KANT: sortir de l'état anarchique de sauvagerie
Publié le 04/05/2005
Extrait du document

Le thème du texte est celui de l’établissement d’une « constitution civile parfaite «. La constitution civile renvoie à une société régie par des lois, et qui impose aux membres de la communauté des devoirs, mais leur garantit également des droits. Une telle constitution règle les rapports des individus entre eux à l’intérieur d’une Nation donnée et assure la paix. Mais cette constitution ne règle pas les rapports entre les Etats, qui se négocient donc toujours par la force. Pour assurer une constitution civile parfaite, qui assure une paix totale entre les hommes, il faut donc parvenir à faire en sorte que les rapports entre les Etats soient également réglés par des lois. Le problème devient alors de savoir comment on peut instituer ce rapport légal entre les Etats, comme il l’a été entre les différents individus à l’intérieur d’une nation donnée. La thèse de Kant est que le même principe qui a permis la paix entre les individus doit permettre d’établir la paix entre les Etats.

«
rentrer dans une constitution civile.
Ayant montré dans la première partie que la paix totale ne peut être établie que par l'établissement d'uneconstitution civile parfaite réglant les rapports entre les Etats, Kant se demande dans un second temps commentcette constitution peut être établie.
On pourrait penser que chaque Etat en réfléchissant sur la situation peutaboutir à la conclusion qu'il a intérêt à adhérer à une telle constitution.
Dans cette perspective la constitution civileparfaite serait le fruit d'une décision rationnelle.
Mais une telle décision supposerait que les Etats ne soient pas dansun rapport de concurrence radicale.
L'insociabilité fondamentale qui les anime a pour conséquence que l'adhésion àcette constitution ne peut être le fruit de la raison.
Cela signifie-t-il pour autant que cette constitution estimpossible ? Non, car l'épreuve des guerres, extrêmement coûteuse pour les Etats, va les forcer à adhérer à cetteconstitution.
Les Etats rentreront alors dans une « Société des Nations » où le droit de chaque Etat lui sera garantitnon pas sa simple force, mais par des lois.
Or cette Société des Nations bénéficiera de la force de tous les Etats quiy adhèreront, de sorte qu'elle aura la capacité de faire respecter les lois.
Au terme de cette seconde de partie, Kanta montré que la constitution civile parfaite est possible, non pas en vertu d'une décision rationnelle de chaque Etat,mais parce que le cours même de l'histoire, c'est-à-dire l'épreuve des guerres, poussera les Etats à y adhérer.
LaSociété des Nations qui incarnera cette constitution civile parfaite aura de plus les moyens de faire respecter leslois qui règleront les rapports entre les Etats.
III.
La constitution civile parfaite n'a rien d'une utopie
Dans cette troisième partie, Kant répond à une objection qu'on pourrait lui adresser : cette constitution civile parfaite et la Société des Nations qui serait censée l'incarner n'est-elle qu'une utopie qui serait destinée à ne jamaisse réaliser ? Or Kant pense que si l'on peut penser que cette constitution est « romanesque » voire même« ridicule », c'est que les auteurs qui y ont réfléchi avant lui n'ont pas su penser le principe véritable qui la rendaitpossible.
En effet en pensant que cette constitution pouvait résulter d'une libre décision des hommes, rationnelle,on sous-estime l'insociabilité des hommes.
Cette insociabilité a pour conséquence que ce n'est que l'épreuve desguerres qui amènera inéluctablement une telle Société des Nations.
Et c'est pourquoi Kant insiste sur le fait que « laréalisation » n'en est pas toute proche, et qu'il faudra au contraire du temps pour qu'elle advienne.
Mais de mêmeque les individus ne sont sortis de l'état de nature que parce que l'insécurité qu'ils éprouvaient était intolérable, demême les Etats suivront le même cheminement.
C'est donc l'insociabilité même qui, dans le cas des Etats comme dans celui des individus, pousse à abandonner l'expression de la « liberté brutale » pour adhérer à des rapportsréglés par des lois.
Conclusion
Une paix totale entre les hommes est-elle possible ? Pour que tel soit le cas, il faudrait que les rapports entre les Etats soient réglés par des lois comme le sont les rapports entre les individus.
Mais la nature conflictuelle desrapports entre les Etats ne permet pas de penser qu'ils adhèreront à une constitution civile par une décisionrationnelle.
Cela n'implique pourtant pas que l'avènement d'une Société des Nations incarnant une constitution civileparfaite soit impossible.
En effet si les individus ont consenti à contraindre leur liberté par des lois, ce n'est pas enraison de leur sociabilité, mais à l'inverse en raison de l'état d'insécurité qui résultait pour chacun de leurinsociabilité.
Or on peut raisonnablement penser que ce qui s'est joué au niveau des individus se produira égalemententre les Etats.
L'idée d'une Société des Nations assurant des rapports légaux entre les Etats n'est donc pas uneutopie mais doit être regardé comme le produit inévitable du cours de l'histoire.
KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).
Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.
En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.
En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.
Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.
La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.
Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.
A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.
Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.
— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.
Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.
La lecture de Rousseau lui fait aussi.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'homme permettait de faire sortir les États, selon Kant, d'un « état naturel » qui les poussait à d'incessantes guerres entre eux et pouvait créer un nouvel ordre international qui empêcherait les guerres.
- KANT: Comment sortir de l'état de minorité ?
- KANT: sortir de la minorité
- « On ne doit pas élever les enfants d'après l'état présent de l'espèce humaine, mais d'après un état meilleur, possible dans l'avenir, c'est-à-dire d'après l'idée de l'humanité dans son entière destination. Ce principe est d'une grande importance. Les parents n'élèvent ordinairement leurs enfants qu'en vue du monde actuel, si corrompu qu'il soit. Ils devraient au contraire leur donner une éducation meilleure, afin qu'un meilleur état en pût sortir dans l'avenir. Mais deux obstacles se
- Emmanuel KANT ( 1 724-1804) Théorie et pratique, chapitre II