KANT: «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.»
Publié le 13/01/2004
Extrait du document
«
inconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement ditl'intention morale.
Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bienqu'un enfant achète chez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.
Ces deux commerçants agissentidentiquement.
La matière de leur acte est la même.
Mais la forme de l'acte peut différer.
L'un d'eux parexemple n'agit conformément au devoir que par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.
L'autre nese contente pas d'agir conformément au devoir, il agit par pur respect pour la loi morale.
C'est ce dernierseul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonne intention.
Pour Kant le contenu matériel de l'acten'est pas ce qui détermine le jugement moral.
Ainsi «ce qui fait que la bonne volonté est telle ce ne sont passes oeuvres ou ses succès».
Il n'y a que l'intention qui compte, et alors même que la bonne intention «dansson plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi qu'un joyau, de son éclat à ellecomme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière».
2° LE RIGORISME DE L'IMPÉRATIF CATÉGORIQUE
A partir de là nous comprenons qu'un impératif hypothétique (celui qui est soumis à une condition) n'est pasun impératif moral (par exemple : ne vole pas si tu ne veux pas aller en prison).
L'impératif moral est toujourscatégorique, c'est-à-dire sans condition (ne mens pas, aime ton prochain comme toi-même !) Par làl'impératif catégorique est universel et ne saurait changer avec les circonstances.
Il reste à se demander comment il se fait que la conscience morale qui se confond avec notre raisons'exprime sous la forme d'un impératif, d'un ordre brutal.
C'est que l'homme n'est pas seulement un êtreraisonnable.
II est un être de chair.
Il a une sensibilité, des tendances, des passions ; sa nature sensiblen'est pas toujours disposée à suivre les indications de la raison.
Si la raison parle sous la forme sévère dudevoir, c'est parce qu'il faut imposer silence à notre nature charnelle, parce qu'il faut au prix d'un effort plierl'humaine volonté à la loi du devoir.
Ainsi l'obligation, tout en prenant sa source à l'intérieur de notreconscience, n'en est pas moins transcendante à l'égard de notre nature.
Le domaine de la morale n'est doncplus celui de la nature (soumission animale aux instincts) mais n'est pas encore celui de la sainteté (où lanature transfigurée par la grâce éprouverait un attrait instinctif et irrésistible pour les valeurs morales).
Lemérite moral se mesure précisément à l'effort que nous faisons pour soumettre notre nature aux exigencesdu devoir.
Il faut bien comprendre la signification philosophique de ce rigorisme.
Kant ne nous dit pas que l'honnêtehomme est exclusivement celui qui fait son devoir douloureusement, péniblement et par contrainte.
Il plaintmême celui qui fait son devoir sans joie et seulement comme une corvée.
Il admet, au point de vuepédagogique, que pour conduire un esprit corrompu dans la voie du bien moral on puisse avoir besoin de luireprésenter son avantage personnel, de l'effrayer par la crainte d'un dommage ou d'éveiller en lui dessentiments généreux.
Mais au point de vue philosophique il maintient que c'est la pure maxime de la raisonqui est le fondement de la morale.
Tant mieux, après tout, si l'honnête homme fait son devoir avec plaisir, mais il importe de souligner que cen'est pas la recherche de ce plaisir qui qualifie son acte comme comportement moral.
Ce n'est pas le plaisirpris comme but qui fonde l'action morale de l'honnête homme.
3° LE LOGICISME DE KANT
L'action morale est pour Kant celle qui n'a d'autre souci que de respecter la forme même de la raison.
Et nosdevoirs peuvent se déduire a priori de la structure formelle de la raison.
Ainsi la morale apparaîtrigoureusement comme une logique de l'action.
a) Le premier principe de la raison est d'éviter la contradiction.
D'où la première maxime de l'impératifcatégorique : «Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règleuniverselle».
Avant d'agir nous sommes tenus de nous demander : «Et si tout le monde en faisait autant?»afin d'examiner si la maxime de notre action ne se détruit pas elle-même du fait d'une contradiction interne.Ainsi je ne puis me proposer pour maxime de ne pas restituer le dépôt qu'on m'a confié, ou de voler, ou dementir.
Car de tels préceptes ne sauraient être universalisés sans contradiction.
b) Le respect dû à la raison s'étend évidemment au sujet raisonnable, c'est-à-dire à la personne humaine.
IIfaut faire à Kant une place d'honneur à l'origine du courant personnaliste, d'abord parce qu'il insiste surl'autonomie de la personne humaine qui ne relève que d'elle-même, ensuite parce qu'il exige le respect de lapersonne humaine.
La personne raisonnable n'est pas seulement la source des valeurs, elle est aussi lavaleur par excellence.
D'où la seconde maxime : «Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité en toiet chez les autres comme une fin et jamais comme un moyen» (à partir de cette maxime on condamneraaisément l'esclavage et plus généralement toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme).
c) La troisième maxime souligne l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis à une loi dont je suis moi-même le législateur et tous les hommes, sujets raisonnables, se trouvent soumis à la même loi.
«Agis.
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