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KANT: L'espace n'est pas un concept empirique...

Publié le 04/05/2005

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L'espace n'est pas un concept empirique qui ait été tiré d'expériences externes. En effet, pour que certaines sensations puissent être rapportées à quelque chose d'extérieur à moi (c'est-à-dire à quelque chose situé dans un autre lieu de l'espace que celui dans lequel je me trouve), et de même, pour que je puisse me représenter les choses comme en dehors et à côté les unes des autres, - par conséquent comme n'étant pas seulement distinctes, mais placées dans des lieux différents, - il faut que la représentation de l'espace soit posée déjà comme fondement. Par suite la représentation de l'espace ne peut pas être tirée par l'expérience des rapports des phénomènes extérieurs, mais l'expérience extérieure n'est elle-même possible avant tout qu'au moyen de cette représentation. KANT
 Thème du texte  Ce texte, extrait de la Critique de la raison pure, porte sur la représentation de l'espace, et plus précisément sur le lien que celle-ci entretient avec l'expérience que nous pouvons faire des choses situées hors de nous.  Question philosophique à laquelle répond le texte  La représentation de l'espace nous est-elle donnée par la perception des objets externes ?  Thèse de l'auteur  Non seulement la représentation de l'espace ne peut être tirée de l'expérience que nous faisons des objets extérieurs, mais c'est au contraire la perception de ces objets comme extérieurs à nous qui est rendue possible par cette forme a priori de la sensibilité qu'est l'espace. Autrement dit, l'espace est la forme même de mon intuition du monde extérieur, tel qu'il demeure pour moi, même si je l'imagine vide de tout objet.

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« derrière un autre, au-dessus ou en dessous, à sa droite ou à sa gauche, indépendamment des conventions delangage qui sont là convoquées, suppose que l'idée de l'espace et de ses principales qualités précède la présence enlui de n'importe quel objet ou phénomène. [II.

Conséquences : unicité ou universalité de l'espace] Ce caractère a priori de l'espace tel que nous le percevons et tel qu'il sert de cadre à toute perception signifie aussique, si tout objet nous apparaît nécessairement dans l'espace (au point qu'il semble bien incapable de se manifesteren dehors de lui), l'espace lui-même est indépendant de l'ensemble des phénomènes qui peuvent s'y manifester :nous sommes capables de concevoir un espace « vide », sans objets.Il apparaît alors que l'on est amené à affirmer l'unicité de l'espace.

En effet, concevoir des espaces distincts, c'estles situer à la façon de différents objets séparés dans un espace plus englobant : l'espace qui les distingue indiqueleur appartenance à un seul espace préalable.La conséquence en est que la représentation de l'espace est bien universelle : elle doit être la même pour touthomme et pour toute époque (c'est aussi en raison de l'universalité de la raison elle-même), s'il est vrai qu'elleconstitue pour tout être humain le fondement de sa perception aussi bien que de la différence qu'il perçoit entre luiet le monde extérieur.C'est notamment par de telles conséquences que la conception de Kant révèle son caractère historique.

Outre quel'espace est conçu différemment selon les états sociaux de la connaissance en général (comme le montrent, dansl'histoire même de l'Occident, les conséquences du passage à l'héliocentrisme : la version aristotélicienne de l'espaceen devient impossible à soutenir), il semble que le rapport à l'espace se vive de façons différentes, en fonction desmanières que l'on a de l'occuper ou d'y être actif. [III.

Possibilité d'espaces non intuitifs] Mais l'espace présente aussi des qualités différentes selon les activités qui s'y déploient : il devient ainsi enjeustratégique, ou économique, en fonction de l'évolution des techniques — qu'elles concernent l'exploitation desressources ou qu'elles soient militaires.Parallèlement, les représentations artistiques nous révèlent la possibilité d'espaces qui nous semblent plus ou moins« naturels », ou conformes à ce que nous définissons volontiers comme l'espace « réel ».

Notre regard a fini pars'habituer aux principes de la perspective classique, au point d'oublier qu'ils se fondent, et à partir de la Renaissanceitalienne seulement, sur des applications de la géométrie euclidienne, et de considérer cette perspective comme laseule convenable.

Mais la peinture, depuis l'impressionnisme, nous montre, notamment à travers le cubisme et lesdifférentes versions de l'abstraction, que d'autres appréhensions de l'espace sont parfaitement possibles, même si,en raison de nos habitudes, elles nous paraissent d'abord déroutantes parce que simplement éloignées de notreperception quotidienne.L'espace de Kant est au contraire celui qui correspond sans doute le mieux à celui que nous percevonsordinairement.

C'est qu'il se définit aussi par rapport à la géométrie d'Euclide (c'est la seule connue de Kant) qui,ainsi que le suggère Poincaré, nous paraît toujours la plus « commode » dans la mesure où elle rend aisémentcompte des phénomènes de notre environnement normal.

Or, la multiplication des systèmes non-euclidiens signifieaussi la pluralité des espaces concevables, qui ne sont plus à notre échelle, mais définissent des échelles micro oumacroscopiques.

Des espaces ainsi conçus ne peuvent plus apparaître comme des formes a priori de notresensibilité, précisément parce que leurs qualités, tout comme les événements qui sont susceptibles de s'y produire,sont incompatibles avec nos modes de perception. [Conclusion] Bachelard a montré que ce qu'il nomme « rationalisme classique » se réalise à travers trois ensembles théoriques : lagéométrie euclidienne, la physique de Newton et la théorie kantienne de la connaissance.

Ces trois théories ont encommun de concevoir l'espace et le temps comme uniques et universels, la raison comme la même chez tous leshommes, et la vérité comme potentiellement définitive.

L'évolution des sciences nous enseigne au contraire àconcevoir une raison dynamique et une vérité mouvante.

Il n'est pas surprenant que la représentation de l'espacese trouve du même coup modifiée : elle se complexifie.

C'est pourquoi la conception kantienne de l'espace proposeplutôt la version finale de ce rationalisme qu'une interprétation complète. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques et. »

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