KANT : le devoir comme impératif catégorique
Publié le 05/01/2010
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1. « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature « (II) : agir moralement, c'est vouloir que la maxime de notre action devienne une loi valable pour tous les êtres raisonnables, comme les lois physiques valent pour l'ensemble des êtres de la nature. Pour connaître son devoir, il faut donc se demander si un système fondé sur l'universalisation de notre maxime serait cohérent ou souhaitable. Lorsqu'on enfreint son devoir, on ne veut pas que tout le monde agisse comme nous : on prétend au contraire « faire une exception pour nous (ou seulement pour cette fois) en faveur de notre inclination « (II).
«
considérer la moralité comme un fait.
Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.
Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.
» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.
Le monde intelligible est une« illusion théorique».
Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.
La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.
— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.
L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.
— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.
— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.
L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.
C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.
Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.
Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.
Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.
La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).
Quantité : unité,totalité, pluralité.
Qualité : réalité, négation, limitation.
Relation : substance, causalité, réciprocité.
Modalité :possibilité, existence, nécessité.
— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.
La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.
Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.
— Il y a enl'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.
La liberté devient donc uncommandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.
Le devoir, loi imposée parla raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.
L'impératif (le la moralité est catégorique,absolu, inconditionnel, universel.
« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volontéen une loi universelle.
» Cette maxime de l'action a pour objectif une fin en soi, qui est l'être raisonnable.« Agis detelle sorte que tu traites toujours l'humanité, en toi-même et en autrui, comme une fin et jamais comme un moyen.» Dans ce monde idéal, cette république des fins, « chaque citoyen serait à la fois législateur et sujet ».
Donc, «agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».
— L'homme étantnaturellement porté vers le désordre, ne peut accomplir ces impératifs catégoriques qu'imparfaitement.
De cetteimperfection, naît le conflit religieux.
Aux principes généraux de la raison pratique, sont liés des postulats.
«L'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme sont les postulats qui garantissent à la raison pratique l'utilité de soneffort.
La croyance rétablit ce dont la raison pure théorique n'avait pu fournir aucune preuve valable.
» — Kantanalyse d'autre part la notion du beau et la notion de la finalité.
Le beau est ce qui plaît universellement sansconcept ; c'est aussi une finalité sans fin.
L'idée de finalité a une valeur subjective ; le principe théologique a unenécessité entièrement relative à la constitution de notre esprit, qui pose ce principe : « Rien n'existe en vain.
» —Kant demeure l'un des plus grands philosophes de tous les temps ; son influence fut considérable au rixe siècle, etse poursuit de nos jours.
On ne peut désormais plus se livrer à des études philosophiques sans rencontrer, d'unefaçon ou d'une autre, la pensée de Kant.
Tout comme Rousseau, Kant pense que la morale doit être compréhensible par le plus simple des hommes.
D'abordparce que chacun a en lui-même une conscience qui ne dépend ni de son rang ni de son instruction, ensuite parceque la morale, à la différence de la connaissance, ne repose en fait que sur un seul principe évident pour tout lemonde.
Ce principe est un impératif.
Il nous enjoint d'agir d'une certaine façon.
Ce principe est qualifié decatégorique.Chez Kant, «catégorique» veut dire absolu, indépendant des circonstances, par opposition à «hypothétique».
Unimpératif hypothétique soumet un certain bien à des conditions: si tu ne veux pas perdre l'estime de tes amis, alorsrembourse tes dettes — voilà un cas particulier d'impératif hypothétique qui s'exprime sous cette forme: «si...
alors».
L'impératif catégorique, lui, ordonne d'agir de telle manière, quelles que soient les circonstances et, bien sûr,quels que soient les agents.Il s'énonce sous la forme suivante: agis toujours de telle manière que la maxime de ton action puisse être érigée enloi universelle de la nature.
C'est la forme un peu compliquée d'un principe très ancien que l'on retrouveimplicitement dans nombre de morales traditionnelles (Confucius, Socrate, le stoïcisme) et qui apparaît dans l'Europemoderne comme l'expression philosophiquement élaborée de l'universalisme chrétien.L'impératif catégorique donne un critère simple de la moralité de nos actions: si, en agissant de la même manière, leshommes voyaient leur sort amélioré, alors nous pourrions conclure à la moralité de notre action.
Si, en revanche, enextrapolant à partir de notre acte, nous l'imaginons effectué par tousles hommes et si dans cette condition leur sort se trouvait empiré, alors nous pourrions conclure avec certitude que.
»
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- « Il n'y a donc qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle. » Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. Commentez cette citation.