KANT: Loi fondamentale de la raison pure pratique
Publié le 05/05/2005
Extrait du document
«
inconditionnelle ?
« De tout ce qu‘il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien quipuisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTE. »
La bonne volonté est bonne, non pas d'abord par ses œuvres ou ses succès, mais déjà en elle-même et pour elle-même : « Ce qui fait que la volonté est telle, ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, mais seulement à le vouloir ; autrement dit, c'est en soi qu'elle est bonne.
»
En quoi consiste donc la moralité d'une action ? Kant avance trois propositions :
· Premièrement, l'action qui a une valeur morale est celle qui est accompli par devoir.
Sont ainsi éliminées toutes les actions contraires au devoir (le vol, le mensonge, etc.) et toutes celles qui, bien que conformes audevoir, sont accomplies soit par intérêt personnel, soit avec une inclination immédiate pour le devoir.
Supposonsun commerçant qui fasse le juste prix à un enfant, mais par peur de perdre sa clientèle : son action est certesconforme extérieurement au devoir, mais elle n'a aucune valeur morale car elle accomplit par intérêt.
Supposonsmaintenant un homme joyeux, porté naturellement à répandre le bien autour de lui : son action est légalementbonne, mais n'a aucune valeur morale car elle est accompli par inclination.
En revanche si ce même homme, unjour qu'il est assombri par un chagrin continue néanmoins à faire le bien alors son action aura peut-être unevéritable valeur morale.
La simple conformité extérieure au devoir (ou légalité ne suffit donc pas.
En tant qu'il estacte par devoir, l'acte moral est d'abord un acte conforme au devoir qui, de plus, a précisément ce devoir pourprincipe de détermination.
· Deuxièmement, une action accomplie par devoir tire sa valeur morale, non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée.
Le succès de l'action ne peut servir de mesure à lamoralité puisqu'il dépend parfois de talents, de facultés qui sont hors de la portée de l'agent.
La moralité s'établitdonc à partir de la qualité de la volonté ou de l'intention qui sous-tend l'action.
· Troisièmement le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect de la loi.
Quelle peut donc être cette loi dont la représentation doit déterminer la volonté pour que celle-ci puisse êtreappelée bonne absolument ? Un devoir est défini par le caractère d'une maxime ou d'une règle (principe quidétermine la volonté).
La maxime est subjective si elle est et reste individuelle.
Elle deviendrait objective, nécessaire(semblable à une loi de la nature) si tous les êtres raisonnables y subordonnaient toujours entièrement leur facultéde désirer.
Devenue objective, universelle, la maxime est la loi morale.
Le principe suprême de jugement en matièrede moralité réside donc dans la conformité des actions à la loi en général.
Autrement dit, « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle » - une loi universelle, cad une loi objective, valable pour tout être doué de raison.
C'est précisément parce que, chez l'homme, la volonté ne se détermine pas nécessairement par devoir, que la loi morale prend l'aspect d'uncommandement.
La formule du commandement s'appelle un impératif.
Mais, contrairement à l'impératif hypothétique qui subordonne les moyens àla fin (si tu veux la santé, alors tu dois suivre un régime alimentaire), l'impératif de la moralité ne peut qu'être catégorique, cad inconditionnel etabsolu.
Autrement dit, il vaut pour tous les hommes, quelles que soient l'époque et la société.
Il ne dit pas ce qu'il faut faire ou ne pas faire en tellecirconstance, mais ce qu'il convient de faire en toute circonstance.
Il s'énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.
»
Cette formule permet de reconnaître, dans tous les cas et sans hésitation, où est son devoir.
Si je me demande, parexemple, si une promesse trompeuse est conforme au devoir, il suffit que je me demande : « Accepterais-je bien avec satisfaction que ma maxime (de me tirer d'embarras par une fausse promesse) dût valoir comme une loiuniverselle (aussi bien pour moi que pour les autres) ? […] Je m'aperçois bientôt ainsi que, si je peux bien vouloir lemensonge, je ne peux en aucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir : en effet, selon unetelle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse. »
Si tout le monde mentait, on ne croirait plus aux promesses de personne.
Par conséquent, la maxime qui mepousse à faire une fausse promesse, « du moment qu'elle serait érigée en loi universelle se détruirait nécessairement elle-même ».
Le principe de la morale ne réside donc pas, comme chez Aristote , dans la fin suprême qui est le bonheur, mais dans l'établissement par soi-même des fins : « Notre volonté propre, supposé qu'elle n'agisse que sous la condition d'une législation universelle rendue possible par ses maximes, cette volonté idéale qui peut être la nôtre,est l'objet propre du respect, et la dignité de l'humanité consiste précisément dans cette faculté qu'elle a d'établirdes lois universelles, à la condition toutefois d'être en même temps soumise elle-même à cette législation. »
Chacun de nous peut toujours choisir de telle sorte que les maximes de ses choix soient comprises en mêmetemps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir.
Tout homme se trouve ainsi soumis à des obligationsultimes et est responsable devant lui-même et devant autrui de leur reconnaissance.
Tout homme doit avoir.
»
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