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KANT: L'homme a un penchant à s'associer,

Publié le 27/02/2008

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L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens ; et de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tout côté, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. L'homme a alors parcouru les premiers pas, qui de la grossièreté le mènent à la culture dont le fondement véritable est la valeur sociale de l'homme. [...] Sans ces qualités d'insociabilité, peu sympathiques certes par elles-mêmes, source de la résistance que chacun doit nécessairement rencontrer à ses prétentions égoïstes, tous les talents resteraient à jamais enfouis en germe, au milieu d'une existence de bergers d'Arcadie, dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits ; les hommes, doux comme les agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence guère plus de valeur que n'en a leur troupeau domestique. [...] Remercions donc la nature pour cette humeur non conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination. Sans cela toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil.KANT

Le texte est un extrait de la quatrième proposition de L’idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique de Kant. Dans cet ouvrage, Kant entend montrer que la réalisation d’une constitution politique parfaite, est la seule façon pour l’homme de développer toutes ses dispositions. Or on peut concevoir l'histoire universelle comme si elle répondait à un plan de la nature visant cette union civile parfaite.  En effet, dans les trois premières propositions, Kant a montré que les dispositions naturelles d'une créature sont destinées à se développer, et que l'homme, étant une créature raisonnable, il ne peut atteindre sa perfection qu’en développant sa raison, c'est-à-dire en s’affranchissant de l'instinct. Mais comment se réalise ce processus ? C’est à cette question que répond la quatrième proposition. Le problème qui se pose est que si l’homme ne peut se réaliser pleinement qu’en développant sa raison, cette raison n’est d’abord en lui que comme un germe qui doit être cultivé. Mais si cette raison n’existe en l’homme qu’en germe, on ne voit pas ce qui peut pousser l’homme à la cultiver. En effet l’homme se trouve alors a peu près dans la position d’un enfant qui serait dépourvu de maître d’école, et qui partant ne s’adonnerait jamais à l’étude et ne développerait jamais sa raison. Dans le premier paragraphe du texte, Kant montre que c’est l’insociable sociabilité de l’homme, c'est-à-dire un double penchant dont les termes sont dans un rapport d’opposition, qui le pousse à développer sa raison. Dans le deuxième paragraphe, Kant conforte sa thèse par un argument a contrario, en montrant que si cette insociable sociabilité n’était pas présente en l’homme, il n’aurait jamais pu développer sa raison.

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« sociabilité en l'homme, comme deux forces qui s'annulent en tirant en sens contraire.

Or il n'en est rien, car cetteinsociabilité ne va pas pousser l'homme à fuir son semblable (étant trop faible pour vivre hors de toute société il nepeut pas s'en passer), mais à le considérer comme un rival , puisqu'il va penser que lui aussi cherche son propre intérêt.

De cette concurrence va s'ensuivre une émulation à l'intérieur de la société, chacun cherchant à dominerl'autre.

Or cette concurrence généralisée au sein de la société est ce qui va permettre à chacun de développer sesfacultés.

L'homme ne cherche donc pas intentionnellement à développer ses facultés, mais le fait indirectement , et y est même amené par des motifs peu louables comme la « cupidité ».

C'est donc le jeu social, parce qu'il met leshommes en concurrence, qui leur permet de développer leurs facultés.

Mais n'auraient-ils pu y parvenir par un autremoyen ? C'est à cette question que répond la deuxième partie du texte.

II.

Sans la compétition sociale qu'implique l'insociable sociabilité, l'homme n'aurait jamais développé sesfacultés.

Par le jeu de ses dispositions contradictoires, l'homme est amené à sortir de l'état de nature et accède « à la culture ».

Or ces dispositions ne peuvent jouer ensemble que dans l'état social, qui à la fois rapproche les hommeset les met en concurrence.

C'est pourquoi Kant dit que « la valeur sociale de l'homme » est le fondement véritablede la culture.

Mais ne peut-on considérer que les hommes auraient pu développer leurs facultés au sein de la viesociale sans se placer en compétition les uns envers les autres, et en étant animés de sentiments plus bienveillantsles uns pour les autres ? Kant répond que cela aurait été impossible, car cet état social aurait été si satisfaisantque les hommes, parfaitement heureux, n'auraient eu aucune raison de chercher à le changer, et partant, n'auraientpas développé leur intelligence.

Ces dispositions que l'on juge habituellement comme négatives que sont « l'appétitinsatiable de domination ou même de possession » ont donc été les moyens mêmes qui ont permis à l'homme dedévelopper sa nature rationnelle.

Kant ne dit pas pour autant que ces dispositions égoïstes sont bonnes en elles-mêmes, mais qu'elles ont été indispensables à titre de moyens.

Il y a donc une hétérogénéité entre la fin visée parla nature pour l'homme (le développement de sa nature rationnelle) et les moyens qu'elle emploie pour y parvenir(l'égoïsme de chacun).

On peut donc voir ici quelque chose comme une ruse de la nature, qui se sert des égoïsmesparticuliers pour réaliser le bien commun.

Conclusion Kant montre dans ce texte comment la raison, qui n'est d'abord présente en l'homme que comme un germe, parvient à croître au fil de l'histoire humaine.

C'est en se servant des dispositions contraires de la nature humaineque la nature parvient à pousser l'homme à développer sa raison.

L'instinct sociable pousse l'homme à s'associer,son insociabilité le pousse à vouloir surpasser ses associés, qu'il voit comme des concurrents animés envers lui d'unmême esprit de concurrence.

Il faut souligner pour conclure que Kant ne dit pas que les choses se sont réellement passées ainsi.

Mais Kant dit que pour donner un sens au cours de l'histoire, on peut imaginer qu'elle s'est développéeainsi, en suivant un plan caché de la nature visant les réalisations des facultés humaines.. »

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