Kant : «Être bienfaisant envers d'autres hommes [...] est un devoir»
Publié le 02/10/2013
Extrait du document
«
Kant assure qu’«Être bienfaisant envers d’autres hommes […] est un devoir». Le devoir
dans la morale kantienne est une intention pure, dict
ée par la raison, il correspond à une loi que
l’on s’impose
à soim ême en toute libert é et qui doit pouvoir être appliqu ée universellement;
faire le bien,
être bienfaisant serait donc une obligation morale pour tout homme. Pour tout
homme certes, mais chacun
à son niveau: Kant ajoute en effet que cette bienfaisance doit être
accomplie « selon notre pouvoir », c'est
àdire selon nos capacit és. Nous ne pouvons pas tous
faire le bien dans la m
ême mesure, alors quelles sont les limites ? On peut ais ément imaginer
des limites mat
érielles, physiques, financi ères qui emp êcheraient une vaste pratique du bien.
Enfin, il reste à remarquer que cette bienfaisance est : «envers d’autres hommes», elle est dirig ée vers autrui, on ne s’int éressera donc pas ici à celle orient ée sur soi, bien que celleci puisse être per çue comme un pr éalable à la bienfaisance à l’ égard d’autrui. L’expression «envers d’autres hommes » laisse penser «envers tous les hommes» et en effet c’est ce qu’elle signifie, Kant le souligne un peu plus loin : « ce devoir ne perdrait rien de son importance quand bien m ême on devrait faire cette triste remarque que notre esp èce, lorsqu’on la conna ît de plus pr ès, h élas ! n’est gu ère propre à être trouv ée particuli èrement digne d’amour ». L’esp èce humaine s’illustre effectivement r éguli èrement par sa violence (dans les guerres), par sa fausset é, par son avarice ou encore par son orgueil, cette accumulation de tares ne la rend gu ère digne d’amour, on peut penser qu’elle ne m érite ni bienveillance, ni bienfaisance, elle n’est pas à leur hauteur. Kant estime pourtant que cet état de fait ne les entame en rien. Le devoir de faire le bien ne doit aucunement prendre en compte ces observations quant à la nature humaine. La volont é pure n’est pas conditionn ée par quoi que ce soit. Un autre exemple est donn é, Kant écrit qu’ « Etre bienfaisant envers d’autres hommes […] est un devoir, qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas », l à encore on retrouve l’id ée que les sentiments que l’on peut ressentir pour autrui ne doivent en rien constituer un frein au devoir de bienfaisance, ce n’est pas parce qu’on a en horreur quelqu’un qu’il faut ne pas lui vouloir de bien, voire lui vouloir du mal, cela serait en effet immoral ne seraitce que parce qu’appliqu é à l’ échelle de l’humanit é, cet acte provoquerait des massacres. Il est donc de notre devoir de vouloir et de faire le bien, pour tout homme. De la m ême fa çon, il faut adopter une attitude bienfaisante envers les misanthropes : « la bienveillance demeure toujours un devoir, m ême à l’ égard du misanthrope qu’on ne saurait certes aimer, mais auquel on peut toutefois faire quelque bien ». Le misanthrope d éteste l’humanit é, collectionne les vices tels que l’ingratitude, pour cela on ne peut l’aimer, cependant rien ne nous emp êche de lui vouloir du bien. On parle ici de « bienveillance » et non plus de « bienfaisance », la premi ère étant le principe de la seconde. Kant induit ici qu’il sera certainement plus difficile et d élicat de faire du bien à un misanthrope –qui se moque a priori des attentions des autres, il n’ évoque d’ailleurs que « quelque » bien, mais on peut toujours le vouloir avec la m ême ardeur, d’o ù le terme bienveillance. On a pu rendre compte ici du farouche attachement au devoir de Kant, ce devoir é tant un imp ératif cat égorique, il n’admet aucune condition. La bienfaisance étant command ée par la raison, les sentiments (l’affectivit é, le ressenti) en sont exclus. On s’aper çoit d’ailleurs que bien souvent, la raison se heurte aux sentiments, elle doit pr évaloir sur eux. On pourrait reprocher à Kant sa rigidit é, quel homme parvient à repousser enti èrement ses sentiments de ses. »
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