Kant et le droit de révolte
Publié le 09/08/2014
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée:
Toute opposition au pouvoir législatif suprême, toute révolte destinée à traduire en actes le mécontentement des sujets, tout soulèvement qui éclate en rébellion est, dans une république, le crime le plus grave et le plus condamnable, car il en ruine le fondement même. Et cette interdiction est inconditionnelle, au point que quand bien même ce pouvoir ou son agent, le chef de l'État, ont violé jusqu'au contrat originaire et se sont par là destitués, aux yeux du sujet, de leur droit à être législateurs, puisqu'ils ont donné licence au gouvernement de procéder de manière tout à fait violente (tyrannique), il n'en demeure pas moins qu'il n'est absolument pas permis au sujet de résister en opposant la violence à la violence. En voici la raison : c'est que dans une constitution civile déjà existante le peuple n'a plus le droit de continuer à statuer sur la façon dont cette constitution doit être gouvernée. Car, supposé qu'il en ait le droit, et justement le droit de s'opposer à la décision du chef réel de l'État, qui doit décider de quel côté est le droit? Ce ne peut être aucun des deux, car il serait juge dans sa propre cause. Il faudrait donc qu'il y eût un chef au-dessus du chef pour trancher entre ce dernier et le peuple, ce qui se contredit.
KANT
— Cette interdiction vaut même dans les cas où la rébellion pourrait en apparence se justifier par la trahison du pouvoir lui-même.
— Si le pouvoir ne remplit pas correctement sa fonction, et use de la violence en devenant tyrannique, les sujets eux-mêmes ne doivent pas recourir à la violence pour répondre.
— Cet usage de la violence par le peuple signifierait une régression au pré-politique ou à un « état de nature «. De plus la violence interrompt l'exercice même du droit (cf. n° 32).
«
II.
ON N'OPPOSE PAS LA VIOLENCE À LA VIOLENCE
-Cette interdiction vaut même dans les cas où la rébellion pourrait en apparence
se justifier par la trahison du pouvoir lui-même.
- Si le pouvoir ne remplit pas correctement sa fonction, et use de la violence en
devenant tyrannique,
les sujets eux-mêmes ne doivent pas recourir à la violence
pour répondre.
- Cet usage de la violence
par le peuple signifierait une régression au pré
politique ou à
un« état de nature».
De plus la violence interrompt l'exercice même
du droit (cf.
n° 32).
III.
ON JUGE TOUJOURS D'APRÈS LE DROIT
- Le peuple ayant décidé de la constitution civile, cette constitution n'a plus à
être discutée.
Or le recours à la violence signifierait cette discussion.
- Et surtout,
si le peuple s'oppose par la violence au chef de l'État qui détient
le pouvoir, il faut imaginer un juge donnant raison à tel ou tel parti (faute de quoi
celui qui a raison serait seulement
le plus fort -parodie du droit et régression
vers la loi du plus fort).
- La lutte entre chef et peuple
se déroulant dans un cadre déjà régi par le droit,
il faut qu'elle soit appréciée dans ce même cadre.
Mais ni le chef ni le peuple ne
peut remplir cette fonction juridique:
il serait à la fois juge et partie.
-
II faudrait donc qu'intervienne un juge -capable d'imposer et de faire
respecter sa décision, c'est-à-dire un chef -extérieur au peuple et au chef lui
même, c'est-à-dire un
«chef au-dessus du chef».
Ce qui rejoint le schéma de
l'argument du troisième homme puisque, si l'on imagine une contestation du jugement de ce super-chef, il faudra l'intervention d'un chef de troisième degré
pour imposer sa décision, etc.
CONCLUSION
S'il y a impossibilité de se révolter pour des raisons juridiques, cela signifie que le mécontentement devra s'exprimer par des voies légales: discours et votes.
Façon
d'évacuer encore plus
les conflits ouverts, violents, du corps politique.
108.
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