Kant et l'espace comme forme a priori

Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée

L’espace n’est pas un concept empirique qui ait été tiré d’expériences externes. En effet, pour que certaines sensations puissent être rapportées à quelque chose d’extérieur à moi (c’est-à-dire à quelque chose situé dans un autre lieu de l’espace que celui dans lequel je me trouve), et de même, pour que je puisse me représenter les choses comme en dehors et à côté les unes des autres — par conséquent comme n’étant pas seulement distinctes, mais placées en des lieux différents —, il faut que la représentation de l’espace soit posée déjà comme fondement. Par suite, la représentation de l’espace ne peut pas être tirée par l’expérience des rapports des phénomènes extérieurs, mais l’expérience extérieure n’est-elle possible avant tout qu’au moyen de cette représentation.

Kant

produit mes sensations, en tant qu’objet, occupe donc un lieu différent. Mais cet écart qui nous sépare, cette différence entre les lieux que nous occupons, ne peuvent dériver de mon expérience sensible : c’est au contraire le déroulement de cette expérience qui suppose la réalité antérieure d’un tel écart, parce que c’est cette réalité qui la rend possible.

De même, lorsque je perçois des objets séparés dans l’espace, ce qui les sépare, leur emplacement dans des lieux différents ne peuvent donner naissance à la représentation de l’espace dans lequel ils m’apparaissent. Je dois au contraire reconnaître que c’est parce que cette représentation de l’espace est antérieure à leur saisie qu’elle me les donne à percevoir comme précisément séparés ou espacés (qu’elle accueille leur espacement). Cette représentation a priori fonde la possibilité de leur repérage et de leur situation relative, tout comme elle fonde nécessairement celle des orientations dans l’espace : le fait qu’un objet m’apparaisse devant ou derrière un autre, au-dessus ou en-dessous, à sa droite ou à sa gauche, indépendamment des conventions de langage qui interviennent pour dire cette situation, suppose que l’idée de l’espace et de ses qualités principales est bien antérieure à la présence, en lui,