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Kant : Les sens ne sont ni trompeurs ni véridiques

Publié le 24/12/2014

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kant
n Le procès en faux-témoignage que le rationalisme idéaliste intente aux sens et la défense de la véracité des sens par un certain empirisme qui affirme que les sens ne sauraient nous tromper n'est-elle pas en réalité une fausse querelle ? Car comme le fait observer Kant, les sens ne peuvent pas plus tromper qu'ils ne peuvent dire la vérité dans la mesure où ils ne jugent pas. Or le vrai et le faux définissent toujours des jugements. Ainsi dans les prétendues illusions sensorielles, dans les prétendues "erreurs" des sens, ce ne sont pas les sens qui se trompent ni qui nous trompent, mais c'est l'entendement qui se trompe dans les jugements qu'il fait sur les données des sens. « Les sens ne trompent pas : proposition qui récuse le reproche le plus important, mais aussi, à le bien peser, le plus vain qu'on adresse aux sens ; ce n'est pas qu'ils jugent toujours exactement, mais ils ne jugent pas du tout ; c'est pourquoi l'erreur n'est jamais qu'à la charge de l'entendement. Cependant l'apparence sensible tourne pour l'entendement, sinon à la justification, du moins à l'excuse ; c'est que l'homme en arrive souvent à tenir l'élément subjectif de sa représentation pour l'objectif (la tour éloignée dont on ne voit pas les angles est considérée comme ronde ; les lointains de la mer, qui atteignent le regard par des rayons lumineux plus élevés, sont considérés comme plus hauts que le rivage ; la pleine lune qu'on voit, quand elle monte à l'horizon, à travers un air chargé de vapeurs, bien qu'on la saisisse avec le même angle de vue, est tenue pour plus éloignée, donc pour plus grande que lorsqu'elle est haut dans le ciel) ; et ainsi il en vient à prendre le phénomène pour l'expérience et à tomber par là dans l'erreur, comme en une faute de l'entendement, non comme en une faute des sens. (Kant, Anthropologie). n Dans ces conditions l'apparence n'est jamais trompeuse : elle est ni vraie ni fausse, elle est simplement ce qu'elle est. C'est à nous d'en bien juger.
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« SUJET 42 devenir, comme dans le rationalisme et l'idéa!isme, une défiance complète à l'égard des sens, dont on pourra dire qu'ils sont absolument trompeurs, en ce sens qu'ils trompent toujours.

2.

Le rationalisme et l'idéalisme : les sens nous trompent a) Le rationalisme Pour le rationalisme (cf.

Descartes, Spinoza, Hegel), en effet, la connais­ sance humaine ne sort pas tout entière des sens et de l'expérience : elle suppose des éléments a priori, des idées et des principes innées, qui constituent la raison.

La connaissance vraie se fonde sur ces éléments a priori et procède nécessairement d'eux seuls, les sens ne pouvant fournir qu'une vue confuse et provisoire de la vérité.

Bien plus, les sens nous trompent non seulement par les informations qu'ils communiquent à l'esprit, à l'âme, mais encore par la puissance qu'il exerce sur elle et qui l'empêche de bien juger.

L'apparence est donc toujours trompeuse.

" Nos sens.

écrit Malebranche, ne nous trompent pas seulement à l'égard de leurs objets, comme de fa lumière, des couleurs, et des autres qualités sensibles, ils nous séduisent même touchant les objets qui ne sont point de leur ressort, en nous empêchant de les considérer avec assez d'attention pour en porter un jugement solide.

[ ...

] Pour bien concevoir cette vérité, fi est absolument nécessaire de savoir que tes trois manières dont /'âme aperçoit, savoir par les sens, par !'imagination et par /'esprit.

ne la touchent pas toutes également, et que par conséquent elle n'apporte pas une pareille attention à tout ce qu'elle aperçoit par leur moyen ; car effe s'applique beaucoup à ce qui la touche beaucoup, et effe est peu attentive à ce qui la touche peu.

Or ce qu'elle aperçoit par les sens fa touche et l'applique extrêmement, ce qu'elle connaît par l'imagination la touche beaucoup moins" mais ce que l'entendement fui représente, je veux dire ce qu'elle aperçoit par elle-même, indépendamment des sens et de l'imagination.

ne la réveille presque pas.

Personne ne peut douter que la plus petite douleur des sens ne soit plus présente à l'esprit et ne le rende plus attentif que la méditation d'une chose de beaucoup plus grande conséquence.

La raison de ceci est que les sens représentent les objets comme présents, et que l'imagination ne les représente que comme absents[ ...

] Les sens appliquent donc extrêmement l'âme à ce qu'ils fui représentent.

Or, comme elle est limitée et qu'effe ne peut nettement concevoir beaucoup de choses à fa fois, effe ne peut apercevoir nettement ce que /'entendement lui représente dans le même temps.,, b) L'idéalisme • Le rationalisme est solidaire d'un certain idéalisme, c'est-à-dire d'une doctrine soit qui ramène la réalité du monde extérieur à nos représentations, toute existence à la pensée, soit qui place la réalité 185. »

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