un certain programme génétique, mais ne projette nullement dans l'univers des fins et des buts.Ces lignes de Marx ont donc l'intérêt de nous « purifier » de ces tendances anthropomorphiques qui nous poussent àtoujours projeter dans l'univers animal des valeurs humaines.

Ne parlons pas plus de technique animale que nous neparlons de travail animal.

Il y a bien une irréductibilité de la sphère humaine en tant que telle.— Le travail humain, dans sa spécificité, est une émission de l'esprit.

S'il apparaît profondément hétérogène parrapport à l'activité animale, c'est parce que travailler est une manifestation de l'esprit incarné, une extériorisation del'esprit.

Marx insiste à juste titre sur l'ensemble des qualités spirituelles qui s'actualisent dans le travail.

Volonté,attention, effort, tension de la volonté, autant de puissances spirituelles qui vont informer le monde et les choses.En mettant l'accent sur ces facultés psychiques, Marx retrouve ici l'esprit des grandes analyses hégéliennes de laPhénoménologie de l'Esprit.

Dans cet ouvrage, Hegel a magnifiquement montré que le travail libère l'esclave, qu'il estformateur, qu'il correspond à une extériorisation du pour-soi, de la conscience, dans les choses.

Ces lignes de Marxse situent dans cette perspective.

Ici, ce qu'il met à jour, c'est l'essence du travail comme production des oeuvresà partir de l'esprit.

Le travail spiritualise les choses.

Marx analyse justement, en philosophe, l'essence du travailhumain.Néanmoins, nous savons que le travail, formateur, est, en même temps, une déformation de l'essence humaine.

S'ilcrée l'homme et les choses, il aliène aussi la réalité humaine.

Le mérite de Marx sera de souligner aussi, dansd'autres textes, que le travail est également aliénation de l'homme. MARX (Karl). Né à Trêves, en 1818, mort à Londres en 1883.

Il fit ses études aux Universités de Bonn, de Berlin et de Iéna, et fonda en 1842, la Gazette Rhénane.

Il se rendit à Paris en novembre 1843, et y lança les Annalesfranco-allemandes.

Expulsé en 1845, il se réfugia à Bruxelles, effectua un voyage en Angleterre, au cours duquel ilrédigea le Manifeste du parti communiste Il est expulsé de Belgique en 1848, fait un bref séjour à Paris et s'installe àCologne, où il fonde la Nouvelle gazette rhénane.

Chassé des États rhénans en 1849, il se rend à Paris, d'où il estexpulsé et il part vivre à Londres.

Il y connaît la misère, malgré le soutien amical d'Engels.

L'Internationale ouvrièreest créée en 1864.

Des conflits de doctrine éclatèrent, des rivalités opposèrent Marx à Mazzini, à Bakounine, à JulesGuesde.

A l'abri du besoin grâce à une pension d'Engels et veuf en 1881, il voyagea, pour sa santé : Monte-Carlo,Vevey, Enghien, Alger.

Il mourut d'un abcès du poumon.

C'est en Angleterre que Marx étudia scientifiquement, enéconomiste, les problèmes de la classe ouvrière, et qu'il fut amené à élaborer et à exprimer sa doctrine : lemarxisme, dont lui-même prétendit d'ailleurs se tenir à l'écart.

Les transformations sociales dont l'histoire nous donne. »

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