KANT: Bonheur, penchant et dignité
Publié le 02/05/2005
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parlait à la raison de l'autre).
Et si jamais l'élève ne sait pas répondre immédiatement à la question, le maître ne faitque suggérer la réponse, en guidant, non pas la réponse, mais en guidant, pas à pas, la raison.Sur le modèle même de la raison (caractérisée par l'autonomie et la plénitude), le comportement pratique de l'hommepeut se référer, en tant qu'être raisonnable, à l'intériorité même de l'homme, cad à la raison elle-même.
D'où lerefus, exprimé par Kant, de toute règle qui viendrait du dehors, que ce soit de l'expérience, ou de l'enseignement «des autres ».
C'est ce recours à l'intériorité de la raison que protège l'élève des aléas de l'expérience, toujoursvariable, qui dit tantôt ceci ou cela, mais qui ne peut jamais répondre à la question, qui l'excède toujours, dupourquoi ceci ou cela.
C'est, de la part de Kant, une fois de plus, le rejet de l'empirisme , et la valorisation de laraison, à la fois une et universelle.Le juge que nous portons en nous –et qui dans ses jugements exprime le point de vue de la raison- à la fois instruit(il « enseigne ») et commande (il « ordonne »).
C'est dire que l'autonomie de la raison assure en même tempsl'autonomie du sujet qui reconnaît sa loi.
Ce n'est pas quelque chose d'extérieur mais « la propre raison » de l'élèvequi enseigne.
Ce n'est pas une contrainte extérieure qui commande, mais une fois encore la raison.
Autrement dit,c'est l'élève lui-même qui enseigne et s'ordonne , à la seule condition qu'il se rapporte aux lumières de la raison, qu'ilporte en lui.
3) En même temps, Kant souligne la simplicité d'une telle méthode.
En l'illustrant avec la question du mensonge.
Laquestion du maître à l'élève préfigure la question que l'élève se pose à lui-même (à sa raison) lorsqu'un cas pratiqueà élucider se pose.
De même, lorsque l'élève répond au maître, c'est une simple mise en scène formelle ; en réalitéc'est l'élève qui se répond à lui-même.
A vrai dire, le maître et l'élève ne sont que des figures différentes d'un mêmesujet qui s'assume dans la plénitude, et la justesse, de la raison.
L'élève, comme le ferait de la même façon le maître, rend bien compte du caractère contradictoire de la situation dumensonge.
Dans tout mensonge, il y a une utilité (« l'avantage ») qui pousse l'homme à agir selon son penchant.Mais le penchant naturel, auquel on se laisse aller totalement, le penchant dans son excès même, pour satisfaire sapente égoïste, mène l'homme hors de l'homme, en lui faisant perdre sa noblesse (« mentir est avilissant »).
Il estdonc souhaitable de limiter et de dominer ce penchant, condition non pas du bonheur, mais du respect que l'hommese doit à lui-même en tant qu'être humain (cad raisonnable).
KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).
Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.
En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.
En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.
Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.
La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.
Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.
A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.
Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.
— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.
Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.
La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.
Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.
Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.
» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.
Le monde intelligible est une« illusion théorique».
Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.
La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.
— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.
L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.
— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.
— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.
L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.
C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.
Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.
Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.
Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.
La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).
Quantité : unité,totalité, pluralité.
Qualité : réalité, négation, limitation.
Relation : substance, causalité, réciprocité.
Modalité :.
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