Devoir de Philosophie

KANT: La vie en société nous rend-elle dépendants du jugement d'autrui ?

Publié le 01/07/2015

Extrait du document

kant

L'homme est un être destiné à la société (bien qu'il soit aussi, pourtant, insociable), et en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) ; mais d'un autre côté, embarrassé et averti par la crainte du mauvais

5 usage que d'autres pourraient faire du dévoilement de ses pensées, il se voit contraint de renfermer en lui-même une bonne partie de ses juge¬ments (particulièrement quand ils portent sur d'autres hommes). C'est volontiers qu'il s'entretiendrait avec quelqu'un de ce qu'il pense des hommes qu'il fréquente, de même que de ses idées sur le gouvernement, la religion, etc. ; mais il ne peut avoir cette audace, d'une part parce que l'autre, qui retient en lui-même prudemment son jugement, pourrait s'en servir à son détriment, d'autre part, parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur.

KANT

QUESTIONS

1. Dégagez l'idée centrale et le mouvement du texte.

2. Expliquez :

a. « en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) « ;

b. « parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le res¬pect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son Cœur «.

3. La vie en société nous rend-elle dépendants du jugement d'autrui ?

n     Intérêt philosophique du texte

L'intérêt du texte est de définir l'« insociable sociabilité« de l'homme (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, Propo­sition 6) et d'en mettre au jour la cause. D'un côté, en effet, il est de la nature de tout homme de rechercher la compagnie de ses semblables. L'homme n'est pas fait pour être seul, et a besoin de communiquer avec autrui afin d'exister en tant qu'homme. Mais, de l'autre, il s'en méfie, et cette méfiance s'entretient selon un cercle vicieux : nous nous méfions d'autrui qui se cache parce qu'il se méfie de nous, ce qui le rend encore plus méfiant, etc.

n     Problématique de la question 3

La question est de savoir si cette attitude d'ouverture-retrait par rapport à autrui a des conséquences sur notre jugement personnel. La vérité d'une opinion se mesure-t-elle au nombre et à l'influence de ceux qui la soutien­nent? Suffit-il que l'on se trouve en compagnie de gens «bien pensants « pour que l'on se démette de sa propre faculté de juger en la calquant sur la leur ?

n     Citations

·   «J'avais dès longtemps remarqué que, pour les moeurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables [...] mais, parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indu­bitable « (Descartes, Discours de la méthode, IV).

·    « La réflexion naît des idées comparées, et c'est la pluralité des idées

1181

qui porte à les comparer. Celui qui ne voit qu'un seul objet n'a point de comparaison à faire « (Rousseau, Essai sur l'origine des langues).

·    « [Lies hommes sont d'autant plus des comédiens qu'ils sont davan­tage civilisés « (Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, § 14).

·    « Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu'un seul tissu, mes pro­pos et ceux de l'interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils

insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n'est le créa­teur. Il y a là un être à deux « (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la per­ception).

 

·    «Dans l'épreuve du regard, en m'éprouvant comme objectité non révélée, j'éprouve directement et avec mon être l'insaisissable subjectivité d'autrui « (Sartre, L'Être et le Néant).

kant

« 118 LA CONSCIENCE • jugement : c'est l'exercice de la raison, qui cherche à déterminer le bien et le mal dans le registre pratique et à discerner le vrai du faux dans le domaine théorique.

• fautes : contrairement aux erreurs, les fautes ont une connotation morale.

Elles désignent chez Kant un manquement à l'exigence pratique.

une action dont on reconnaît qu'elle est contraire à ce qu'elle aurait dû être.

• respect : c'est le sentiment moral par excellence, qui nous enjoint de considérer autrui comme un être digne et responsable, bref, comme une fin en soi et non (seulement) comme un moyen.

• cœur : il ne désigne pas ici l'organe physiologique, mais le « lieu » des sentiments et des affects.

• Intérêt philosophique du texte L'intérêt du texte est de définir l'« insociable sociabilité» de l'homme (Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, Propo­ sition 6) et d'en mettre au jour la cause.

D'un côté, en effet, il est de la nature de tout homme de rechercher la compagnie de ses semblables.

L'homme n'est pas fait pour être seul, et a besoin de communiquer avec autrui afin d'exister en tant qu'homme.

Mais, de l'autre, il s'en méfie, et cette méfiance s'entretient selon un cercle vicieux : nous nous méfions d'autrui qui se cache parce qu'il se méfie de nous, ce qui le rend encore plus méfiant, etc.

• Problématique de la question 3 La question est de savoir si cette attitude d'ouverture-retrait par rapport à autrui a des conséquences sur notre jugement personnel.

La vérité d'une opinion se mesure-t-elle au nombre et à l'influence de ceux qui la soutien­ nent ? Suffit- il que 1' on se trouve en compagnie de gens « bien pensants » pour que 1' on se démette de sa propre faculté de juger en la calquant sur la leur ? • Citations • « J'avais dès longtemps remarqué que, pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables [ ...

] mais, parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indu­ bitable» (Descartes, Discours de la méthode, IV).

• «La réflexion naît des idées comparées, et c'est la pluralité des idées. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles