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Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, I, 1.

Publié le 14/01/2011

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"Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, ie, un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise; et ceci, même lorsqu'il ne peut pas dire Je, car il l' a dans sa pensée; ainsi toutes les langues, lorsqu'elles parlent à la première personne, doivent penser ce Je, même si elles ne l'expriment pas en un mot particulier. Car cette faculté (de penser) est l'entendement. Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement ne commence qu'assez tard (peut-être un an après) à dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.); et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler. Auparavant, il ne faisait que se sentir; maintenant, il se pense."

Introduction du texte    Texte dans lequel la conscience de soi est pensée en termes de "pouvoir", et définie comme la condition de possibilité de toute représentation.    Thèse : la conscience de soi donne à l'homme sa dignité.    Trois arguments établissent cette thèse :    ce pouvoir de la conscience de soi est le privilège de l'homme, et fonde sa supériorité sur les autres vivants  conséquence : il est une personne d'un rang et d'une dignité incomparables aux objets, en raison de sa capacité de penser  le passage chez l'enfant au stade de la pensée (contemporain de l'usage linguistique de la première personne du singulier) introduit un changement décisif dans son développement. Ce qui est premier selon l'ordre des valeurs, est second selon l'ordre chronologique.  A) La possession du Je est un privilège humain.

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« -Conséquence de ce pouvoir : l'homme est une personne.

( "par là, il est une personne"). L'argument se dédouble : a) le Je, sujet logique : L'homme est une conscience de soi qui subsiste par-delà le divers des représentations, qui en assure l'unité par-delàla pluralité des expériences et l'identité en dépit des changements qui lui arrivent. b) Le Je, sujet moral : C'est dans la mesure où il est conscience de soi et ce faisant, sujet logique, que l'homme est aussi sujet moral.

Eneffet, afin d'être un sujet moral, il faut qu'on puisse être responsable de nos actes : la condition pour cela, c'estbien de pouvoir se représenter soi-même comme un sujet unique et permanent. c) Eminence de la conscience : En tant qu'il est sujet à la fois logique et moral, l'homme occupe dans l'univers le premier rang.

La conscience de soiest donc ce qui élève l'homme au-dessus des lois de la nature, l'en émancipe.

D'abord, comme sujet logique : il estbien hors rang puisqu'aucune des représentations ne peut être ramenée à ce qui en est la condition.

Ensuite etsurtout comme sujet moral : il ne peut être, contrairement aux choses, quelque chose dont on peut user à sa guise. Cette émancipation est donc ce qui fait la dignité de la personne.

En effet, la personne s'oppose ici aux êtresvivants dépourvus de raison (les animaux) mais surtout, aux choses; être une personne, pour Kant, c'est ne pasêtre une chose ; or, les choses sont relatives, et ne peuvent avoir une dignité; Kant dit qu'elles ont un prix : onpeut les échanger les unes contre les autres, en donner un équivalent (les acheter, etc.) (on peut toujoursremplacer une chose par une autre). Par contre, si les choses de la nature sont seulement des moyens, si je peux m'en servir à ma guise, en faire ce queje veux, les personnes ne peuvent subir ce même traitement.

Elles ont, non un prix, mais une dignité, un valeur ensoi.

Ie : la personne est en elle-même une fin, et ne peut jamais être utilisée (seulement) comme un moyen. Pourquoi? Tout simplement parce que pour Kant, la personne, en tant qu'être humain conscient de ses actes, estcapable d'en répondre, et fait que l'homme devient un sujet responsable : et par là, il est capable de mesurer cesactes à des droits et des devoirs (ie : la personne est un sujet porteur de droits et de devoirs); par là, elle porte enelle quelque chose qui limite la faculté d'agir comme bon nous semble à son égard : la raison (l'humanité, ce qui estcommun à tout homme) ou encore, pour Kant, la moralité.

Si raison et moralité vont de pair et font la dignité de lapersonne, c'est parce que par la raison, l'homme est capable de s'abstraire de ses intérêts personnels, de sespenchants immédiats, afin de prendre sur ses actions un point de vue universel (qui vaut non seulement pour moi,mais pour tout homme en tant qu'homme ou en tant que doué de raison).

C'est donc la moralité qui fait qu'un êtreraisonnable est une fin en soi, car ce n'est que par elle qu'il est possible de participer à l'établissement de loisuniverselles (qui, si elles formaient un autre règne que celui de la nature, serait le "règne des fins").

Le fait que lapersonne, ou l'humanité, soit toujours pour Kant une fin en soi, met donc en relief l'obligation de ne jamais violer,sous aucun prétexte, le respect dû à la personne humaine Bref : ce qui a de la dignité, c'est l'humanité, en tantqu'elle est capable de moralité Contrairement, nous dit Kant, aux animaux (en cela, il s'oppose à Hume, pour qui, au contraire, le problème del'identité personnelle renvoyait au même traitement que celui qui s'appliquait aux plantes ou aux animaux-mais,justement, chez Hume, pas de personne).

Ici, problème : peut-on vraiment en disposer "à sa guise"? En fait, ailleurs,Kant est plus mesuré.

Il ne croit pas vraiment que les animaux sont des choses comme les autres.

Contrairement àDescartes, il croit plutôt à une spécificité de certains organismes, les êtres vivants, qui ne sont pas de vulgairesmachines (CFJ).

Cf.

fait que Kant définit la vie comme "faculté d'agir d'après la représentation d'une fin", ce qui estl'analogon de la liberté.

Pour Descartes, on peut réellement faire ce qu'on veut des animaux, puisqu'ils ne souffrentpas : ainsi, pas de différence entre l'animal qui crie sous les coups de scalpel, et entre le son que font les aiguillesd'une montre quand elles sonnent l'heure.

Mais, quand on reconnaît au moins que les animaux, qui, s'ils sont desêtres naturels, et non des "personnes", ne sont pas des choses inertes comme les pierres, on ne peut pas faire cequ'on veut des bêtes.

La réalité de leur capacité à souffrir, si elle ne fait pas d'eux des êtres de droit, créé au moinsdes devoirs pour l'homme.

Nous avons, dit Kant, certains devoirs (même s'ils sont indirects, en tant qu'ils ont unesignification pour ou à propos de notre humanité à nous) envers elles : "parce que les animaux sont un analogon de l'humanité, nous observons des devoirs envers l'humanité quand nousles regardons comme analogues de cette dernière et par là, nous satisfaisons à nos devoirs envers l'humanité" Parce que le vivant entretient un rapport d'analogie avec ce qui nous constitue comme êtres humains, il fait oumême doit faire l'objet d'un certain respect, celui qu'à travers tous les animaux nous nous témoignons à nous-mêmes.

Bref : si les hommes sont des êtres "hors nature", par le fait qu'ils sont seuls des personnes, alors, certes,ils peuvent disposer à leur guse des plantes et des animaux, mais, "dans une certaine mesure", ie, pas à volonté. »

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