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Justice: vertu et institution ?

Publié le 13/01/2004

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justice
Puisque, disions-nous, celui qui viole la loi est un homme injuste, et celui qui l'observe un homme juste, il est évident que toutes les actions prescrites par la loi sont, en un sens, justes : en effet, les actions définies par la loi positive sont légales, et chacune d'elles est juste, disons-nous. Or les lois prononcent sur toutes sortes de choses, et elles ont en vue l'utilité commune (...). Mais la loi nous commande aussi d'accomplir les actes de l'homme courageux (par exemple, ne pas abandonner son poste, ne pas prendre la fuite, ne pas jeter ses armes), ceux de l'homme tempérant (par exemple, ne pas commettre d'adultère, ne pas être insolent), et ceux de l'homme de caractère agréable (comme de ne pas porter des coups et de ne pas médire des autres), et ainsi de suite pour les autres formes de vertus ou de vices, prescrivant les unes et interdisant les autres, tout cela correctement si la loi a été elle-même correctement établie, ou d'une façon critiquable, si elle a été faite à la hâte. Cette forme de justice, alors, est une vertu complète, non pas cependant au sens absolu, mais dans nos rapports avec autrui. Et c'est pourquoi souvent on considère la justice comme la plus parfaite des vertus, et ni l'étoile du soir, ni l'étoile du matin ne sont ainsi admirables. »   Si on comprend bien ce texte, on comprend qu'est juste celui qui agit conformément à la loi. Mais ce qu'il est décisif de comprendre, c'est qu'il y a une condition qui rend « justes » les actions conformes à la loi : il faut que la loi elle-même soit juste. Si les lois nous poussent à agir vertueusement (nous engageant par exemple à des actions courageuses), alors agir conformément à la loi c'est agir vertueusement. Toutefois, peut-on valider l'idée selon laquelle les lois sont intrinsèquement nécessairement juste ?
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« Justice et réalisme politique Il faut mettre en place des textes, rendre la justice, garantir le respect de la légalité et de l'égalité, hic et nunc.

Et comme il n'y a dejustice que dans le respect de la légalité, il est nécessaire que les citoyens soient égaux dans et devant la loi : dans son contenu etface au juge qui a la charge de l'appliquer.L'égalité est de deux types et renvoie à deux formes de justice.

La justice commutative, entre personnes privées, dans les contrats parexemple.

L'égalité y est arithmétique, stricte, quelles que soient les personnes.

Par ailleurs, la justice est distributive, entre l'État et lescitoyens, dans la répartition par l'État, des fonctions, des honneurs, etc.

Ici, l'égalité est proportionnelle aux différences entre lesindividus.

Par exemple, si l'on donne la même ration alimentaire à un nourrisson et à un travailleur de force, on crée une injustice.

Lesrations doivent donc être inégales mais proportionnées aux besoins de chacun.

Il faut donc traiter inégalement les inégaux.

Les critèresvarient selon les situations, mais aussi selon les contextes politiques : besoin, mérite, savoir, honneurs, avoir, etc.Dès lors, la justice apparaît liée au respect de conventions passées entre les hommes, et, donc, aux moyens assurant ce respect.

Lajustice ne peut être pensée sans le pouvoir civil qui garantit l'obéissance aux lois.

Cependant leur application tient à ceux chargés de «rendre la justice » et de « dire le droit ». Justice et équité L'application de la loi nous fait retrouver la vertu de justice.

En particulier, l'équité d'un juge montre sa capacité à corriger lesinsuffisances de la loi dans certains cas (jurisprudence).Mais, outre le judiciaire, l'exercice des deux autres pouvoirs, législatif et exécutif, exige, de ceux qui en ont la responsabilité, justice etéquité.

Ainsi, s'interroger sur la justice conduit nécessairement à réfléchir sur la capacité de tout individu à agir selon une règle juste,et sur la Cité où la justice répond à une exigence de paix toujours menacée par le désordre ou la violence. SUPPLEMENT: LA VERTU DE JUSTICE - Outre sa dimension juridique, politique, sociale et économique, la justice désigne également une vertu, si l'on entend par vertu ladispositionhabituelle à accomplir le bien, à réaliser un acte moral.

Elle est même considérée, dans la philosophie grecque, comme unevertu cardinale avec le courage, la tempérance et la prudence.

La justice comme vertu serait cette capacité à faire rayonner en soi ethors de soi l'égalité et l'équité. - L'esprit de justice se caractérise d'abord par la conscience du fait qu'il y a des choses à faire et des choses à ne pas faire dans la relation avec les autres : des obligations et des interdictions.

Etre juste, c'est faire ce qu'on doit.

A mes devoirs, correspondent lesdroits des autres.

Etre juste, c'est aussi donner à chacun ce à quoi il a droit, ce qui lui revient. - Ainsi , être juste, au sens moral du terme, c'est refuser de se mettre au-dessus des lois (la justice, même comme vertu, reste liée à la légalité) et des autres (par quoi elle reste liée à l'égalité).

La justice repose sur le principe de l'égalité (« la loi doit être la même pour tous”) et celui de l'équité (“on doit offrir à chacun ce qui lui dû”). - Définition d'André Comte-Sponville ( Petit traité des grandes vertus) : « Qu'est-ce qu'un juste? C'est quelqu'un qui met sa force au service du droit, et des droits, et qui, décrétant en lui l'égalité de tout homme avec tout autre, malgré les inégalités de fait ou detalents, qui sont innombrables, instaure un ordre qui n'existe pas mais sans lequel aucun ordre jamais ne saurait nous satisfaire ». - Selon Platon, la justice est l'une des quatre vertus principales avec la tempérance, la prudence et le courage.

La vertu est l'effortpour se bien conduire, l'habitude acquise de bien agir.

Selon Aristote, l'homme juste est celui qui fait sans effort des actions justes , voire prend plaisir à pratiquer la justice, laquelle est pour lui comme une seconde nature.

Pour étudier la justice, dit Aristote, il faut observer les actions des hommes justes : ce n'est pas la justice qui fait les justes, ce sont les justes qui font la justice . - La justice n'est pourtant pas une vertu comme une autre : elle est l'horizon de toutes , toute valeur la suppose et toute humanité la requiert; elle est ce sans quoi les valeurs cesseraient d'en être (ce ne seraient plus qu'intérêts ou mobiles), ou nevaudraient rien.

« Si la justice disparaît, écrit Kant, c'est chose sans valeur que le fait que des hommes vivent sur la terre » ( Doctrine du droit , II, 1) : s'il fallait, pour sauver l'humanité, condamner un innocent, torturer un enfant, l'humanité ne vaudrait pas la peine de vivre.

La justice vaut plus et mieux que le bien-être ou l'efficacité; même l'humanité, même le bonheur, même l'amour, ne sauraient,sans la justice, valoir absolument : être injuste par amour, c'est faire de l'amour favoritisme ou partialité; être injuste pour son proprebonheur ou pour celui de l'humanité, c'est faire du bonheur égoïsme ou confort.

Sans justice, en somme, il n'y aurait ni légitimité ni illégitimité . - La justice est cette vertu par laquelle chacun tend à surmonter la tentation égoïste de se mettre plus haut que tout et à tout sacrifier àses désirs et à ses intérêts.

La justice est le contraire de l'égoïsme et de l'égocentrisme .

En ce sens , elle est proche de l'altruisme et de l'amour.

Si, comme nous l'avons aperçu, la justice est l'équité qui suppose l'intelligence, la prudence, le courage, la fidélité, la générosité, la tolérance, elle suppose aussi la miséricorde (« l'équité, c'est de pardonner au genre humain », Aristote)puisqu'il faut, pour que le jugement soit équitable, avoir surmonté la haine et la colère (d'où la distinction entre la sanction pénale,fondée sur la raison, et la vengeance dont le ressort est passionnel). - Mais les hommes ne paraissent pas très capables d'agir spontanément de façon juste, de sorte qu'il a paru indispensable de régler lescomportements par des règles de droit, ou lois.

Les faire respecter est l'affaire de la justice, dans le sens cette fois d'institution judiciaire (les tribunaux), fût-ce par l'utilisation de la contrainte, de la force.. »

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