KANT: Tous les imperatifs ordonnent ou hypothetiquement ou categoriquement
Publié le 05/05/2005
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LA MORALE DE KANT
Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.
Il ne saurait admettre que lamorale se réduise à l'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieutranscendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimerait sessujets sous prétexte de les diriger.
La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un autre quenous-même.
Elle exclut l'hétéronomie.
C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et la source du devoir.L'homme est le créateur des valeurs morales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moral n'agirait pas maisserait agi.
Telle est l'exigence kantienne d'autonomie.Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.
Il est aussi le fils d'une mère piétiste (lepiétisme est un luthéranisme fervent et très austère).
Élevé dans l'idée que la nature humaine est corrompue par lepéché, Kant se méfie des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées.
La morale du sentiment telle qu'il l'adécouverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.
La morale de l'intérêt lui eût faithorreur.
D'un mot, s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieur à la personne humaine, il ne veut pasdavantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.
Le principe du devoir sera pour Kant la pureraison.
Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est la conscience qui sera pour Kant la source desvaleurs.
Mais il ne s'agit plus d'une conscience instinctive et sentimentale, la conscience morale selon Kant n'estrien d'autre que la raison elle-même.
1° LE FORMALISME DE KANT
Le bien pour Kant n'est jamais un objet.
Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne sont indiscutablement desbiens car tout dépend de l'usage bon ou mauvais que je déciderai d'en faire.
Une seule chose est bonneinconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement dit l'intentionmorale.
Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bien qu'un enfant achètechez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.
Ces deux commerçants agissent identiquement.
La matière deleur acte est la même.
Mais la forme de l'acte peut différer.
L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoirque par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.
L'autre ne se contente pas d'agir conformément au devoir,il agit par pur respect pour la loi morale.
C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonneintention.
Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui détermine le jugement moral.
Ainsi «ce qui faitque la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès».
Il n'y a que l'intention qui compte, etalors même que la bonne intention «dans son plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsiqu'un joyau, de son éclat à elle comme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière».
2° LE RIGORISME DE L'IMPÉRATIF CATÉGORIQUE
A partir de là nous comprenons qu'un impératif hypothétique (celui qui est soumis à une condition) n'est pas unimpératif moral (par exemple : ne vole pas si tu ne veux pas aller en prison).
L'impératif moral est toujourscatégorique, c'est-à-dire sans condition (ne mens pas, aime ton prochain comme toi-même !) Par là l'impératifcatégorique est universel et ne saurait changer avec les circonstances.Il reste à se demander comment il se fait que la conscience morale qui se confond avec notre raison s'exprime sousla forme d'un impératif, d'un ordre brutal.
C'est que l'homme n'est pas seulement un être raisonnable.
II est un êtrede chair.
Il a une sensibilité, des tendances, des passions ; sa nature sensible n'est pas toujours disposée à suivreles indications de la raison.
Si la raison parle sous la forme sévère du devoir, c'est parce qu'il faut imposer silence ànotre nature charnelle, parce qu'il faut au prix d'un effort plier l'humaine volonté à la loi du devoir.
Ainsi l'obligation,tout en prenant sa source à l'intérieur de notre conscience, n'en est pas moins transcendante à l'égard de notrenature.
Le domaine de la morale n'est donc plus celui de la nature (soumission animale aux instincts) mais n'est pasencore celui de la sainteté (où la nature transfigurée par la grâce éprouverait un attrait instinctif et irrésistible pourles valeurs morales).
Le mérite moral se mesure précisément à l'effort que nous faisons pour soumettre notre natureaux exigences du devoir.Il faut bien comprendre la signification philosophique de ce rigorisme.
Kant ne nous dit pas que l'honnête homme estexclusivement celui qui fait son devoir douloureusement, péniblement et par contrainte.
Il plaint même celui qui faitson devoir sans joie et seulement comme une corvée.
Il admet, au point de vue pédagogique, que pour conduire unesprit corrompu dans la voie du bien moral on puisse avoir besoin de lui représenter son avantage personnel, del'effrayer par la crainte d'un dommage ou d'éveiller en lui des sentiments généreux.
Mais au point de vuephilosophique il maintient que c'est la pure maxime de la raison qui est le fondement de la morale.
Tant mieux, après tout, si l'honnête homme fait son devoir avec plaisir, mais il importe de souligner que ce n'est pasla recherche de ce plaisir qui qualifie son acte comme comportement moral.
Ce n'est pas le plaisir pris comme but quifonde l'action morale de l'honnête homme.
3° LE LOGICISME DE KANT
L'action morale est pour Kant celle qui n'a d'autre souci que de respecter la forme même de la raison.
Et nos devoirspeuvent se déduire a priori de la structure formelle de la raison.
Ainsi la morale apparaît rigoureusement comme unelogique de l'action..
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