KANT: Comment définir le bonheur ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
sensible et le plan de l'intelligible.
la thèse selon laquelle le désir du bonheur serait le mobile des maximes de la vertuest absolument fausse.
Mais la thèse qui voit dans la maxime de la vertu la cause efficiente du bonheur n'est fausseque conditionnellement.
Dire que la vertu engendre le bonheur n'est faux que si nous considérons l'existence dans lemonde sensible comme la seule possible.
Si au contraire nous nous référons à l'existence nouménale : « il n'est pas impossible que la moralité de l'intention ait une connexion nécessaire, sinon immédiate, du moins médiate (parl'intermédiaire d'un auteur intelligible de la nature) comme cause, avec le bonheur comme effet dans le mondesensible .
»
Ce n'est pas la vertu en tant qu'elle est prise dans le monde des phénomènes qui engendre le bonheur, mais unecause nouménale en rapport avec la vertu.
En d'autres termes, c'est Dieu qui « proportionne le bonheur à la vertu.
« La morale n'est donc pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendreheureux, mais comment nous devons nous rendre digne du bonheur. »
Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la raison pratique » (1788).
On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous ne pouvons que nous livrer à des spéculationsmétaphysiques qui dépassent les limites de l'expérience effective possible.
Un savoir métaphysique transcendant,portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est impossible.
Voilà ce que révèle la démarche critique, quis'interroge sur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.
Une fois ce travail accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité del'action morale.
C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».
Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur desprincipes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteintela totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.
»
« Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT . On sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.
Mais notre monde humain n'est pas seulementcelui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.
Les hommes ne sont pas des choses, mais desêtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selonleur volonté.
Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.
Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à deslois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et quisont conformes à la raison.
Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.
Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.
Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.
A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.
Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.
Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.
Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans lesystème de KANT .
Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant à une fin réelle).
En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, […] un but qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se leproposent effectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.
L'impératif hypothétique quireprésente la nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE. »
L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, mais.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- explication de texte Kant sur le bonheur comme idéal
- analyse de texte le bonheur Kant
- Comment définir le bonheur ?
- Expliquer le texte suivant : Kant - Devoir morale et Bonheur
- Texte de Kant. Bonheur : plaisirs et moralité