KANT: Moralité et bonheur
Publié le 06/05/2005
Extrait du document


«
faire fortune, etc., nous avons à chercher les moyens les plus efficaces pour l'atteindre.
«Si l'action est bonne pourquelque autre chose, l'impératif est hypothétique» ou conditionnel, c'est-à-dire que le moyen est condition de la fin,les règles de l'habileté se subordonnant aux conseils de la prudence, qui visent le bonheur.
Ce n'est que si l'actionn'est pas bonne pour autre chose mais bonne en soi que l'impératif est catégorique, qu'il est un commandement dudevoir.
Or il est bien vrai que Kant « a défini la morale comme une science qui enseigne non pas la façon dont nousdevons devenir heureux, mais celle dont nous devons devenir dignes du bonheur », mais il a spécifié en même temps« que par là on n'exigeait pas de l'homme qu'il doive (solle), lorsqu'il s'agit d'accomplir son devoir, renoncer à sa finnaturelle ? le bonheur; car cela il ne le peut, non plus qu'aucun être raisonnable fini en général; mais qu'il lui fallait(musse) faire complètement abstraction de cette considération quand survient le commandement du devoir ».Toutefois les impératifs hypothétiques, en particulier les conseils de la prudence, restent empiriques, incomplets etincertains, alors que l'impératif catégorique nous dit toujours nettement où est notre devoir.
« Le concept du devoirdans toute sa pureté est sans comparaison plus simple, plus clair, plus compréhensible et plus naturel pour l'usagepratique, que tout motif emprunté au bonheur [...].
Un enfant de huit ou neuf ans à qui l'on demande si l'on a ledroit de ne pas restituer un dépôt aux héritiers du propriétaire décédé, répondra, sans hésiter et sans se laisserprendre aux « bonnes raisons » invoquées pour ne pas le rendre, ruine du détenteur et misère de sa famille,prodigalité et indignité des héritiers, etc.
: « c'est contraire au devoir ».
« La volonté qui se règle sur la maxime dubonheur hésite entre ses mobiles sur ce qu'elle doit décider; c'est qu'elle regarde au succès et qu'il est fortincertain; il faut avoir de la tête pour se tirer de l'embarras où nous plongent les raisons contraires et ne pas setromper dans le bilan.
Au contraire, si la volonté se demande quel est en ce cas le devoir, elle n'est nullementembarrassée sur la réponse à se donner, elle est sur-le-champ certaine de ce qu'elle a à faire ».
KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).
Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.
En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.
En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.
Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.
La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.
Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.
A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.
Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.
— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.
Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.
La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.
Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.
Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.
» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.
Le monde intelligible est une« illusion théorique».
Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.
La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.
— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.
L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.
— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.
— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.
L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.
C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.
Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.
Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.
Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.
La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).
Quantité : unité,totalité, pluralité.
Qualité : réalité, négation, limitation.
Relation : substance, causalité, réciprocité.
Modalité :possibilité, existence, nécessité.
— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.
La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.
Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.
— Il y a enl'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.
La liberté devient donc uncommandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.
Le devoir, loi imposée parla raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.
L'impératif (le la moralité est catégorique,absolu, inconditionnel, universel.
« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté.
»
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