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Justice morale et justice légale

Publié le 19/03/2020

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justice

C'est ainsi que les règles générales de la morale sont formées. Elles sont ultimement fondées sur l'expérience de ce que nos facultés morales, notre sens naturel du mérite et de la convenance, approuvent ou désapprouvent dans des cas particuliers. [...] La règle générale [...] est formée à partir de l'expérience en constatant que toutes les actions d'un certain genre ou déterminées par telle ou telle circonstance, sont approuvées ou désapprouvées.

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Si l'on suppose qu'un fondement principal de l'éloge moral se trouve dans l'utilité d'une qualité ou d'une action, alors il est évident que la raison doit entrer pour une part considérable dans toutes les décisions de ce genre, puisque rien d'autre que cette faculté ne peut nous instruire de ce vers quoi tendent ces qualités et ces actions, ni mettre en évidence leurs conséquences bénéfiques pour la société et pour leur possesseur1.

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« D'un point de vue générai, on peut affirmer qu'il n'y a pas dans l'esprit de l'homme une passion telle que l'amour de l'humanité, uniquement comme telle, sans rapport avec certaines qualités personnelles, avec les services qu'on nous a rendus ou avec une relation à nous-mêmes1 ». « Or il apparaît que, dans la structure originelle de notre esprit, notre attention la plus forte est réservée à notre personne, celle qui suit est étendue à notre famille et à nos relations et ce n'est que le plus faible qui se porte jusqu'aux personnes qui nous sont étrangères et indifférentes2. »

Quand les passions originelles de la personne principalement concernée [c'est-à-dire celle qui agit ou réagit dans une certaine situation] sont en parfait accord avec les émotions sympathiques du spectateur [celui qui éprouve des sentiments moraux], elles apparaissent nécessairement à ce dernier justes, convenables, et adéquates à leurs objets. De la même manière, nous approuvons ou désapprouvons notre propre conduite suivant ce que nous sentons quand, nous plaçant dans la situation d'un autre homme, et la considérant pour ainsi dire avec ses yeux et de sa position, nous pouvons ou non complètement sympathiser et entrer dans les sentiments et les motifs qui l'influencent1.

L'utilité est agréable, et engage notre approbation. Ceci est un fait, confirmé par l'observation quotidienne. Mais, utile ? A quoi ? A l'intérêt de quelqu'un, sans doute. L'intérêt de qui, alors ? Pas seulement le nôtre, car notre approbation souvent le dépasse. Cela doit être, par conséquent, l'intérêt de ceux qui sont servis par le caractère de l'action approuvée [,..]2.

justice

« ~------- 24 La justice tous les hommes, s'ils veulent bien la consulter, qu'étant tous égaux et indépendants, nul ne doit nuire à un autre [ ...

] 1 • L'idée d'un fondement rationnel de la moralité est critiquée par Hume dans le prémier appendice à !'Enquête sur les principes de la morale, et déjà dans le Traité de la nature humaine, III, 1re partie,car l'approbation, l'établissement des fins, la motivation requièrent selon lui une source affective.

Quant à la raison, dont le domaine de compétence se réduit à la différenciation du vrai et du faux, elle ne saurait avoir une efficacité suffisante pour donner naissance à l'action.

Le second problème est celui des rapports entre l'égoïsme, dont l'existence ou la puissance sont incontestables, et les sentiments moraux.

Shaftesbury et Hutcheson considèrent qu'il existe chez l'homme une bien­ veillance fondamentale, irréductible à l'égoïsme, Hume souligne l'impor­ tance de la sympathie, faculté de prendre part au malheur et au bonheur des autres.

Le schéma proposé par Hobbes dans le Léviathan est tout différent : naturellement occupés à s'entre-déchirer, les hommes ne consentent à voir limiter leur droit naturel d'en user à leur guise avec les intérêts des autres, que par intérêt bien compris, et afin d'obtenir en réciprocité la sécurité nécessaire à la conduite de leurs affaires.

Pas plus qu'après lui un Bernard de Mandeville, auteur de la Fable des abeilles, Hobbes ne fait à quelque moment intervenir une forme ou une autre d'altruisme.

Il faut reconnaître cependant que quelle que soit la force de l'égoïsme, il existe en nous une véritable capacité à nous préoccuper du sort des autres.

Un autre problème enfin est celui des rapports entre le sens et les sentiments qui nous font approuver des conduites comme louables ou les désapprouver comme blâmables, et les obligations morales elles-mêmes.

On serait tenté de considérer qu'existent des obligations, et que le sens moral n'intervient que pour en délivrer la connaissance, les sentiments moraux surgissant au spectacle de telle ou telle action conforme ou non aux dites obligations.

Certains philosophes ont toutefois plutôt tendance à dériver des sentiments moraux eux-mêmes obligations et interdictions.

Une telle perspective est présente chez Adam Smith pour qui, la «sympathie» étant « notre affinité avec toute passion quelle qu'elle soit » : Quand les passions originelles de la personne principalement concernée [c'est-à-dire celle qui agit ou réagit dans une certaine situation] sont en parfait accord avec les émotions sympathiques du spectateur [celui qui éprouve des 1.

Traité du gouvernement civil, Ir.

D.

Mazel, GF, 1984, chap.

2, p.

175.. »

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